mardi 15 mars 2011

Le tic-tic de l'arrière-main

Lundi 14 mars 2011

Je savoure en ce moment même le doux parfum de la revanche envers des collègues cavalières au tempérament parfois farceur. :)
Souvenez-vous, il y a quelques semaines, une de mes collègues dont je tairais pudiquement le nom, mais Beltane se reconnaitra, avait manigancé avec la complicité de La Monitrice un plan visant à me faire croire que je pourrais monter Quick lors de la séance du lendemain. Ce vilain cheval, répondant au nom complet de Quick du Bois, traine une réputation de manège à sensations fortes pour avoir mis au point une redoutable technique brevetée d'éjection dont il est illusoire de trouver une parade, y compris pour les cavaliers les plus chevronnés, et qui pourrait trouver une utilisation efficace à bord des avions de combat les plus pointus.
A l'annonce de cette possibilité, mon esprit tanguait entre la fierté de se voir attribuer un cheval réputé casse-gueule et la crainte de finir irrémédiablement le nez dans la poussière. Mais quand le canular me fut finalement révélé, étrangement, j'en fus presque déçu... Je reste un éternel enthousiaste, pas encore effrayé pour deux sous à l'idée de me confronter à de nouveaux challenges, quand bien même ils paraissent insensés.. ^^
A propos de Quick, Beltane nous détaillait en long et en large toutes les raisons pour lesquelles elle appréciait modérément le bestiau. J'en conclus, avec un air rigolard, et sûrement par défi un peu stupide - d'autres parleront de fierté masculine - qu'il me fallait absolument...
C'est ainsi que je fus mis au défi de demander en bonne et due forme, et devant témoin, la main de La Monitrice l'inconscient privilège de monter sur Quick pour ma prochaine reprise.

La scène se passe le dimanche matin. Arrivant au beau milieu de la reprise de Beltane, j'ai tout loisir d'admirer ses foulées sur Rosire entre deux obstacles montés dans la carrière. A l'issue de la séance, et profitant d'un petit moment d'inattention pendant lequel des cavaliers rangent le matériel et d'autres gardent les chevaux, je me permets d'aborder La Monitrice et lui murmure quelques phrases à l'oreille (le murmure à l'oreille est une pratique tendance dans l'équitation moderne). Beltane, n'ayant manifestement pas raté une miette de la scène, me regarde alors d'un air des plus suspicieux :
- Tu n'aurais pas apporté des gâteaux, toi, par hasard ?
- Bien évidemment. ^^
Quelques instants plus tard, au sein de l'écurie où Beltane prodigue tous les soins possible à Rosire, nous croisons donc La Monitrice. Je lui propose alors une tranche de gâteau roulé aux noix, et en profite pour faire ma demande officielle.
- Tiens, j'aurais une petite question à te poser... Ahem... Tu crois que je pourrais monter Quick demain ? :)
- Ah, mais s'il n'y a que ça pour te faire plaisir. ^^
Je me retourne alors vers Beltane dont le visage arbore pendant quelques secondes un joli petit air de stupéfaction.
- What else ? :)

Mais ce que vous ignorez, c'est la teneur de la petite conversation que nous avons eu avec La Monitrice quelques instants plus tôt, et qui se résume comme-ceci :
- C., j'aurais besoin de ta complicité pour faire une mauvaise blague à Beltane... Tout à l'heure, nous viendrons te voir tous les deux et je te poserais alors une question farfelue, du genre "est-ce que je peux emprunter le tracteur pour aller barrer la carrière".
- Mouais... Et il faudra alors que je réponde "oui", c'est ça ?
- Voilà. Ou du moins laisser entendre que tu y apporteras un avis positif. ^^
Hihi.

Passé la conspiration, et rigolant encore à la lecture des commentaires qui ont suivi cette annonce, je fus soudainement pris d'un affreux doute. Et si La Mono me prenait au mot ? Prenant ainsi la blague à son compte à l'instar des bonnes histoires à tiroir dont le scénario ne cesse de rebondir de coupable en coupable...
Et bien non, elle a fait pire ! Ce soir, Quick est attribué à Niko... Si ce n'est pas de la perversité, ça ! :D

Je me retrouve personnellement avec Itis, le grand alezan au gros bidou, que je n'avais pas eu l'occasion de monter depuis mes toutes premières reprises, et dont je garde un souvenir ému puisqu'il fut source de mon tout premier galop au sein du centre équestre. Au box, il est d'une parfaite placidité, et se laisse manipuler et équiper avec un calme bienvenu après toutes ses émotions. Il a désormais perdu son poil d'hiver, et je tâche de le faire briller avec un bon coup d'époussette. :)
Me rappelant sa tendance à s'endormir durant les reprises, je m'équipe une fois n'est pas coutume de la cravache, quitte à m'encombrer les mains et l'esprit avec un accessoire supplémentaire.
Une fois en selle, il reste tout aussi placide. Ne l'ayant plus monté depuis une relative éternité, son côté force tranquille va bien vite me rassurer. Il me confirme sa tendance à s'endormir et La Mono m'incite à le réveiller franchement, car, parait-il, s'il se réveille de lui-même, ça peut vite tourner au vinaigre. Quelques légères caresses de la cravache sur l'épaule suffiront pour avoir raison de ses aspirations à la ronflette, et je profite de la détente pour réviser et mettre en pratique les principes d'incurvation appris la semaine précédente avec, cette fois-ci, nettement plus de succès. Itis semble s'incurver beaucoup plus aisément que Mowara, j'en serais presque à essayer de le diriger en employant simplement les jambes, mais je reste encore un peu tendre pour ce genre d'exercice.
Par contre, en marchant, Itis produit un étrange "tic-tic" qui émane de son arrière main. J'en fais part à La Mono qui me confirme qu'il a les articulations qui produisent ce son d'horloge mécanique. :S

La séance du soir est dédiée au saut. La Monitrice met en place deux obstacles, non pas le long du pare-bottes comme la dernière fois, mais en plein milieu du manège. D'abord un croisillon suivi d'une barre au sol qui devrait se transformer en droit par la suite et, si nous sommes sage, en petit oxer.
Les montures sont placées au trot à main gauche, et je décide d'attaquer les obstacles en premier... mais les prends à l'envers. Oups...
Je manque un peu de sommeil, je n'ai pas l'esprit très clair ce soir. ^^

Les passages s'enchainent aux deux mains avec plus ou moins de bonheur. Pas vraiment de grosse fautes, à peine un petit écart lors du franchissement du petit vertical, mais j'ai encore du mal à mettre tous les éléments en place : direction, allure, équilibre, jambes, tout ça reste encore très fouillis et devra être travaillé dans les semaines à venir.
En attendant que les sauts s'enchainent, nous restons sur la piste au trot, quand je me rends compte que cela fait bien une demi-heure que nous n'avons pas ralenti l'allure. Il fait doux ce soir, et en dépit d'une tenue relativement légère, je transpire à grosses gouttes et commence sérieusement à accuser la fatigue. Je me demande par ailleurs comment font les filles pour tenir ainsi avec leurs grosses doudounes ! J'ose parfois reposer les fesses sur la selle pour pratiquer un peu de trot assis, mais sans ce que ce soit vraiment efficace en terme de repos. Par ailleurs, je meurs de soif, et à chaque passage devant l'entrée du manège j'ai comme l'impression que les portes se métamorphosent en bouteille de bière bien fraiche. :S

C'est Steffie me ramène à mes esprits. Elle me double sur la piste intérieure, involontairement lancée au galop sur Jour, et ne semble pas, mais alors pas du tout rassurée. "Elle va finir par me faire tomber" lâche-t-elle en me croisant. Et quand ça commence comme ça, c'est un peu comme les histoires d'amour, ça finit mal en général. -_-

Vu l'heure avancée, La Mono renonce finalement à placer l'oxer en second obstacle. Mais nous sommes toutefois quitte pour un dernier petit tour à main gauche. Je me lance donc, bien décidé à finir sur une note positive. Je me mets en place face aux barres, motivé comme jamais, ce qui doit se transmettre à Itis qui ne peut s'empêcher pour ce coup-ci de se mettre au galop. Je ne l'avais certes pas anticipé, mais je ne me laisse pas démonter pour autant. Je me place derechef en équilibre, serre les jambes (et les fesses par la même occasion) mais, perdant un peu de lucidité, j'en oublie de laisser mes mains près du garrot. Du coup, je passe les obstacles en m'accrochant aux rênes, et donc à la bouche du cheval, exactement ce que je ne souhaitais pas faire. Pas bien. :/

En dépit de cette fin mitigée, ce fut une séance plaisante et instructive, mais physiquement éprouvante. La Monitrice ne nous a pas trouvé en super forme (en ce qui me concerne, je confirme), ce qui n'a pas permis d'explorer tout le programme prévu. Mais le fait qu'elle devienne exigeante est à mon sens un signe plutôt encourageant. En tout cas, je le prends comme tel.
Bref, Itis est un bon petit gars, je l'aime bien. Il lui manque peut-être un petit poil de caractère qui rendrait les séances plus rock-n-roll, mais vu notre niveau, ce n'est peut-être pas plus mal. C'est vraiment une bonne bête pour progresser. ^^

Dernier détail. Niko, sur Quick, n'est pas tombé ce soir. Je suis allé le féliciter chaudement.

Il m'énerve. ^^

6 commentaires:

  1. Un résumé comme je les aime!

    J'ai beaucoup aimé la petite blague mis en place, j'ai bien ris au début de cet article!

    Et pour le cours, pas grand chose à dire, si ce n'est que quand on n'est pas en forme (fatigue, soucis perso ou autre), c'est vraiment difficile de se concentrer à cheval sur l'exercice demandé! Enfin perso, mes séances comme ça se termine vite en cata! :D

    RépondreSupprimer
  2. En tout cas, c'est bien la première fois que je lis qu'un cavalier se met au trot assis pour se reposer... Chapeau ! Quant à moi, quand je suis à cheval, mes soucis et ma mauvaise forme s'envolent comme par miracle ! En tout cas, un article bien agréable à lire, comme d'habitude... Merci Tigrou !

    RépondreSupprimer
  3. J'étais surtout bien déshydraté, ce qui explique assurément mon gros coup de pompe. ^^ Je penserai à prendre une petite bouteille (d'eau...) pour la prochaine reprise.
    Par contre, Itis est relativement confortable au trot, on peut rester assis dessus sans trop risquer le tassement de vertèbres. :)

    RépondreSupprimer
  4. Tu l'aura un jour Quick, tu l'aura !

    Pff, par la faute de ton blog, je suis en retard !! Ah BRAVO !

    RépondreSupprimer
  5. J'ai une collègue qui a raté ainsi sa station de RER... ^^

    Merci pour tous les commentaires. ;)

    RépondreSupprimer
  6. Merci à toi pour tes textes si agréables !

    RépondreSupprimer