mardi 25 janvier 2011

Vilaines manies

24 janvier 2010

Le poète Brassens affirmait que le talent sans le travail n'était rien d'autre qu'une vilaine manie. Bon, je ne suis pas trop sûr de ma citation, mais comme il n'y aura personne pour vérifier, vous vous contenterez de la prendre pour argent comptant.
Et toc.

Si l'on s'en tient au sens premier du terme, la mauvaise manie s'applique à un usage fantaisiste et inadapté des mains.
Et, à titre personnel, j'ai hérité de tout une panoplie de vilaines manies (mais sans le talent), dont certaines ont le don de faire hurler ma Monitrice. Je me console en constatant que Mowara dans son box en possède aussi quelques unes de gratinées.
Dont la première consiste à se rouler consciencieusement dans son crottin, et de chaque côté histoire d'imprimer une jolie symétrie. Sale comme un cochon, j'ose lui glisser dans l'oreille que crotteuse comme elle est, elle ne tarderait pas à se faire rebaptiser Harry Crotteur, en hommage au célèbre cochon du père Simpson.

Pour remédier à cette situation inconvenante, je sors donc ma plus belle étrille et commence à la décrotter avec application. La Mô se laisse faire avec une certaine complaisance, y compris sur les flancs où elle est réputée sensible et chatouilleuse, laissant ainsi entendre qu'elle est parfaitement consciente de son état pitoyable et fort contente que j'y remédie. Se couvrir de saletés pour mieux se faire bichonner, voilà une stratégie bien audacieuse. Je devrais peut-être en parler à Madame..

Mais  les chevaux et les cavaliers prétentieux n'ont pas l'exclusivité des mauvaises manies. Une fois dans la sellerie pour aller récupérer le matériel, c'est la panique. Il n'y a pas de filet à l'emplacement habituel... Aurait-il été emprunté pour palier à la déficience de celui d'un cheval tiers ? Je devrais sans doute aller me rencarder auprès de La Monitrice pour en avoir confirmation...
Mais un coup d'œil à sa selle suffit à éclaircir le mystère. Le cavalier précédent a tout laissé en vrac, selle, filet et élastique, sans avoir pris la peine de tout ranger correctement aux emplacements dédiés, et en laissant le soin au client suivant de se dépatouiller et démêler cet enchevêtrement de matos en tout genre.
Sympa.

Au programme de la soirée est inscrit un gros travail sur les transitions. Pour nous mettre dans l'ambiance, nous sommes partis pour de longues minutes de trot assis. Non pas que je sois rétif à ce genre d'exercice, mais je me rends compte que passées une bonne dizaine de minutes certains sous-vêtements, par la formation de plis inappropriés, sont particulièrement inadaptés à la pratique de l'équitation et génèrent divers échauffements aux endroits les plus sensibles.
Les slips techniques, en voilà un idée d'avenir. Je devrais déposer un brevet.

Les évolutions en autonomie et les quelques tours de galop aux deux mains me confirment que le lundi est un jour bénit pour les débutants que nous sommes. Pourvu que ça dure. ^^
Si ce n'est que je me fais remarquer par une position des mains peu académique, les poignets inclinés et un peu cassés, me donnant ainsi une allure assez peu élégante et probablement peu efficace.
- Les mains bien droites et les pouces vers le ciel ! me corrige La Monitrice.
Arf, c'est pourtant écrit dans le bouquin, aux premières pages...

Les transitions trot-pas-trot et trot-arrêt-trot se déroulent de façon plutôt correcte. La Monitrice propose donc de corser la difficulté avec un exercice nettement plus pointu. Au trot assis, il s'agit de doubler dans la largeur, mettre de suite sa monture au pas, et, une fois le milieu de la carrière atteinte, demander le galop à droite à l'aide des aides que plus personne ne devrait ignorer.

Mais sur cet exercice, nous sommes des nuls, et moi le premier. En dépit du placement des aides, Mô ne m'accorde qu'un petit trot timide sous l'œil circonspect de La Monitrice.
- Tes mains ! Descends-moi tes mains ! Qu'est-ce qu'elles font en l'air ?
Et voilà, pris par la patrouille... Je suis donc convié à y retourner et refaire l'exercice proprement.
Le trot assis, ça va. Ca gratte, mais ça va.
Je double dans la largeur, pile-poil au milieu, je demande le pas en mettant les épaules en arrière et en resserrant délicatement les doigts sur les rênes. Nickel.
J'arrive au milieu du manège, en plein sur le "X" qui aurait matérialisé le centre s'il avait été tracé, et je m'applique à placer minutieusement mes aides.
Ah non, ça part pas non plus...
- TES MAINNNNNS !
Oups, pas contente du tout La Monitrice, quelle mule je fais..

Je repars pour un tour, histoire de ne pas terminer sur une fausse note. Trot, pas, la croix au centre, les aides, tout ça, et... cette fois-ci les mains à sa place.
Et zou galop. :)
La Mono, soulagée et limite ironique :
- Oh, comme c'est bizarre, elle prend le galop dès que tu baisses tes mains...

Et ben voilà. Moi qui croyait maîtriser ne serait-ce qu'un minimum l'usage de mes mains, je dois déchanter. Il y a un gros gros travail à effectuer pour obtenir une tenue correcte de mes rênes.
Le poulpe ne se laisse pas dominer aussi facilement...

Cette semaine, c'est décidé, je me passe en boucle les vidéos d'Edward Gal.


En conclusion de cette soirée, j'invite mes collègues de reprise à partager ma tarte tatin aux pommes franchement sortie du four en l'honneur de ma chute d'il y a deux semaines.

La malédiction s'achève, La Monitrice en a repris deux fois. ^^

Les affaires reprennent. :)

samedi 22 janvier 2011

La mécanique du poulpe

samedi 22 janvier 2010

L’équitation, vous en avez forcément entendu parler, est une grande histoire de mains. Elle sont partout, s’accommodent à toutes les sauces et s’invitent à toutes les reprises de telles manières qu’elles n’hésitent pas à plonger les jeunes cavaliers dans la plus profonde confusion.

Faisons un petit tour de la question :
Il existe bien sûr les deux mains du cavaliers, ustensiles fort utiles dans lesquelles viennent se loger les rênes qui permettent de diriger l'engin. Ou du moins, d'essayer.
Jusque là tout va bien.
S’ajoutent tout naturellement les deux mains du manège, qui désignent le sens dans lequel le moniteur souhaiterait que les élèves évoluent, et évidemment sources de nombreuses embrouilles. Puisque c’est une constante à chaque reprise, quelque soit la main demandée par le moniteur, il y en aura toujours un pour la prendre à l’envers.
Ensuite, cela se complique. Car les chevaux ont également deux mains, mais pas celles à droite et à gauche qui nous sont familières.
Car les deux mains du cheval se situent à l’avant et à l’arrière de celui-ci, encadrant ainsi le reste du corps.
Et oui, le cheval a le ventre entre les mains…
Notons également la possibilité de tenir son cheval en main, façon poétique d’expliquer qu’on le promène en laisse comme le Jack Russell de tante Hermondine.
Et, enfin, on peut évoquer la mise en main du cheval, attitude noble s’il en est, et âprement recherchée par tout cavalier en quête du dressage parfait telle une sorte d’Eldorado équestre perdu au milieu de la forêt amazonienne.

Il n’est donc pas saugrenu de déclarer ceci :
- Je promène mon cheval en main, proche de son avant-main, en tenant les rênes par ma main droite et à main droite.

S’il l’on compte bien, l’on peut ainsi dénombrer près de huit mains à connaître et maîtriser afin de se prétendre être un cavalier accompli. Il n’y a donc pas à tergiverser, les poulpes sont injustement favorisés pour l’apprentissage de l’équitation.
Il est à ce titre fort étonnant de ne pas en croiser plus souvent dans les centres équestres.

Conclusion de cette petite étude, je suggère donc de réformer dès aujourd’hui le système de niveaux actuellement en place à la Fédération. Exit les Galops, bienvenue aux Tentacules !
A titre personnel, ceci me serait nettement plus favorables. Maîtrisant sans trop d’embrouilles l’usage de mes deux mains, de celles du manège, et sachant sans hésitation localiser l’avant et l’arrière-main du cheval, je pourrais de suite être diplômé Tentacule 6, alors que je ne suis, avec l’inique système actuel, que Galop Zéro.

Ah sinon, il y avait effectivement une reprise ce jour, à 14h, en rattrapage de celle de lundi à laquelle je n’avais pu me rendre disponible.
Et bien… Autant la reprise du lundi est composée en grande majorité de faux débutants, expliquant en partie les progrès jugés rapides, autant celle du samedi n’est animée que par des vrais débutants...
J’en fut quitte pour bénéficier de ma minute de gloire en galopant trois ou quatre tours complets devant un public admiratif. :)

Pour le reste, vivement lundi

lundi 17 janvier 2011

Corruption gastronomique, la suite

Décidément, mes aventures gastronomiques semblent s'identifier à une sorte de puits sans fond dans lequel se serait engouffré Sisyphe...

Il doit exister quelque part un enchanteur, une sorcière, un magicien vaudou ou je ne sais quel emboucaneur qui s'amuse avec une délectation certaine à envelopper mes préparations culinaires d'une étrange malédiction.

Les épisodes précédents avaient fait émerger chez moi un talent insoupçonné pour dénicher les rares ingrédients que La Monitrice ne saurait souffrir. Mais étant d'un tempérament plutôt tenace, je ne désespère pas de préparer quelque pâtisserie qui serait enfin à son goût et m'ouvrirait la possibilité d'accéder un jour à ma monture préférée.

En menant discrètement mon enquête, j'arrive à établir une première liste des ingrédients interdits à éviter absolument : fruits confits et en morceaux, cannelle et fleur d'oranger.

Le reste n'étant qu'une question d'observation, j'élabore donc une nouvelle stratégie à base de chocolat, dont je sais qu'elle en raffole, et de café, dont je sais qu'elle en consomme, pour préparer une nouvelle fournée de macarons qui, cette fois-ci c'est sûr, ne saurait la laisser de marbre.

La revanche suit son court, elle sera implacable, et Solo sera bientôt à moi.


La Monitrice déteste les pâtisseries au café...
Bide N°4.


Faisant fi des subtilités, et devant préparer un gâteau pour ce lundi soir, je me laisse aller à poser la question franco pour être sûr de faire mouche à coup sûr ! Dans la liste des spécialités égrenées ici et là, je retiens la tarte aux pommes qui est justement une de mes grandes réussites. :)

Mieux que ça, dimanche soir, je me lance dans la réalisation d'une audacieuse tarte tatin aux pommes qui semble des plus prometteuse. C'est beau, c'est caramélisé comme il faut, et ça sent bon à la sortie du four. :)
Cette fois-ci, c'est écrit dans le marbre, rien ne saurait se mettre sur le chemin de mon entreprise de corruption !

Mais patatras, ce lundi ma fille est fiévreuse. Madame ayant quelques obligations, c'est moi qui suis chargé de faire les garde-malades ce lundi soir, repoussant ainsi ma reprise à samedi prochain.

Et Madame et Fifille se sont mis d'accord qu'il était inutile de garder une telle tarte une semaine entière au frigo, elles ont déjà commencé à taper dedans...
VDM.

jeudi 13 janvier 2011

Corruption gastronomique

Entre deux reprises, une petite anecdote en passant... ;)

Tous les dimanches après-midi, j'accompagne ma fille au centre équestre pour sa traditionnelle reprise d'équitation. Nous y restons par la suite quelques heures, visitant les boxes divers, assistant aux reprises des grands ou jouant à cache-cache avec ses copines.
Bref, c'est un peu une sorte de parc d'attractions pour nous. :)

En conséquence, je provisionne un quatre-heures, constitué généralement d'un gâteau maison et d'un bon gros thermos de chocolat chaud.
A l'issue de la reprise, sur les coups de 15h20-15h30, nous nous asseyons donc autour de la table en bois et sortons nos casse-croûtes avant d'attaquer le reste de la journée de pied ferme.

La première fois, notre monitrice attitrée, passant à proximité, vient alors s'assoir à nos côtés histoire de discuter de choses et d'autres, et je lui propose naturellement de partager notre goûter.
Depuis lors, nous avons depuis pris l'habitude à chaque dimanche de lui faire profiter de nos spécialités, comme une sorte de rituel. :)
Je sais que la monitrice est une gourmande, l'occasion est parfaite pour me lancer dans un bon numéro de cire-pompes, histoire de pouvoir peut-être monter Solo un jour en tentant la corruption gastronomique.
Pour préciser un peu, Solo est un sublime anglo-arabe gris pommelé à la silhouette soignée, récemment arrivé au club, mais encore bien jeune pour le cavalier inexpérimenté que je suis. Donc peu de chances que ça se fasse, mais il n'est pas interdit de rêver. :)

Je sors donc mon cake aux fruits maison et en sers une tranche à la mono, trop content de  pouvoir parader en déclarant que je l'ai préparé moi-même. ^^

Manque de pot, La Monitrice déteste les fruits confits...
Bide n°1.

Qu'à cela ne tienne, je décide de prendre ma revanche, mais, cette fois-ci, en faisant attention à sonder quelques unes de ses préférences culinaires en matière de desserts.
Je profite donc que ma fille l'ait invitée à passer chez nous à l'occasion de son anniversaire pour préparer une tarte au citron qui ne devrait pas trop révéler de surprises. :)
Une tarte avec des morceaux d'écorce de citron.

Mais morceaux de fruits et fruits confits, c'est même cause et même conséquences...
Bide n°2.

Je ne me laisse pas abattre, loin de là. Ayant reçu par la grâce du Père Noël un livre de recettes de macarons, je choisis d'en produire à la fleur d'oranger et me présente fièrement ce dimanche dernier au bureau avec ma petite boite pleine de jolis petits macarons tout frais de la veille.

La Monitrice déteste la fleur d'oranger...
Bide n°3.


Loi de Murphy appliquée aux monitrices d'équitation : quel que soit la recette prise au hasard parmi les dizaines d'autres du bouquin, ce sera forcément la seule que la monitrice ne digérera pas.

Pas prêt de monter sur Solo, moi... :/

mardi 11 janvier 2011

Top Gun

10 janvier 2010

Il est des petits moments d'éternité qui restent gravés dans les mémoires à jamais, quelques infimes fractions de secondes où le temps semble s'étirer à l'infini, où les pensées se bousculent et s'entrechoquent à une vitesse inouïe à l'intérieur d'un espace cérébral qui prend des dimensions insoupçonnées.

J'avais il y a quelques temps osé comparer l'équitation à un sport aérien. Le cheval est un aéronef qui nous fait décoller et transporte ainsi le corps et surtout l'esprit dans des espaces aériens inconnus où il est agréable de se perdre. Et s'il arrive au cavalier de mettre pied à terre, son esprit peut ainsi rester transporté pendant de longs moments dans un état de lévitation que d'autres moyens artificiels ne sauraient concurrencer.

Je n'imaginais pas que cette séance saurait me faire décoller à ce point. :)

Et les choses s'annoncent sous les meilleurs auspices. La gravure de mode Gulliver me gratifie d'un regard d'une rare tendresse à mon arrivée et semble réceptif comme jamais à l'avalanche de câlins que je lui fournis en flux tendu. Une bonne séance de grattouilles sous l'encolure accompagnée d'une voix débile lui fait ouvrir de grands yeux de satisfaction et il me fait comprendre, au moment d'aller chercher son équipement, qu'il n'a pas eu son compte pour la soirée.
Il a pourtant la réputation de présenter plus volontiers ses fesses aux cavaliers que de réclamer un câlin. Rien qu'avec ça, j'ai déjà gagné ma soirée. :)

Les bonnes surprises s'enchaînent. Son ancienne selle synthétique à la sangle bizarre a fait place à une version plus conventionnelle et nettement plus agréable au toucher, mes fesses sauront en être reconnaissantes.

A l'entrée de la carrière, La Mono est en mode Altesse Royale, montant le poney d'une cavalière à l'air dépité pour lui montrer deux ou trois trucs qu'elle ne semble pas maîtriser totalement, mais que la Mono exécute avec une facilité déconcertante.

Nous entrons en piste.
Gulliver est fidèle à lui même au moment de la détente, c'est à dire plus volontiers disposé à faire la sieste qu'à courir la piste. La Mono vient à mon secours en me parant d'une cravache rose bonbon taille shetland du plus bel effet présentement trouvée par terre. Ça jure un peu avec le reste de la tenue, mais il en faut plus pour m'en offusquer, j'ai tout de même un blaze à honorer. :)

Autre bonne surprise, en lieu et place de la séance de mise en selle que j'avais anticipé, les premiers exercices de travail en équilibre sur les étriers légèrement raccourcis semblent promettre le franchissement de quelques barres. :)
Après de longues minutes bien éprouvantes de cette exercice à toutes les allures qui auront la vertu d'éliminer les quelques excès des fêtes, une première barre au sol est mise en place le long du pare-bottes pour notre plus grand bonheur.

S'en suivent quelques passages au trot sans soucis où j'essaie de travailler mon équilibre, les mains en haut de l'encolure pour me donner un point d'appui supplémentaire, et surtout en essayant de penser à placer mes jambes de façon correcte, ce que j'ai encore trop tendance à oublier, et ne manquera pas de me jouer des tours si je ne m'applique pas plus.

On repart dans l'autre sens, avec la barre qui s'élève d'un seul côté, lui donnant un côté bancal pas très esthétique, et, pour tout dire, un peu troublant...
Je me lance cependant en confiance, mais, sans doute inconsciemment perturbé par cette barre de traviole, j'en oublie de serrer mes mollets aux abords de l'obstacle. Il n'en faut pas plus à Gulliver pour le refuser et effectuer un bel écart sur sa droite aussi soudain qu'inattendu.
Bien entendu, ma position en équilibre précaire m'a de suite fait comprendre qu'il était illusoire de rester en selle. Je n'ai même pas essayé de me rattraper, ai lâché tout ce qui pouvait me rattacher à la monture et laissé ensuite la gravité faire son œuvre en ayant pour première pensée "ah, ça y est, un mythe s'effondre".

Puis tout s'est passé tranquillement, très lentement, à la façon d'un ralenti détaillant à l'extrême l'arrachage de cheville de l'attaquant par le tacle assassin du défenseur en retard sur l'action que n'a pas vu l'arbitre.

J'ai d'abord pensé à l'avion de combat navalisé se faisant catapulter du porte-avion avec une brutalité extrême, avant de rejoindre quelques secondes plus tard le calme et la sérénité des immensités aériennes. Il est vrai qu'à cette instant présent j'ai eu plus l'impression de voler que de tomber. D'ailleurs, on parle parfois de chevaliers du ciel, plus rarement de chevaliers de la route...
Il m'est ensuite venu à l'esprit mes fidèles lecteurs et lectrices dont certains attendent depuis longtemps déjà le récit de ce premier voyage selle-sol. Puis la façon dont je pourrais bien leur conter cette aventure, quelles pirouettes verbales je saurais employer pour faire passer cette vilaine péripétie pour un bref moment de gloire.
J'ai pensé à une collègue de forum, qui a eu la bonne idée de me rappeler quelques heures plus tôt que je n'avais toujours pas mordu la poussière.
J'ai ensuite pensé à mes collègues de reprise aux premières loges du spectacle, sans trop savoir s'ils manifestaient effroi ou délectation devant la réalisation du numéro.
Enfin, je me suis questionné sur le choix de l'ingrédient principal de la pâtisserie qu'il me sera demandé de présenter la semaine suivante en pareil cas. Sans trop d'hésitation, j'ai validé l'option chocolat qui devrait ravir à la plupart des convives qui choisiront de rester à l'issue de la prochaine reprise pour partager mon infortune. C'est à dire pas grand monde...
Et avec tout ça, j'ai même eu la présence d'esprit, en vieil aéronaute que je suis, d'effectuer une demi-vrille afin que la coque dorsale absorbe le choc qui s'annonce désormais imminent avec la barre légèrement suspendue au dessus du sol.

Il paraît que ça a produit un bruit sourd, presque inquiétant. De cela, par contre, je ne m'en souviens guère...
Passé le premier moment de stupeur, je termine mon atterrissage par une petite roulade pour accompagner le mouvement avec douceur, puis soupire intérieurement une fois l'arrêt complet un gros "zut, flûte, crotte" avant de me relever rapidement, histoire de rassurer son monde et faire bonne figure.
Ça, c'est fait.

La Monitrice vient de suite aux nouvelles.
- Ça va ?
- Oui. Mais je suis vexé.
- Bah, si ce n'est que ça, ça va aller alors. Mais c'est sûr, hein ? Tu ne t'es pas fait mal ?
- (tapotant dans la coque). Sûr. Je suis un homme renforcé. ;)
- Oh, quel homme ! Allez hop, en selle !

Pas refroidi pour autant, je retourne à l'obstacle avec un Gulli cette fois totalement disposé à aller franchir cette fichue barre, avec succès cette fois, mais je prends soin dorénavant de tenir un brin de crinière sur les recommandations de La Monitrice.
Nous nous prenons au jeu, et Gulli, sans lui avoir demander, ne résiste pas au plaisir de m'emmener au galop pour les prochains passage. :)

Nous changeons une nouvelle fois de main, et cette fois-ci l'obstacle prend l'allure d'un vrai vertical, estimé à quarante centimètres par certains, mais plus proche des cinquante selon moi.
Les sauts, toujours au trot, s'enchainent sans encombres avec plus ou moins de réussite. Il y a toujours un truc qui manque, un mollet pas serré, un main trop ferme, une trajectoire aléatoire, un équilibre tardif, tout un tas d'éléments que j'ai du mal à conjuguer en une seule fois.
Sur la fin de la reprise, les éléments semblent se mettent en place petit à petit. Gulliver est de en plus en plus volontaire, et à l'approche de la barre, où pour une fois je semble à peu près en place, il ma gratifie d'une impulsion généreuse et entreprend de me faire partager sa science du vol. :)
J'entends une "ooooooh" se soulever de l'assemblée, et La Monitrice nous sort son plus beau sourire (dont j'ai du vous en toucher un mot précédemment) :
- Mon petit Daniel, je crois que tu peux lui faire un gros câlin à Gulliver, parce-que sur ce saut, il l'a bien mérité.
La terre, c'est quand plus sympa vu du ciel. :)

Sur cette bonne note, les plus enthousiastes d'entre nous, c'est à dire les deux bonshommes de la reprise, sont autorisés à "lâcher les chevaux" et passer quelques obstacles au galop, ce dont je ne me prive pas bien entendu. :)


La reprise s'achève, et La Monitrice nous rassemble au montoir.
- Alors, pour ce soir, si vous pouviez les desseller rapidement, exceptionnellement je suis attendu pour un dîner juste après.
- (Une cavalière) Oui, mais on ne traine pas d'habitude !
- Je sais, mais tu vois, tu prends par exemple quelqu'un comme Daniel, il aime bien rester dans le box à faire des papouilles.
- (moi) J'avais bien compris que ça s'adressait à moi...


Quelqu'un me disait qu'il faut tomber cent fois pour faire un cavalier.
Plus que 99.

N'empêche, je suis drôlement vexé...
Mais content. :)

mardi 4 janvier 2011

J'me la pète

03 janvier 2011

Allure, prestance, élégance. Ce sont autant de qualificatifs qui sont souvent associés à l'équitation, et, parfois même, à certains cavaliers qui feraient passer par leur seule classe un stupide morceau de toile de jute pour une robe de créateur.

Malheureusement pour moi, ces qualificatifs ne sont pas forcément ceux qui tendraient à me caractériser de prime abord. Mais cette année étant placée sous le signe des mariages princiers, il est encore temps d'essayer de se mettre à page et gagner quelques points d'élégance et de tenue par l'usage subtil de quelques artifices vestimentaires.

A commencer par étrenner pour ce début d'année un nouveau tapis de selle qui devrait seoir à merveille avec le reste de ma tenue, d'un joli rouge assorti à mes hauts, et sympathiquement griffé d'une jolie gribouille par ma fille. :)
Ce qui change drastiquement des gros écussons bien voyants très en vogue actuellement dans les manèges. Mais, à titre personnel, je ne suis pas sûr qu'afficher des marques en gros caractères et de façon ostensible soit un réel symbole d'élégance...
Bref, cette année, c'est décidé, je me la pète. Je me présente rasé, coiffé (hi hi), je me tiens droit, je prends un air hautain, et n'adresse la parole à mes congénères qu'à la condition qu'ils m'aient préalablement adressé une révérence dans les règles.
On est princier, ou on le l'est pas !

Tartuffe, lui, ne l'est pas...
De toute les parties de son corps qui n'ont pas été tondus, ses poils d'hiver rebiquent comme la coiffure d'un ancien ministre bon vivant lui donnant un air négligé qui anéantit derechef toute velléité de prestance royale. (Mais en toute confidence, j'avais assez peu d'espoir d'être ainsi invité au mariage du Prince...)
Le comble du mauvais goût est atteint au moment du pansage quand ces même poils longs viennent s'agglutiner par grosses touffes sur la brosse comme les magnets des fonds de paquets de céréales sur la porte du frigo.
Donc, soit le Vieux commence à perdre les pédales en plus de ses poils, et je lui rappelle prestement et à haute voix que l'hiver ne fait que commencer.
Soit il m'adresse un message de vieux sage indien cherchant me faire comprendre qu'après un automne rude, l'hiver devrait être nettement plus clément.
Poils qui tombent en janvier, mettent en sommeil la cheminée...
Ah, les dictons à la con...

J'avais oublié à quel point ce Tartuffe était un farceur. A peine rentré dans son box, voilà qu'avec son épaule il me colle un raffut façon troisième ligne de rugby pour se frayer un chemin vers l'écurie, histoire de prendre un peu l'air et d'aller saluer quelques copains qu'il n'avait pas vu depuis trop longtemps. Le Monsieur a de toute évidence grande envie d'aller se dégourdir les pattes. :)
Après qu'il se soit frité avec quelques uns de ses congénères qui auraient pourtant préférés rester peinards, je le récupère au licol avant de le ramener dans son box et lui passer un savon bien mérité. Avant de lui poser amoureusement mon joli tapis et le reste de  son équipement réglementaire.
Je me grouille, je suis à la bourre ce soir. ^^

Je me présente donc dans le manège fier comme Artaban, tête haute et torse bombé, en souhaitant au passage mes meilleurs vœux à la Monitrice sise sur un ballot de paille dont les stocks diminuent à grande vitesse. Un mystère se lève : il y a donc un mur derrière les ballots !

Nous ne sommes que cinq ce soir, auxquels viendra se greffer une cavalière propriétaire venue faire travailler son bidou à pattes au milieu des élèves, en faisant toutefois attention à ne pas perturber la reprise en cours avec ses épaules-en-dedans et autres gestes techniques qui impressionnent toujours le néophyte.
Pour le reste...
Quitte à passer pour un vieux con, monter en baskets blanches (sans talons de surcroit), s'arrêter au milieu du manège durant une reprise pour téléphoner d'une main et fumer sa clope de l'autre, n'est certainement pas l'image que je souhaiterai donner si jamais je deviens moi-même un cavalier accompli en selle sur son propre cheval... :S

Bref, je me reconcentre sur Tartuffe, ses allures un peu raides et sa selle en matière synthétique qui m'échauffe les fesses. Première sensation étrange : sa selle me semble avoir rétréci depuis la dernière fois... Ou alors est-ce du à quelques excès des dernières fêtes venus s'entasser sur mon séant en attente d'être éliminés par quelques exercices sportifs.
Cela dit, Tartuffe est toujours aussi vaillant et réactif, mais je reste vigilant face à un monsieur parfois un peu vif et qui n'a pas travaillé durant ses deux dernières semaines...

Je m'attendais à une séance de mise en selle gratinée, j'en fus quitte pour une reprise relativement tranquille à travailler les transitions trot-pas-trot et trot-arrêt-trot sur la largeur, le tout sans étriers, ce qui n'est pas pour me déplaire. Pas forcément très excitant, mais un travail fait en autonomie qui permet de bien répéter ses gammes, entrecoupé par quelques tours de galop au gré des demandes de la Mono.
Ma position y est encore loin d'être parfaite. J'arrive toutefois à mieux suivre les mouvements avec le bassin et ne plus remonter mes mains, mais il reste encore quelques moments chaotiques où je perds le fil et commence à ne plus coller à la selle, mais sans paniquer toutefois. Déjà ça de pris. ^^
De plus, mes départs aux aides étaient franchement laborieux, en contraste réel avec ma dernière séance sur ce même Tartuffe où il réagissait plutôt bien à mes sollicitations. C'en était un peu frustrant, mais je me sentais peu à l'aise sur la selle ce soir, sans trop comprendre pourquoi.

Donc séance mitigée aujourd'hui. Je reste partagé entre un travail plutôt satisfaisant sur les transitions et l'impression de ne plus savoir appliquer un truc que je croyais pourtant acquis.
Grumpf.

Je ramène la bête au box. La dessangle. Lui retire filet et selle. Et lui débarrasse de mon tapis flambant neuf.
Au moment de le retourner, c'est l'horreur ! Je récupère au passage une magnifique doublure moumoute bien épaisse en crin alezan naturel bien collé sur le tissus. :/
Ne pas paniquer, mais rester flegmatique :
- Sire Tartuffe, j'apprécie grandement que vous me fassiez un tel cadeau. Mais fut-il bien nécessaire ?
- Mais bien sûr, vous m'avez l'air bien frileux du crâne, très cher.

Le chemin vers l'aristocratie équestre est décidément semé d'embûches...