mardi 26 octobre 2010

Stage, décollage et Altesse Royale - première partie

25 octobre 2010, le matin

Les moniteurs d'équitation nous veulent-ils du mal ? C'est un peu la question que je me suis régulièrement posé lors de cette longue journée d'équitation riche en émotions et en exercices tous aussi casse-gueulogènes les uns que les autres. On m'avait pourtant prévenu que les moniteurs avaient à leur disposition tout un arsenal d'exercices tordus à destination des cavaliers les plus retors, et j'ai pu goûter en cette belle journée à quelques échantillons gratinés.

Oui, en journée, car en cette semaine de vacances, des sessions de stages sont organisées en remplacement des cours habituels. Histoire de ne pas faire de coupure préjudicieuse à mon moral, je me suis donc inscrit pour cette journée de lundi et découvrir à quelle sauce j'allais être mangé durant ces trois heures d'équitation.
Lors de l'attribution des montures, La Monitrice, la fameuse, fait mine de réfléchir avant de m'attribuer mon habituelle Mowara. Elle a manifestement senti que je commençais à nouer certaines affinités avec cette grosse pie, et me la confie donc pour la matinée, que grâce lui soit rendue. :)
Je retire un point de sadisme aux moniteurs d'équitation.

Mais aujourd'hui, il y a du changement, et pas des moindres, car la monitrice du jour est un moniteur...
Pas moins sympa pour un sou, il nous réserve cependant tout un tas d'exercices de mise en selle sympathiques. Après une traditionnelle détente tranquille aux trois allures, nous sommes priés de ranger les étriers et de s'échauffer les fesses au trot assis sur un grand cercle.
Jusque-là tout va bien. Mais la suite est évidemment plus corsée...

La première étape consiste à réaliser un nœud avec les rênes. L'exercice en soi n'est pas difficile, mais me rappelle cette image de Lucky Luke passant le fil à travers le chas de l'aiguille au galop sur son mythique cheval de western.
Oui, la comparaison est flatteuse et très exagérée, mais la suite s'annonce moins à mon avantage, alors autant se donner de suite un bon coup de moral. :)
Il s'agit d'aller toucher, toujours au galop assis, les oreilles de sa monture, sachant que la mienne les a particulièrement sensibles... Bah, je m'exécute avec bonne grâce, mais considérant la position à tenir pour effectuer l'exercice et la forme particulière de la selle, en particulier au niveau du garrot, je suis soumis à une nouvelle forme de souffrance que la catégorie la plus féminine ne saurait connaître.
Un point de sadisme pour le moniteur, un.

La sévice suivante consiste à aller toucher le haut des piquets qui supportent la clôture de la carrière. Je proteste vigoureusement en arguant que les poneys par leur taille réduite sont indûment favorisés, mais le moniteur ne veut rien savoir. Il veut des touchers propres et francs, même pour les grandes andouilles montées sur des belles pièces.
Je lui accorde derechef un second point de sadisme.

La suite aggravera son cas de façon irrémédiable. Et promis, je ne moquerai plus de mes petits camarades des reprises de galop supérieur quand je les verrais taper les talons au dessus de l'encolure ou faire un peu de vélo en selle. Qu'ils se sentent moins seuls, ils peuvent savoir que je compatis désormais à leur malheur.
Arrive surtout le moment que je redoutais particulièrement : les tours au galop sans étriers. Sachant que Mowara n'est pas une jument super-confortable à cette allure et que je transpire sang et haut pour tenir une position correcte dans la selle, le moindre écart me faisant irrémédiablement décoller et me mettant dans un équilibre précaire. C'est sans doute une excellente école, mais ce n'est pas vraiment pour me rassurer à l'idée d'aborder cette même allure avec les pieds qui pendouillent...

Et pourtant la suite est magique ! Ce n'est peut-être pas logique ni très courant, mais je me sens nettement plus à l'aise ainsi, le contact avec la selle me semble infiniment plus facile à obtenir et un gros sourire de joie s'imprime sur ma trombine. S'il faut souffrir ainsi pour bénéficier de tels moments de bonheur, je veux bien y retourner cette après-midi. :)

Le repas avalé, nous nous pressons aux abords de la carrière pour voir évoluer La Monitrice montée sur la classieuse Sagamix. Ça n'a l'air de rien comme ça, mais cette fameuse monitrice, je ne l'avais vu jusque-là monter que le tracteur... Il faut se rendre à l'évidence, elle n'est pas que monitrice, elle aussi cavalière.
L'évènement est manifestement de taille, car l'assistance afflue, impatiente de voir Le Maître évoluer devant nos yeux. D'ailleurs, à son passage, nous ne sommes pas loin de faire la révérence, pauvres manants que nous sommes faisant place à la Reine.

En tant que cavalier en apprentissage, j'admets que la leçon d'équitation ne se fait pas qu'à cheval. Elle peut se faire aussi avec les yeux. Car devant moi, tout semble facile, léger, aérien. Même au trot assis, là où le cavalier moyen tel que moi se ferait secouer comme un prunier sous le mistral, l'accompagnement du mouvement semble parfait et, passé le haut des hanches, plus rien de bouge.
C'est beau. :)
Un détail attire toutefois mon attention : sans étriers, ces derniers viennent se positionner tout juste au dessus de ses pieds. Cet élément à son importance, car jusqu'ici je n'avais encore pas trouvé le réglage idoine. Mon expérience de galop sans étriers du matin et l'observation attentive de La Monitrice m'incitent donc à rallonger les miens de façon drastique pour la reprise de l'après-midi...

Une fois son travail achevé, en sortant de la carrière, La Monitrice nous fait Sa Majesté. Elle s'arrête à mon niveau, prend une posture altière et décide de m'accorder sa grâce royale :
- Si tu veux, tu peux t'occuper du pansage.
Deux courbettes et trois génuflexions plus tard, je commence à brosser Saga à côté de son box avec une joie non dissimulée. Sa robe noire ne passe pas inaperçue et attire irrémédiablement toute une horde de bambins pétris d'admiration devant une telle élégance.
- Oh, Monsieur, comme vous avez trop de chance de brosser cette jument. Vous devez être un super-cavalier avec pleins de galops pour avoir le droit de brosser Saga !
Sur le coup, je me suis arrêté net... J'ai voulu garder un air impassible, genre super sérieux du cavalier-qui-déchire-sa-race-avec-tous-ses-exams, mais je n'ai pu retenir un petit sourire plein de tendresse face à ces petites mines qui me regardait avec force admiration.
- Vous aussi, soyez de bons élèves, et peut-être aurez-vous droit vous aussi de panser la plus belle jument du club.
Ah la la, les enfants..

La séance de pansage s'achève par un bon goudronnage des soles de la noiraude. Pour ce faire, La Monitrice a mis de côté le traditionnel pinceau pour sortir une bombe magique à étrenner sur la jolie Saga. La Monitrice vaporise le produit pendant que je soutiens les pieds consciencieusement. J'en prends évidemment plein les doigts, et faisant sentir le fumet particulier de ce goudron à l'assistance toujours nombreuse, nous arrivons tous à la même conclusion : ça sent le barbecue...
La prochaine fois que j'irais faire l'acquisition de sauce barbecue, je penserai à jeter un coup d'œil à la composition du produit. J'ai comme un doute, là... :/ 

2 commentaires:

  1. Tous les moniteurs ont vraiment les mêmes méthodes pour nous faire souffrir... et qu'on se souvienne d'eux le lendemain!!! :-)

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  2. Ahahaa ! (je me rends compte que la majorité des commentaires que je laisse sur ce blog commence par "ahaha", merci à toi pour cette bonne humeur ;)). En tant que monitrice, j'avoue qu'on prend bien du plaisir à vous faire souffrir comme cela ;). MAis le plus gratifiant est de voir arriver le jour où vous prenez cet exercice avec sourire et facilité, et que ces nombreuses heures de "tortures" ont porté leurs fruits ;).

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