mardi 29 novembre 2011

Au bord du précipice

Mardi 29 novembre 2011

Pour un tout premier concours, je dois avouer que celui-ci est particulièrement gratiné. Je pense même que c'est du jamais vu dans l'histoire du saut d'obstacle.
Dans la carrière de saut a été dressée une espèce de monticule de plusieurs mètres de haut d'où s'élancent les concurrents à la manière d'un skieur en haut de la pente. Il y a une petite foulée de plat suivi immédiatement d'un premier vertical dont la réception se fait dans la descente de façon assez impressionnante, et une fois en bas, un second vertical permet de rentrer pour de bon dans la carrière pour une suite de parcours plus conventionnelle. C'est de l'inédit, une sorte de mélange de cross et de cso.
En gros, pour ma grande première en compétition, j'ai droit à participer à un concours de crosso, ou de csoss, je ne sais pas trop quel en est le terme exact.

Pour l'occasion, je suis de nouveau associé à ce grand nounours de Quick avec qui nous avons enchainé toutes les reprises de saut depuis le début de la saison. La Monitrice, voulant s'assurer des bonnes disposition du grand machin propose de le détendre un peu à l'obstacle pour tâter de la bête et s'assurer que j'ai toutes les dispositions pour cette première compète. Mais une drôle d'idée lui passe par la tête...

Au bord de la carrière de détente a été bâti une petite supérette dans laquelle les cavaliers peuvent faire leurs courses entre deux reprises. La Monitrice, montée sur Panzer Quick, pénètre en selle à l'intérieur du magasin au petit galop et s'apprête à sauter un caddie rempli à ras-bord de victuailles laissé en plan par une cliente occupée à choisir ses tranches de jambon au rayon frais.
Manque de pot, à la réception, Quick dérape sur la carrelage et se couche sur le côté, envoyant ainsi glisser La Monitrice sous le rayonnage au niveau des yaourts natures, celle-ci prenant quelques bons coups au passage...

La gamelle a l'air vilaine, et je m'approche m'enquérir de La Mono qui ne semble plus très fraiche.
- Euh... Tu t'es fait mal ?
- Hmmm.... Nan, nan, ça va... peine-t-elle à murmurer dans un dernier geste de dignité.
Elle semble avoir pris tellement de coups qu'elle ne sait plus si elle doit se tenir les côtes, les hanches ou les épaules. Mais en peu de temps, elle reprend ses esprits et finit par se relever, faisant fi des multiples contusions qui devraient d'ici peu lui donner un joli teint schtroumpfette.
- Tiens, je te redonne Quick, il a l'air réveillé maintenant...
M'enfin, quelle drôle d'idée de bâtir une supérette au bord d'une carrière. Et quelle idée aussi de vouloir y détendre un cheval...

Bref, tout le monde rejoint la carrière de détente où La Monitrice m'a donné sa bénédiction pour que je poursuive l'échauffement. A peine en selle, je demande un départ au galop dans les règles et Quick répond en démarrant au quart de tour avec une belle énergie. Je canalise un peu avant d'aborder un premier croisillon. Il le saute sans problème et accélère franchement l'allure avant d'aborder un petit vertical, qu'il survole lui aussi avec une belle assurance.
Grisé par cette mise en bouche encourageante, je serre les jambes à la réception pour l'encourager à accélérer encore l'allure et Mister Q part au grand galop avaler le troisième et dernier obstacle d'échauffement. Waouh, Quick est en super-forme aujourd'hui, et nul doute que nous allons ensemble faire péter les chronos !

Mon nom est appelé par le speaker, il est désormais temps d'entrer en scène. Je commence à escalader le monticule de départ quand j'aperçois le cavalier précédent s'élancer pour son parcours. Il est vrai que ce premier saut est drôlement impressionnant avec cette réception en descente prononcée. L'équilibre semble difficile à tenir et le cheval peut ainsi trébucher à tout moment dans sa folle accélération. C'est terriblement spectaculaire et je ne me sens pas vraiment rassuré au moment de prendre place dans la stalle de départ.

Je me reconcentre sur le parcours, ayant toutefois pleinement confiance en ma monture avec laquelle je suis heureux de participer à ce premier concours.
Quand le concurrent précédent en a terminé, il est désormais temps pour Quick et ma pomme de s'élancer !

Et là, je me suis réveillé...

vendredi 25 novembre 2011

Le bureau des plaintes

Jeudi 24 novembre 2011

Depuis le départ à retraite du vénérable Tartuffe, le poste de doyen du club est désormais dévolu à Don Nuevo, vingt-et-un ans aux prunes. J'ai toujours apprécié sa compagnie lors des quelques reprises qu'ils nous ont été données de partager, je suis heureux de le retrouver depuis tout ce temps, cette vieille branche.
Son box est situé sensiblement au fond de l'écurie. En allant le rejoindre, j'en profite pour passer le bonjour aux équidés qui ont la délicatesse de sortir leurs naseaux de leurs boxes pour me voir ainsi déambuler.
Je m'arrête longuement devant celui de Solo. Un bel anglo-arabe de taille moyenne, à la ligne élancée et à la robe gris-pommelé qui fait fondre tout le monde dans le centre équestre. Solo, c'est un bogoss, jeune et impulsif, encore un peu rustre dans son éducation et qui n'est encore réservé qu'aux cavaliers confirmés. Ce qui est bien entendu loin d'être mon cas, mais il me fait de l’œil le grisou. Un jour peut-être...
Il me rappelle une cavalière qui appréciait tout particulièrement le monter, avec une certaine classe je dois dire. Une fois ses reprises terminées, elle prenait sa plus belle plume et prenait grand soin de me rendre jaloux en me racontant ses reprises, avec une verve et un humour qui me manquent aujourd'hui. En grattouillant longuement Solo entre les oreilles, son point sensible justement découvert par cette cavalière, j'ai une petite pensée pour elle...

A côté du box de Don Nuevo, Maricha est toute impressionnée à l'idée de monter le grand Esparade. Connaissant un peu le bestiau, je fais au mieux pour la rassurer.
- C'est un gentil garçon. C'est juste qu'il aime bien galoper !
- Ah... Ben, ça ne me rassure pas vraiment...
- Au contraire, il est super bien dressé et répond finement aux aides. Une légère mise en place, et il part comme une fleur.
- Gasp...

Je fais un brin de toilette à Don Nuevo. A l'instar de son collègue Quick, il est tout-beau tout-doux tout-brillant, c'est une époque bénie pour les câlineux de mon espèce, et je prends plaisir à me lover dans son poil de doudou. Alors que je le croyais plutôt insensible aux câlins, La Monitrice m'a fait part d'un point sensible remarquable. Juste derrière l'épaule, un peu sous le garrot, passer la brosse avec délicatesse met ce grand bai mal foutu dans état quasi cataleptique. Campé raide sur ses jambes, totalement immobile ou presque, il est comme hypnotisé et sa lèvre inférieure se met alors à trembloter avec insistance. S'il disposait de l'attribut idoine, sans doute qu'on l'entendrait ronronner à travers tout le centre équestre.

Voilà qui est de bon augure pour la reprise à venir. A peine la détente est-elle entamée que La Monitrice nous propose de rallonger les étriers d'un bon trou. Ce soir, c'est donc dressage.
Et l'ouverture du bureau des plaintes.
- Mais c'est trop long pour moi autant ne rien mettre !
- D'accord. Enlevez-vos étriers alors.
Et toc.
Moi, je m'en fiche en peu. Sans trop expliquer pourquoi, le travail sans étriers, j'aime bien ça. C'est une façon unique de ressentir les mouvements de sa monture et de faire corps avec elle. Et Don Nuevo est vraiment magique ce soir. Il part au galop au souffle de la botte, tient une allure sans à-coups, se laisse guider avec une légèreté rare et m'entraine dans plusieurs tours du manège qui finissent par me rendre à mon tour quasi cataleptique, comme s'il me redevait l'instant de pansage que je lui avais offert quelques instants auparavant. J'en garde encore une vraie émotion, que la suite des plaintes en rafale n'arriveront même pas à entamer...

- Monitrice, Granolat, au galop sans étriers, je sens que je vais tomber !
- Essaye quand-même...
- Monitrice, Il y a Hidalgo qui veut pas partir au galop !
- Fâche-toi !
- Monitrice, Esparade, au galop, je ne le sens pas...
- Mets-toi sur un cercle, ne t'accroche-pas au rênes, et galope bon sang !
Je décide de me mettre à la page en cherchant de quoi rouspéter auprès des autorités compétentes, mais en passant devant La Mono, la seule parole qui arrive à s'échapper de ma bouche est un tendre "Bon Pépère" adressé à Don Nuevo et un petit air de musique vient envahir mon cerveau... De quoi je vais me plaindre ? De quoi je vais me plaindre aujourd'hui ?

Après que chacun ait travaillé son cheval au galop aux deux mains avec plus ou moins de réussite, nous retournons explorer les mystères des hanch' end'dans vus la semaine dernière. Je m'y applique avec plus ou moins de réussite, plutôt moins que plus d'ailleurs, quand j'entends derrière moi une collègue pousser un petit cri d’orfraie suivi d'un splash sablonneux caractéristique. Hidalgo vient de foutre par terre sa cavalière...
Cette chute fait s'emballer Quartz, qui, à son tour, renverse sa propriétaire et part au galop bille en tête, semant la panique dans le manège et entrainant à sa suite l'ensemble de la reprise dans une folie contagieuse.
Don Nuevo n'y échappe pas. Le sentant partir sans que je ne lui ai demandé quoique ce soit, je tâche de rester détendu, me redresse tranquillement et calme la bête comme le font le reste de mes collègues qui sont restés assis sur leurs selles respectives.
Personne n'ayant réellement assisté à la scène initiale, les interrogations fusent de tous les coins.
- C'est Hidalgo qui a vu s'envoler un oiseau, justifie sa cavalière, ça l'a fait paniquer !
Hitchcock avait raison. Les oiseaux, c'est traitre.

Nous reprenons nos exercices d'origami, me fait corriger régulièrement ma position et ma tenue de rênes, avant que la séance ne s'achève quelques instants plus tard. La Monitrice prononce alors le mot de la fin :
- Bon. La semaine prochaine, nous travaillerons la contre-incurvation. Z'avez intérêt à réviser !

Ah mais, il n'y a pas de soucis. Epôl' end'dans, passage, piaffer et autres croise-papattes, je suis toujours disposé à faire des nœuds avec les chevaux !

Je lui ai fait un gros câlin à Don Nuevo. C'est fou comme les vieux chevaux peuvent être attachants. On imagine sans doute les vieux bêtes de clubs passablement usées, à la bouche dure et désensibilisée par des armées de cavaliers maladroits. Ce vieux clou est décidément une belle surprise.

Lui aussi, je l'aime.

Allez, je pars réviser la contre-incu'. Jeudi prochain, j'ai interro !

vendredi 18 novembre 2011

Frac en vrac

Jeudi 17 novembre 2011

L'équitation est une discipline éminemment jouissive, capable de nous procurer une bonne dose de bonheur et de chasser en une petite heure toute trace de morosité qui pourrait nous parasiter l'esprit.
D'ailleurs, à la seconde précise où je grimpe en selle, en m'agrippant à la crinière de la bête telle une terreur des cours d'école tirant les cheveux des fillettes, je m'imprime alors un sourire qui ne me quitte le visage que bien après la fin de la reprise et qui m'accompagne généralement jusqu'aux portes de mon sommeil.
A contrario, il existe une équitation stricte, éminemment rigoureuse, et où l'absence de fantaisie et l'excès de sérieux se traduit auprès des cavaliers qui la pratique par un visage fermé et, semble-t-il, hermétique à toute émotion. Et c'est fort dommage. Je considère justement que l'émotion est le principale moteur de l'alchimie qui s'opère entre le cavalier et sa monture, que lâcher un petit sourire de temps en temps est à la fois bon pour le cavalier, et certainement pour le cheval qui, s'il est sensible au stress de celui qui s'accroche à son dos, ne peut que ressentir la joie et la décontraction du cavalier heureux.

Bref, l'équitation qui fait la gueule, ce n'est pas franchement ma nature. Bien au contraire, je m'imagine parfois, en me projetant quelques années dans l'avenir, sur un carré de dressage en tenue d’apparat, frac et haut de forme, déroulant une reprise de haut niveau sur un cheval de grande classe eu rythme d'une musique magnifique. Cette simple idée me fait sourire, comme un gamin qui imagine l'ouverture de ses cadeaux un soir de Noël.
Evidemment, si la reprise tourne au cauchemar, cheval vilain et chute en cascade, faire preuve d'un flegmatisme absolu, quand bien même l'on se retrouve couvert de sable de la tête au pied avec son pantalon blanc, c'est drôlement classe.

D'ici là, ce soir, c'est tenue d'hiver et grosse jument tachetée. Je retrouve enfin la Mô depuis plusieurs mois après le faux départ de la semaine dernière. Manifestement, elle m'en veut de lui avoir fait faux bond au profit de Panzer Quick et refuse net toute velléité de câlins, et encore moins que je lui tripote la crinière. Garce. Elle sera tout de même quitte pour un bon coup d'étrille, elle ne déroge pas à son habitude de se couvrir les flancs de crottin bien frais. Dans l'écurie, résonne cette petite comptine :
- Mowara, elle est caca. Esparade, il est tout crade. Hidalgo, il est tout bô.

A la sortie de l'écurie, c'est toujours plus ou moins la même question qui ressort au moment de rejoindre le manège.
- On fait quoi aujourd'hui ?
- Vu qu'on a sauté la semaine dernière, en principe aujourd'hui c'est dressage, réponds Maricha. D'ailleurs, quelqu'un aurait un stick ?
- Ben, non, lui dis-je. Je n'ai même pas pris ma cravache, alors ! En principe, avec la Mô, c'est un accessoire inutile !
En principe...

Sauf que maintenant, c'est fini les enfantillages. Les longues reprises à faire les coins et tourner comme des bourriques à travailler l'incurvation, nous sommes sensés connaître ça sur le bout des doigts. La Monitrice considère donc que nous sommes assez grands pour passer une étape supplémentaire dans l'art du dressage.
- Aujourd'hui, nous allons travailler les hanch' end'dans.

Ha ! En voilà une nom qui sonne merveilleusement à mes oreilles ! Si l'on commence à travailler trous les trucs end'dans, les grands arcanes du dressage de haute école n'aura bientôt plus de secrets pour nous ! Bientôt passage, piaffer et appuyers, Anky, Edward et les grands étalons noirs germano-néerlandais à x millions d'euros doivent faire dans leur frac à l'heure qu'il est.

Evidemment, cette considération hautement surévaluée ne tient que les quelques instants qui précèdent le début de l'exercice. J'essaye tant bien que mal de mettre en place jambe isolée, jambe de position et couloir de rênes tel que préconisé par La Monitrice, mais la grosse Mô semble relativement peu sensible à mes sollicitations.
- Si votre monture refuse de chasser les hanches, un petit coup de cravache derrière la jambe de position devrait vous aider, précise La Mono.
Sauf que, couillon comme je suis, j'ai laissé la cravache au fond du sac, restant sur l'idée que la Mô fait tout ce qu'on lui demande sans sourciller.
Sauf les exercices de pliage de chevaux, peu aidée il est vrai du fait d'une raideur certaine.

Bon, je ne reste pas là sans rien faire, et faute d'instrument idoine, je prends les rênes d'une main et vient picoter avec mes doigts l'arrière main de la jument pour l'inciter à bouger ses fesses. Elle sursaute un bon coup, et, à ma grande surprise, déplace ses postérieurs en piste intérieure comme précisé dans le manuel. Victoire !
Même topo à l'autre main, où effectivement je regrette de n'avoir pas de stick à disposition pour bouger les fesses de Mowara avec plus de douceur et de discrétion. Il n'empêche, pouvoir plier ainsi sa monture comme les grands est un plaisir de fin gourmet.

Bon, je ne vais investir dans le frac tout de suite, au rythme actuel quelques dizaines d'années seront nécessaires avant que je ne puisse rivaliser avec les cadors du dressage, mais une fois la séance terminée, j'ai tout de même le bonheur de rentrer chez moi avec le sourire aux lèvres.

Et ça, même les meilleurs écuyers du Cadre Noir ne pourront me l'enlever.

lundi 14 novembre 2011

La puce et l'éléphant

Jeudi 10 novembre 2011

Dans les paddocks, il a beaucoup été dit et médit sur le physique atypique de Quick. Qu'il est soi-disant disgracieux, mal fichu, taillé à la serpe avec un nez busqué, lourd et musculeux avec une liste qui ne ressemble à rien. Certes, à y regarder de près, et en dépit de son gène Selle Français (dit de section "B", sans doute réservé aux quelques ratages que la race puisse produire), il est vrai qu'il tient nettement plus du char d’assaut germanique que du pur-sang arabe.
Durant ces derniers mois, et au gré des occasions qu'il m'a été donnée de fréquenter le bestiau que ce soit dessus ou dessous la selle, un certain nombre de surnoms et sobriquets plus ou moins affectueux sont venus ponctuer mes chroniques. Qiou, Mr Q ou encore GrôQuick désignent amoureusement ce petit monstre. Mais après mûre réflexion, et à l'issue de cette dernière reprise, je pense lui attribuer définitivement le blase de Panzer Quick qui lui sied comme un gant de boxe. Et encore, j'abrège. Si je devais m'en tenir à la nomenclature officielle, son nom complet serait Panzerkampfwagen IX Quick Ausführung Q Sonderkraftfahrzeug 2004, mais il n'y a pas assez de place sur la plaque du box.
Ni même sur la porte d'ailleurs.

Bref, selon le principe d'une séance de saut toutes les trois reprises, en comptant correctement sur mes doigts j'en déduis que ce devrait tomber ce soir. En dépit des deux petites gamelles que Panzer Quick m'ait gratifié les dernières fois où j'y avais posé mes fesses, j'espérais secrètement qu'il me fut de nouveau attribué. Petite pointe de déception quand je découvris mon prénom, pourtant initialement inscrit dans sa case, proprement barré et reporté dans celle de Mowara.
Bon, ce n'est pas un mauvais choix pour autant, mais je reste surpris qu'il ne soit réservé à Flo'. Sauf que... En cette veille de grand week-end, pas mal de cavaliers semblent être déjà en congé et manifestement Flo' ne sera pas de la partie ce soir.

Bon, je vais quand même retrouver la Mô que je ne suis pas mécontent pour autant de retrouver, lui fait un pansage en règle et lui tresse trois vilaines nattes sur la crinière. Au moment précis où je m’apprête à seller la bête, voilà donc que j'aperçois la tête de Flo' dépasser de la porte du box !
- Euh... Daniel, en fait, je n'aurais pas du être là, mais finalement, je suis quand même venu. Donc, La Mono m'a donné Mowara à monter ce soir...
- Ah ! Et laisse-moi deviner, je monte Quick, c'est ça ?
- C'est ça !

Héhé. Content.
Et puis ça m'arrange bien, ne serait-ce que pour mon l'écriture de mon introduction, parce-que Panzer Mo, ça sonne nettement moins bien que Panzer Quick.

Bon, il ne me reste que quelques minutes pour l'équiper. Je passe tout de même un coup de brosse par acquit de conscience, et en posant ma main sur sa croupe, je reste coi.  Ce grand nigaud a un poil doux comme un chaton ! J'ai tellement envie de m'y lover que j'y pose ma tête comme sur un coussin. Je m'y serais volontiers endormi s'il n'y avait pas une reprise imminente à assurer !

Finalement, en comptant les quelques propriétaires qui se sont greffés dans le cours, nous sommes une bonne dizaine à se partager un manège limité en dimension. Lors de la détente, c'est un peu le bazar au moment d'accélérer les allures, surtout avec un Quick toujours aussi lourd aux commandes, bien que moins casse-pieds que d'habitude, et qui ne cherche qu'à aller faire des bisous à Quartz, un grand trotteur noir de propriétaire orné d'une pelote atypique. Sa "maman" lui trouve une forme de cœur, moi, elle me fait plutôt penser à un crâne de bouc, c'est selon.
Mais bon, Quartz, lui, n'aime pas trop fréquenter ses congénères, et sa maman, pas tout à fait rassurée, demande si Quick n'aurait pas quelques velléités de méchanceté. La Monitrice lui répond alors :
- Quick ? Naaaaan. Lui, c'est juste un gros shetland !

Les obstacles du jour : deux verticaux à enchainer au trot le long du pare-botte. Panzer Quick y va au rythme d'un char lourd, c'est à dire très très tranquillement. A tel point qu'au bout du troisième ou quatrième passage, je me fais très sérieusement enguirlander par La Monitrice qui me reproche justement mon train de sénateur. Tout le contraire de Quartz, qui, lui, semble particulièrement excité par les barres au point que sa cavalière laisse l'impression de ne plus trop contrôler la situation...
Et ce qui devait arriver arriva, le grand noir fait une dérobade après le premier vertical et vient précipiter sa propriétaire dans le chandelier de l'obstacle suivant. Boum. Bobo. Eliminée...
Intérieurement, je me dis que c'est finalement agréable d'y aller mollo, mais au rythme de Quick, il va finir par y aller en reculant si je ne reprends pas sérieusement les choses en main.

Bref, je réinjecte un peu de gaz dans la bête qui se prête finalement à l'exercice sans sourciller. Et ce n'est pas plus mal, car pour terminer la soirée, La Monitrice se met à rapprocher les deux obstacles de façon spectaculaire.
- Woaw, ils sont drôlement près l'un de l'autre, non ?
- Et oui. Ça, vous voyez, ça s'appelle un saut de puce !
- De puce ? Pour nous, une puce c'est tout de même le format en dessous du cheval...
- Ne nous inquiétez pas. Vous allez voir, vos chevaux font ça très bien !

Effectivement. Je me lance avec une certaine curiosité, et hop-hop, ça saute tout seul ! Mais c'est carrément rigolo, cet exercice !
Quelques passages agréables, et comme d'habitude, c'est au moment où je commence à prendre mon pied avec une monture bien calée qu'il est déjà l'heure de mettre les chevaux au descendoire. Snif, snif...
Trop triste de laisser le Quick ce soir. Et en plus, il ne m'a même pas fait tomber, le gros shet' !
Bon. Une fois au box, je me console en piquant en roupillon la tête contre sa croupe toujours aussi douce et agréable au toucher.

Pour Noël, c'est décidé, je commande un coussin en cul de Quick.

mercredi 9 novembre 2011

Epidémies

Jeudi 3 novembre 2011

L'ensemble des cavaliers reprenant les cours cette semaine paraît atteint d'un mal étrange, encore peu connu de la science mais semble-t-il courant dans le milieu de l'équitation. Elle se traduit par différents symptômes facilement reconnaissables. Bouffées de chaleur, suées, douleurs musculaires et fortes courbatures en sont les signes les plus évidents. Il est tout à fait regrettable que les médecins ignorent jusqu'à l'existence même de cette redoutable pathologie, me privant ainsi de quelques jours d'interruption temporaire de travail pourtant bien mérités.

Quand la porte de la salle d'attente s'ouvre après une demi-heure de lecture de presse douteuse, le toubib me fait enfin entrer dans son cabinet. Une fois en tête-à-tête, je lui expose l'ensemble de ces petites tracas physiques sources de ma visite. Après qu'il ait approfondi le sujet par une batterie de questions diverses en rapport avec mes activités personnelles, il a rigolé, et a annoncé simplement que je souffrais de misenselle, une pathologie courante dans le milieu de l'équitation, en particulier dans la semaine suivant une période de vacances. Il précise que ce n'était rien de bien méchant et que je m'en remettrai avec une bonne nuit de repos et quelques verres d'eau.
N'empêche, ça picote...

Mais je m'y attendais un peu, je l'avoue. Lors de cette rentrée, le seul suspense était de savoir sur quelle bestiole il m'allait être donné de passer cette séance de remise en forme. Je suis plutôt bien loti avec le noiraud Gulliver, réputé confortable à toutes les allures. Déjà ça de pris.

En rentrant dans l'écurie, Reflet, un cheval de propriétaire, est entouré par divers individus pleins d'attention à son égard. Un voilà qui a de la chance d'être autant choyé ! Pour ne pas faire de jaloux, je papouille longtemps un Okilébo particulièrement réceptif ce soir, me laissant présager qu'il est tout à fait disposé à être choupi avec moi ce soir.
Je lui passe un gros coup de bouchon pour essayer d'atténuer toute l'humidité accumulée lors d'une précédente reprise particulièrement humide, l'équipe dans les règles et l’accommode d'une tresse de queue inversée qui fait l'admiration de quelques jolies cavalières.
Mais l'enthousiasme retombe aussi sec, si j'ose dire. Car il se passe au moment précis de rejoindre le manège un évènement considérable et totalement inédit.
Ce soir, il pleut, et pas qu'un peu...
Oh, ça peut sembler totalement dérisoire, surtout que le grand manège nous tend les bras pour nous abriter de ces précipitations, mais je me dois de préciser qu'en un an et demi de pratique équestre, cela ne m'était encore JAMAIS arrivé ! Moi qui pensait bénéficier d'une espèce de bénédiction divine, de pacte avec les cieux et d'une sorte d'invincibilité météorologique, je dois malheureusement déchanter, je ne suis qu'un cavalier lambda, et non pas l'Elu que j'aurais souhaité incarner. Crotte.

Gulliver, heureusement, est là pour me remonter le moral. Il reste toujours un peu long au démarrage, traine tellement la patte en début de reprise qu'il se prend régulièrement les pieds dans le sable en l'en faire trébucher. Mais après m'être appliqué le réveiller consciencieusement, il me gratifie durant la détente de quelques tours de galop à dérider le plus austères des mormons. C'est donc avec sérénité que nous attaquons cette rude séance de mise en selle.
Étriers en position jockey, jambes fléchies et fesses légèrement au dessus de la selle, l'exercice est sans pitié pour nos gambettes. A ce jeu là, les petits vieux de la reprise, dont je fais partie, s'en tirent plutôt avec les honneurs et donnent la leçon à de plus jeunes cavalières qui ne cessent de crier grâce. Elles ne commenceront qu'à souffler qu'une fois que La Monitrice nous ait demandé d'enchainer des tours de galop assis, sans étriers, sur deux cercles distincts. Une balade de santé, quoi.

Fin de reprise, nous retournons dans l'écurie, où Reflet est toujours autant entouré. Ça en devient presque louche... D'ailleurs, dans l'assistance s'est joint un monsieur en combinaison équipé de divers équipements et matériels. Bon sang, mais c'est le vétérinaire ! Reflet, passablement groggy par un tord-nez, est en colique et le véto s'apprête à lui faire passer un gros et long tuyau par les naseaux de façon à aller lui vidanger l'estomac. Une fois le tuyau en place, il y pompe des litres et des litres d'eau qui en ressortent avec la mixture source de tous ces tracas. Presque dix gros seaux d'écuries seront injectés afin de soulager le pauvre cheval qui s'en remettra plutôt bien.
Impressionnant...

Du coup, je m'en retourne faire quelques grattouilles au petit noiraud qui l'a bien mérité, la vie de cheval peut parfois tenir à peu de choses.

vendredi 4 novembre 2011

Minauderies

Jeudi 20 octobre 2011

Ce n'est pourtant pas compliqué à comprendre : la dernière reprise précédent une période de vacances est traditionnellement consacrée aux jeux. Il y en a pourtant qui s'en étonne et parfois s'en offusque...
- Oh non, je viens pour rattraper un cours, et on fait des jeux. Encore une reprise pour rien...
Alors ça, nous n'avons même encore décroché les selles qu'il y en a qui commencent déjà à se plaindre. Ambiance...

Cela avait pourtant débuté de façon amusante, dans le bureau, au moment de s'attribuer les montures au bon vouloir des cavaliers. J'avoue dans un premier temps ne pas trop savoir laquelle choisir. Les chevaux rigolos du genre Quick ou Rosire ne sont pas disponibles et je me creuse les méninges pour savoir vers lequel je porterai mon choix ce soir.
- Tiens, Daniel, tu ne prends pas Mowara ?
- Non, je pense le laisser à Flo'. Depuis quelque temps, elle a l'air de s'y attacher ! Je crois que je vais plutôt choisir Granolat, ça fait bien longtemps que je n'ai pas posé mes fesses sur cette satanée trotteuse.

Quelques minutes plus tard, Yo croise Maricha qui déambule dans l'écurie.
- Tiens, toi non plus, tu ne prends pas Mowara ?
- Nan, nan. Je vais être sympa, je vais la laisser à Flo'.
Et quand Flo'  arrive :
- Mais, Flo'... Tu ne prends pas Mowara ?
- Nan, j'en avais un petit peu marre. J'ai préféré Gulliver ce soir.
Et bien entendu, quand la dernière cavalière débarque sur place :
- Ah ben zut, il ne reste plus que Mowara...
Ben oui, dernier arrivé, dernier servi ! Sauf l'inévitable Niko, qui s'est fait attribué d'office, et à sa demande, son fidèle Esparade dont les fulgurances pourront être bien utiles lors de cette reprise ludique.

En attendant, il est en train de se faire soigner le dos à l'aide de patch chauffant par ses groupies, laissant présager qu'il ne s'est pas tout à fait remis de son splash de la semaine précédente.
C'est très décevant. Avoir un vis-à-vis un brin diminué, cela enlève beaucoup de piment à l'opposition, même si cette gêne physique ne l'a en rien dissuadé d'apporter quelques mignardises à l'occasion du petit pot prévu pour la fin de la reprise. Mais cette imprudent ignore encore que j'ai sorti ce soir l'artillerie lourde...

Dans la carrière, Esparade est intenable. A la moindre mouche qui pète, le voici qui part au galop pleine balle emmenant un Niko souffrant manifestement des séquelles de sa grosse gamelle. Ne pouvant pleinement lutter à arme égale, il préfère donc mettre pied à terre et abandonner la partie.
Et voilà, éliminé pour le seconde fois. Si j'étais vilain, j'aurais volontiers  écrit "bien fait", mais je ne peux m'empêcher d'éprouver un brin de compassion à son égard. Rassurez-vous, la simple idée de le voir déballer des gâteaux en fin de soirée me ramène vite à la raison. En matière de lutte pâtissière, je ne saurais faire preuve de tant de faiblesse.

Bien fait, donc.

La reprise continue sans lui. Après le relais aux quatre coins, La Monitrice propose un Éperviers. Et à la première chute, ça recommence déjà à minauder...
- Oh non, pas les Éperviers...
- Je tombe tout le temps à ce jeu-là !
- Nous sommes trop nombreux !
- On pourrait pas faire le jeu du Béret plutôt ?
Pfff... Passablement agacée, La Mono finit par abandonner la partie d’Éperviers pour organiser une séance de Béret. Riche idée des filles... Les températures se cassant la figure à une vitesse vertigineuse, nous voilà donc à nous geler les miches à attendre que notre numéro soit appelé afin de pouvoir bouger un peu. Et entre temps, nous restons cinq bonnes minutes à ne rien faire dans le froid en lieu et place de faire travailler nos chevaux et nous avec... Et pour la première de ma vie de cavalier, j'ai eu froid à cheval !
Nul.

Bon, je nuance le tableau, car Granolat a été super-chouette tout au long de la séance, et ça vaut bien quelques orteils congelés. Je suis surtout enthousiaste à l'idée d'aller attaquer le buffet concocté de façon collégiale par l'ensemble des cavaliers de la reprise.
Cakes divers, boissons, gâteaux apéritifs, cocktails maisons, ces amuse-bouches tombent à point nommé pour nous sustenter par ses températures hivernales.

Niko, lui, a ressorti ses sublimes cookies dont j'avais écrit le plus grand bien il y a quelques temps déjà.
Le fourbe.

M'en fiche, j'ai confectionné des macarons.
Et toc.

mercredi 2 novembre 2011

Dans la cour des grands

Jeudi 13 octobre 2011

La Monitrice nous l'avait annoncée il y a quelques temps. Fini les gamineries, désormais, et c'est écrit dans le marbre, nous sauterons toutes les trois semaines. Et justement, ça tombe ce soir.
Je retrouve le GroQuick avec lequel il semblerait que j'ai pris un abonnement saut, me rappelant toutefois que la dernière séance aérienne avait été effectué en partie, et en partie seulement, sur son dos. Quand on se rappelle de la mauvaise aura qu'il inspire et du peu de pratique dont je dispose, je ne me peux m'empêcher de ressentir une certaine fierté à monter un cheval à la réputation sulfureuse au cours d'une séance de saut. Youpi.

Bref, je prends le temps de taper la discut' avec la bête, histoire de sonder l'humeur dans lequel il se trouve ce soir. A ma grande déception, il me parait un peu distant, et semble relativement indifférent aux mots doux et caresses appuyées que je m'efforce pourtant de lui fournir en flux continu. J’espère qu'il ne rentrera pas en mode lourdingue comme ça peut lui arriver parfois, mais je ne le sens pas très réceptif. J'ai entendu dire ici et là qu'il n'aimait pas travailler la nuit, et au vu de l'éclairage limité de la grande carrière, cette séance ne devrait pas lui faire trop plaisir...

Mais je laisse tout ça de côté et achève de le mettre en beauté. Et pour parfaire la préparation de l'engin, il ne me reste plus qu'à mettre en place les jolies protections récemment envoyées par Popy.
J'ouvre le sac, fouille et refouille au fond, et... rien ! Je vide quelques affaires qui encombre l'accès, regarde plus attentivement dans chaque recoin, et... rien non plus ! Merdalors, moi qui pensait crâner de plus belle avec mes derniers accessoires professionnels, me voilà tout déçu de réapparaître sur la carrière tel un cavalier ordinaire !
Dès le retour à la maison, il va falloir que je mette à jour ce mystère...

En attendant de pénétrer tout penaud dans la carrière, j'interpelle Niko rentrant dans le box de Rosire, sa monture du soir.
- Tiens, j'ai fait des cookies ce soir !
- Et moi des muffins, deux parfums, ainsi que des moelleux au chocolat.

J'ai attrapé Quick par la queue et suis alors allé aplatir Niko avec.
Mine de rien, ça fait du bien.

Une fois tout le monde en selle dans la sombre carrière, Qiou me confirme son manque de bonne volonté. J'ai un mal fou à le réveiller, lui faire maintenir les allures lors de la détente et lui injecter un semblant d'impulsion. D'autant que je reste sur mes gardes, n'ayant pas oublié le magnifique mouvement d'épaule qu'il m'avait enseigné trois semaines auparavant.
D'ailleurs, en passant sensiblement au même endroit où il m'avait proprement déposé par terre, il me semble ressentir quelques velléités de récidive. Je ne m'en laisse pas compter et, au moment précis où je sens son encolure frétiller vers le sol, j'applique consciencieusement la jurisprudence Rosire appliquée la semaine dernière, à savoir me redresser promptement et lui relever la tête.
- Ah, tu ne t'y attendais pas à celle-là, hein, mon grand nigaud d'amour ?

Mais Quick a plus d'un tour d'un son sac. A peine ai-je pensé être sorti d'affaire, qu'il fait mine de trébucher en pliant les antérieurs, formant ainsi avec son dos une jolie petite pente qui me fait doucettement glisser vers l'avant. Je me retrouve alors fermement accroché à son encolure, position me permettant ainsi de lui chuchoter à l'oreille :
- Ah, tu vois je suis encore là...
Et à Qiou de finir de me déposer au sol en tournant simplement la tête sur le côté. Et il conclut ainsi :
- Et celle-ci, tu ne t'y attendais pas non plus, n'est-ce pas ?

Je suis admiratif, vraiment. Technique magnifique, second ippon parfait en autant de séance. J'hésite à lui mettre sa rouste tellement son mouvement était d'une grande limpidité. Comment voulez-vous en vouloir à une bestiole qui est capable de tels éclairs de génie ?
D'ailleurs, je suggèrerais de le nommer illico ministre des Sports. Après tout, il n'a pas moins de qualifications que celui qui en occupe actuellement le fauteuil.

Bon, il faut reconnaître que ce gros nigaud a tout de même un talent fou pour me mettre en confiance au moment opportun. Alors que je me réjouissais d'aborder une paire d'obstacles inédite, me revoilà en train de royalement pisser dans mon froc au moment de se lancer dans l'inconnu. Je suis tellement tendu que j'en oublie royalement l'exercice à effectuer. Celui-ci mérite pourtant le détour.

Un premier obstacle est dressé sur la diagonale. Quelques mètres plus loin est disposé un gros plot bleu sur lequel La Monitrice a tranquillement pris place. Et il s'agit, juste après avoir négocié ce premier vertical, de virer suffisamment court afin de passer devant elle avant d'effectuer un quasi-tour complet avant d'affronter le second vertical disposé dans la largeur. Un joli petit enchainement auquel je ne m'étais encore jamais frotté.

Une fois que la plupart de mes collègues y soient passés, il faut bien que je me décide à aller au casse-pipe. Et le seul moyen que j'ai trouvé d'évacuer la pression, c'est de me dire que je suis déjà mort.
Et là, ça va tout de suite mieux. Qiou part au petit trot, m'emmène devant le premier obstacle et m'offre un joli petit vol sans histoire.

Bon, j'admets, GroQuick me redonne confiance aussi vite qu'il me l'enlève. Il m'a suffit de ce simple petit saut pour démystifier l'exercice, à tel point, que j'en oublie de tourner serré devant ce fichu plot... Remontrance de la Monitrice, je demande alors le galop pour aller franchir la seconde barre aussi tranquillement que Quick m'a fait passer la première.
Il a quand même quelques bon moments, le bougre.
Pour les passages suivants, il fera preuve d'une incroyable mauvaise volonté pour prendre le galop, mais au moins, sur les barres, il est drôlement choupi.

On ne peut en dire autant de Rosire. Ce bogoss a une technique encore un peu rustre pour franchir les obstacles, probablement inspirée des meilleurs sauteurs en hauteur. Non pas qu'il les passe en Fosbury, mais il a une fâcheuse tendance à piler juste avant la barre avant de la franchir dans un trajectoire assez proche d'une chandelle rugbystique. Le cavalier est donc d'abord projeté vers l'encolure avant de repartir aussi sec en arrière.
Niko, monté sur sa selle, n'y est manifestement pas préparé et termine ainsi par terre par un magnifique plat sur le dos auquel il ne se remettra pas.
Éliminé.

Et oui, nous ne partageons pas que les pâtisseries, nous partageons les gamelles aussi...

A l'issue de deux ou trois passages chacun assorti de chutes diverses, La Monitrice nous rappelle à quel point le regard est important pour diriger la trajectoire et que nous avions largement la place de virer sec après le premier obstacle.
Et qu'elle va nous en faire la démonstration en envoyant Priaple, un cheval de propriétaire, et sa cavalière sur les barres qu'elle a très généreusement relevées, bien au-delà de nos propres capacités. Du moins, des miennes.
Et là, nous assistons sous nos regards admiratifs à une magnifique leçon d'équitation. Un enchainement propre, fluide et aérien qui nous aurait mis sur le cul si nous n'étions pas déjà assis sur une selle.
Priaple passe et repasse encore au fur et à mesure que les barres continuent de monter vers des côtés vertigineuses.
- Mais, euh... Il y a combien là ?...
- Juste 1m10.  Mais là, c'est pour faire facile, hein !

J'ai cru un bref instant que La Mono allait nous demander d'y aller à notre tour, mais sur cette belle démonstration, nous sommes renvoyés vers nos boxes encore tout ému du spectacle qui nous a été offert ce soir.
Je remercie Quick pour le bon moment qu'il m'a fait partager en dépit de ses multiples facéties, et je rejoins le bureau où Niko a déjà déballé ses amuses-bouches.

Même éclopé, il m'énerve.

§

De retour à la maison, je jette un coup d’œil dans la chambre de ma fille où celle-ci fait un gros dodo. A côté de ses doudous, il y a un grosse peluche cheval toute noire à laquelle elle est très attachée.
Un détail m'intrigue pourtant dans la semi-pénombre... Je plisse les yeux, les laisse s'habituer à l'obscurité... et retrouve sur ses pattes les fameuses guêtres et protège-boulets qui m'avaient fait défaut ce soir !

Coquine, va