mercredi 13 octobre 2010

Super-Papa sort son Super-Ch'val

04 octobre 2010

Depuis le début de l'année, nous avons toujours eu le bonheur d'échapper à la pluie. Ce soir-ci ne fait pas exception, nous arrivons avec une certaine maestria à passer entre les gouttes pourtant fort abondantes dans la région en ce début d'automne. Les reprises précédentes ont la délicatesse d'absorber les crachins et les averses avant notre entrée en piste, qu'ils en soient remerciés

Ce soir, j'ai la surprise de me voir attribuer Gulliver. Je vais vous en toucher un petit mot...
Esthétiquement d'abord, c'est un peu le summum du cheval de légende. Une silhouette irréprochable avec une robe intégralement noire ou presque, qui évoque tout de suite les plus célèbres montures qui ont bercé notre enfance. De Tornado à Blacky en passant par l'Etalon Noir, Gulliver suscite l'admiration de tous à son passage. "Okilébo" ose un élève en basket que je croise pour la première fois ce soir. S'en suit avec la monitrice une petite discussion enflammée sur les chevaux noirs qui-sont-les-plus-beaux, et qui comptent deux autres exemplaires au club avec Quartz, nanti toutefois d'une pelote et d'un joli nez busqué, et Sagamix et sa discrète étoile. Cette dernière ayant les faveurs de la mono, je ne saurais trop lui conseiller, à l'élève en basket qui fera toute la reprise sans étriers, d'en dire le plus grand bien en sa présence.
"Et toi aussi, peut-être, tu auras le droit de monter le plus beau cheval du club".

D'ailleurs, le charme semble faire rapidement son effet, puisqu'une élève, qui participe elle aussi son premier cours ce soir, me demande, à moi plutôt qu'à la monitrice (!), si la longueur de ses étriers est correcte ! Évidemment, ma position statique attire immédiatement les foudres la mono :
- Hé, ho, on avance là-bas ! On n'est pas là pour draguer !
- Ah non, pas ce soir, je ne suis pas rasé...
- Peut-être aussi que ça te rend plus attirant...
Huhu...
Oserais-je rapporter cet épisode à Madame en rentrant le soir ?

Je fais tranquillement, mais alors TRÈS tranquillement, repartir Gulli au pas. Je précise qu'il possède une caractéristique assez rare qui m'a été rapportée par Jéjé, camarade de reprise avec lequel je m'entends plutôt bien, et qui en a une certaine expérience. Gulliver est probablement le seul cheval au monde qui soit capable de s'endormir en marchant...

Les premiers pas lors de la détente ne le font pas mentir : si on laisse faire la bête, elle va ralentir petit à petit jusqu'à ce qu'on puisse quasiment l'entendre ronfler... En tout cas, ça berce. Je me laisse aller, parfois en fermant les yeux, en me concentrant à bien sentir avec le bassin le mouvement afin de l'accompagner au mieux. Dans le but évidemment de la séance future de galop, qui me tracasse depuis quelques temps.

Mais il faudra d'abord passer par une éprouvante épreuve de trot.
Et le trot, je ne vous raconte pas - mais si, racooooonte - c'est le service minimum : à l'instar d'Itis, les coups de talons, aussi amples soient-ils, sont d'une inefficacité absolue; autant attirer un chat avec une carotte râpée. Gulliver ne semble être sensible qu'à la douce caresse du flot des rênes sur son épaule afin que je puisse enfin savourer le bonheur de quelques foulées de trot. Oui, je précise bien "quelques foulées", puisqu'au bout de trois ou quatre, Môssieur le Cheval Star estime qu'il en a fait assez et repasse derechef au pas, bien entendu en ralentissant l'allure autant que faire se peut.
Il me fait un peu penser au légionnaire Joligibus, que l'on peut admirer dans l'album d'Astérix Le bouclier arverne. Joligibus est un soldat fainéant, légèrement aviné et principalement chargé des tâches glorieuses de balayage depuis quinze ans de service. Je cite :
- Ben, j’ai fini la première moitié de la première dalle. Je souffle un peu, je finis la deuxième moitié de la première dalle, je fais une pause...

Les stars sont décidément imbuvables. Bon, nous dirons que ça me fait les pieds. Chaque cheval réagit différemment, ça fait aussi partie de l'éducation du cavalier !
Feignasse quand même. :/

Du coup, le galop, je le sens moyen... La monitrice me rassure en m'expliquant qu'il est très confortable, un vrai Pullmann. Je fais abstraction de l'épreuve précédente de trot intermittent et me prépare au galop en me rappelant les bons conseils glanés ici et là. Rester coller à la selle, se décontracter, les épaules en arrière, bien suivre le mouvement avec le bassin, etc.
Et là, c'est la lumière de la soirée. Non seulement Gulliver se laisse gentiment partir au galop, mais surtout il semblerait que mes simulations en chaise à roulettes portent leurs fruits ! Ce galop est un pur régal, je reste bien en place, à peu près sur la piste, dans des foulées qui me semblent légères et aériennes et une énorme banane s'imprime durablement sur mon visage. Au passage, le soleil, couché depuis une bonne heure s'est relevé, les fleurs ont éclos sur les arbres, la piste a séché et je fais l'admiration de tous. :) "Okilébo" le cavalier !
Mais Gulliver est un peu moins d'accord... Les flaques de boues, il les voie toujours, et il n'aime pas ça. A son abord, il effectue un violent écart et je suis tout surpris de me réveiller avec ma joue contre la sienne, accroché comme un mort-de-faim à son encolure à éviter la chute qui me fera passer en moins d'une seconde de superstar interstellaire à has-been indécrottable. La gloire peut-être éphémère parfois...
J'arrive tant bien que mal à me remettre en place, et repart au galop dans l'autre main toujours avec autant de bonheur.
Gulliver, ce farceur, me fera tout de même cadeau de deux autres écarts sans arriver à me foutre par terre. Il paraît que ça l'amuse le bougre... Je n'ai pas eu la présence d'esprit de lui passer une soufflante, je suis décidément encore trop gentil...

N'empêche, je suis content. :)

1 commentaire:

  1. J'interromps ma lecture juste le temps de vous remercier pour votre blog : sa lecture est un moment de pur bonheur !

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