mardi 26 octobre 2010

Stage, décollage et Altesse Royale - seconde partie

 25 octobre 2010, l'après-midi

14h00 : rassemblement de toute la troupe dans le petit manège, La Monitrice va distribuer les montures aux stagiaires. J'aime beaucoup sa façon de me regarder d'un air interrogateur en faisant la moue, histoire de bien marquer une réflexion intense et de ménager le suspense quant au cheval qui me sera confié pour la prochaine reprise...
- Bon, Daniel, pour toi ce sera... Ce sera...
- Oui ?
- Allez, je te donne Mowara.
- Haaa !
- Oui, pour ce qui est prévu cette après-midi, ça vaudra peut-être mieux. :)
- Oh...

Un petit indice me met la puce à l'oreille : même si Momo est loin d'être un Pullman au galop, elle a toutefois la réputation d'être une sauteuse rassurante et particulièrement bien adaptée aux débutants. Bref, ça sent la barre et le chandelier...

Arrivé au montoir, je mets en application l'expérience acquise le matin même en rallongeant généreusement mes étriers de trois bons trous. Une fois en selle, la position semble me donner satisfaction, quand le moniteur confirme ce que nous pressentions quelques minutes auparavant :
- Bon, cet après-midi, nous allons faire un petit peu de saut. Pour cela, vous allez me raccourcir vos étriers de trois trous !
Ben voyons... :/

Durant la prochaine demi-heure, nous allons donc nous démener pour essayer d'intégrer le principe de l'équitation en équilibre, en vue, bien évidemment, de nous préparer à notre première session de saut. Certains semblent déjà familiers de la chose, mais de mon côté, l'apprentissage est plus que chaotique. Cette brave Mowara me prête avec beaucoup de patience quelques brins de sa crinière pour me porter secours, je ne l'en remercierai jamais assez.
Au galop, le truc commence à rentrer. Je me surprends même à lâcher la crinière sur quelques foulées, puis sur un tour complet. Tout ceci est prometteur, et même agréable les brefs moments où je semble être à peu près en place.

Dans la carrière, entre deux chandeliers, le moniteur a installé deux barres au sol qui me regardent d'un air méchant. Mine de rien, même posées au sol, ça fait son petit effet sur le cavalier débutant...
- Euh, c'est pas un petit peu haut pour commencer ?
- On peut toujours creuser pour enterrer les barres, mais ça risque de faire perdre un peu d'intérêt à l'exercice...
Je lui concède ce point.
Pour corser l'affaire, aux abords de l'obstacle, deux paires de plot ont été placés dans le but de soigner les trajectoires.

Les premières barres se franchissent au trot. Je me révèle incapable de lâcher la crinière, ayant toujours cette impression d'être trop haut sur mes étriers... Mais ces premiers obstacles se passent sans encombre, ouf. :) L'exercice est répété aux deux mains, en essayant autant que possible de focaliser mon regard au loin.
D'ailleurs, pour s'entrainer à ne pas regarder par terre, le moniteur nous demande au passage des barres de décrire ce que nous regardons.
A savoir, de l'autre côté de la barrière, se trouve la grande carrière au milieu de laquelle trône un arbre. Sous l'arbre se trouve Aurore, une autre monitrice qui fait cours à un autre groupe de stagiaires manifestement plus aguerris. A la demande de notre moniteur, la plupart des cavaliers qui me précèdent cite l'arbre comme point de repère.
De mon côté, je ne peux m'empêcher de citer Aurore...
- Et bien, quelle succès, cette Aurore ! S'exclame le moniteur.
- Ben oui, le centre est bondé de jolies monitrices, je trouve dommage de se focaliser sur les arbres...

L'exercice au trot s'étant fait sans encombres, il est alors temps de passer à l'étape supérieure, non seulement en remontant les barres, mais en y allant cette fois-ci au galop.
C'est à l'entame de cet exercice hautement périlleux que Beltane décide de me rendre visite. Ce n'est pas très gentil de venir me troubler alors que je fais face aux pires périls... ;)
En allant la saluer près de la barrière, je manque même de provoquer un accident en croisant le premier candidat à la chute qui s'était élancé sans m'avoir vu en train de compter fleurette près de la barrière...
Rien de bien grave toutefois, je rejoins le groupe sain et sauf et attaque ce moment tant attendu, ce premier saut au galop source de toutes les angoisses, que je n'imaginais pas effectuer de sitôt. La présence d'une supportrice s'ajoute à une pression déjà conséquente, mais j'entame cette course vers l'obstacle avec un certain enthousiasme, heureux d'en découdre pour la première fois face à cette épreuve mythique.
Départ au trot, puis au galop sans soucis. Je soigne la trajectoire quitte à prendre large, afin de ne pas rater les plots. A l'abord, je saisis une poignée de crins et me pose en équilibre, ou du moins ce qui doit y ressembler.
Et hop, ça vole. Comme ça, en silence, sans encombre, avec une certaine douceur. Le regard loin porté, tout s'est fait de façon presque imperceptible, et s'en est presque frustrant ! J'aurais voulu regarder l'obstacle, lui passer dessus en lui tirant la langue en signe de pied-de-nez !
Je confirme, Mowara n'a pas usurpée sa réputation, c'est décidément une perle. Discrètement, je lui chuchote à l'oreille tout le bien ce que je pense d'elle, elle en sera quitte pour une grosse séance de câlins après la reprise

Trois ou quatre autres passages auront lieu par la suite, et je me surprends même à lâcher la crinière pour le dernier saut. Cette dernière note positive me comblera définitivement de bonheur après une vraie belle journée d'équitation.
Le soir, j'avoue avoir eu un peu de mal à monter les escaliers... Ce qui me permet de répondre à cette question qui a hanté mon esprit toute la journée : les moniteurs d'équitation nous veulent-ils du mal ?

Certainement, mais qu'est-ce qu'on aime ça 

L'équitation est le seul sport aérien qui nous fasse décoller sans jamais nous faire atterrir.

5 commentaires:

  1. Le saut... Cette impression de voler et d'être libre, c'est génial!
    Un truc qui est super sympa à faire c'est de sauter des petites hauteurs en fermant les yeux, les mains sur la tête, les deux cumulés...
    Puis quand on saute un mètre alors là, c'est le bonheur, l'impression d'un saut interminable...
    Très jolie dernière phrase!
    (Sauter à cru est très bien pour l'assiette et la confiance en soi et son cheval aussi! =P ).

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  2. Il y a deux semaines, durant les jeux équestres mondiaux, j'avais visualisé une vidéo réalisée sur la parcours de cross avec une caméra fixée sur le casque du cavalier.
    J'avais été surpris par le temps de suspension du cheval au dessus de l'obstacle ! Depuis, et avec cette première expérience, j'ai hâte d'aller tâter des barres plus élevées ! :)

    Vivement la suite. ;)

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  3. ... quelle phrase magnifique à la fin...

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  4. Très sympathique le blog
    Et aussi très belle phrase à la fin ^^

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  5. Magnifique phrase à la fin !

    Et oui, la sensation de voler est bel et bien unique à l'équitation...

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