mardi 1 mars 2011

Loi de l'évolution

lundi 28 février 2011

La nature est drôlement bien faite. Au fil de l'évolution, il est toujours fascinant d'observer la symbiose, parfois inattendue, qui peut ainsi se créer entre les espèces. Celle mise en place par je ne sais quel miracle entre moniteurs d'équitation et chevaux est à ce titre en tout point remarquable.
D'ailleurs, j'éprouve une certaine admiration, pour ne pas dire de la compassion, envers nos fidèles enseignants qui passent ainsi une bonne partie de l'hiver assis dans le froid à nous enseigner leur art, pendant que nous, élèves jeunes et moins jeunes, restons bien au chaud, et parfois en sueur, sur le dos de nos montures préférées.
Et vous n'êtes pas sans savoir que la majeure partie de notre énergie est d'abord consommée afin de maintenir notre corps à bonne température. Il est donc nécessaire, voire vital, en période de grand froid, que nos moniteurs puissent bénéficier d'un supplément de calories indispensable à leur survie en milieu hostile. Et c'est là que la nature, par son côté parfois farceur, entre en jeu...
Ainsi, dès que les températures commencent à flirter à avec les valeurs négatives, Dame Nature a doté nos chevaux d'un comportement amusant qui consiste, une  fois montés dans un manège, à s'agiter de façon frénétique et désordonnée et profiter de ce rare instant de liberté pour ainsi se réchauffer les gambettes. Sauts de mouton, coups de cul, démarrages intempestifs sont autant de techniques promptes à foutre une cavalière par terre, aussi chevronnée soit-elle.
Et qu'est-il de tradition d'offrir à la reprise suivante après une gamelle en bonne et due forme ? Tout un assortiment de gâteaux riches et caloriques apportant ainsi le surcroit d'énergie indispensable à nos moniteurs pour passer l'hiver en toute sérénité. ^^
La nature est décidément drôlement bien faite. :)

Au moment de me pointer à l'entrée du manège, la Monitrice est profondément engoncée dans une couverture polaire qui recouvre elle-même une grosse doudoune, et n'ose plus poser un pied par terre de peur qu'ils ne se détachent définitivement. Il ne fait que quelques petits degrés ce soir, ce qui, après avoir lu le paragraphe précédent, n'augure rien de bon.

Peu auparavant, me voici donc retrouvant Mowara dans son box pour cette reprise de rentrée. Je suis d'emblée assez surpris en constatant qu'elle a troquée sa belle robe pie contre une parure intégralement alezane. Oo Quelques coups d'étrilles plus tard me confirme qu'elle a sans doute profité d'un week-end de vacances peinard pour aller de rouler dans tout ce qui puisse être boueux, salissant, crottant et encrassant.
Après une longue séance de soins, elle retrouve à peu de choses près sa robe originale, et j'en profite pour lui masser doucement les joues avec une brosse douce. Ça l'a rend toute guillerette. ^^ Elle est ainsi toute disposée à se laisser natter la crinière, ce qui n'a pas toujours été le cas ces derniers mois. Je commence à bien la connaître la Mô, nous formons depuis plusieurs séances un couple indissociable, il faudra un jour ou l'autre officialiser notre relation, et ce, au grand dépit de Madame...

Pour cette reprise, honorée une fois n'est pas coutume par l'ensemble des cavaliers, je faisais ma priorité de me concentrer sur ma position en selle. Mains bien basses, talons et jambes descendues, dos droit et bassin souple, il est plus que temps après plusieurs mois d'équitation de commencer à ressembler à un cavalier en lieu et place d'un vilain sac à patates. Le rallongement sensible de la longueur des étriers m'apporte par ailleurs un point de confort supplémentaire par rapport à ce que j'avais pu ressentir lors mes séances précédentes. Toutefois, au galop, même en accompagnant au mieux avec le bassin, j'ai encore du mal à bien rester assis sur la selle. Quelques déséquilibres et des petits sauts me confirment que je suis encore loin d'être arrivé, mais peut-être aussi que la Mô n'est pas d'un confort absolu à cette allure.
Elle est par contre une grande farceuse... Dans l'idée de me remettre un peu en ordre, je resserre légèrement les doigts sur les rênes dans le but lui demander de ralentir l'allure, et ne voilà-t-elle pas qu'elle passe la sur-multipliée et place une accélération qui m'aurait décoiffé s'il m'était resté suffisement de cheveux. Oo
A cette seconde précise, je me souviens des paroles que La Monitrice m'avait dédié lors de notre dernière séance consacrée aux jeux. Alors que j'étais parti dans un galop pépère pour assurer mon tour de relais, elle m'avait précisé que Mowara pouvait aller BEAUCOUP plus vite. Cependant mes gesticulations d'alors avaient été vaines, incapables que j'étais d'enclencher la post-combustion.
Mais ce soir, je constate qu'elle existe belle et bien, avec certes, quelques frissons et une pointe d'inquiétude, mais aussi des étoiles plein la tête.
Sauf que ce n'est pas du tout contrôlé et ça m'agace un brin. La Mô avait même tendance à en rajouter une couche aux moments où je lui demandais précisément d'y aller mollo... :S
Je reprends tant bien que mal le contrôle de la situation, me demandant bien sur quel bouton mystérieux j'avais bien pu appuyé...

Le reste de la séance se déroulera sans étriers. D'abord de longues minutes de trot afin de bien faire descendre les gambettes, puis retour au pas enchainé de quelques départs au galop. Après quelques démarrages peu convaincants, j'affine la position de mes aides et arrive à obtenir des départs nettement plus propres. Et une fois au galop, les affaire reprennent de plus belle. Je l'avais déjà vaguement pressenti lors de séances précédentes, je me sens incomparablement plus à l'aise sans les étriers à cette allure. Je reste bien assis dans ma selle, le bassin suit correctement, c'en est un vrai plaisir avec cette impression non pas de galoper, mais de chevaucher. C'en est grisant et Mowara est finalement bien confortable une fois assise proprement dessus. ^^
Mais contrairement à la détente, Mowara se traine. Pour l'inciter à accélérer un peu, je lâche un poil les rênes et voilà donc pas... qu'elle repasse au trot ! Oo
Un deuxième fois, suivie d'une troisième, ce n'était manifestement pas un accident ! A l'autre main, je tente l'inverse : au lieu de lâcher les rênes, j'y mets au contraire un peu plus de tensions pour obtenir un contact ferme avec la bouche, et elle embraye directe à bonne allure et sans aucune interruption ! J'ai du boucler mes trois tours avec une gros sourire, heureux comme un pape d'avoir trouvé un bouton mystérieux. :)

Le dernier exercice est assez rigolo. Il est demandé de former deux cercles dans la carrière, et bien entendu, spontanément une majorité des cavaliers vient former le premier tandis que le second n'est parcouru que par deux malheureux collègues. Faisant remarquer ce flagrant déséquilibre, La Monitrice lève les yeux au ciel en constatant que le premier cercle se vide pour aller remplir le second, aboutissant bien évidemment au déséquilibre inverse...
Après quelques minutes de confusion, nous pouvons enfin lancer nos montures au trot puis au galop, toujours sans étriers, en essayant de rester sur les cercles prédéfinis. Le tout, bien sûr, dans un manège aux dimensions réduites, en évitant d'aller fracasser les collègues du cercle en face pendant les croisements et surtout en essayant de faire comprendre à nos chevaux que, non, pour une fois, il ne faut pas rester sur la piste ! Galoper ainsi dans un espace réduit est une belle source de sensations, d'engueulades et parfois de remontrances. ^^

Enfin, nous terminons la reprise avec un petit exercice acrobatique qui consiste à aller défaire muserole et sous-gorge de nos montures respectives. Et de préférence en restant au pas pour les plus téméraires (c'est à dire moi). :D
Je ne me prive pas de préciser auprès de La Monitrice que les hommes sont outrageusement défavorisés dans ce genre d'exercice...
Mais c'est bien fendard et ça permet de glisser au passage quelques grattouilles sur les encolures. :)

Bref, une bonne séance très instructive, truffée d'exercices sympathiques et qui nous vaudra même quelques félicitations de La Monitrice, fière que tout le monde ait ainsi suivi la séance sans étriers sans que personne ne grommelle.
Parce-que monter sans étriers est une punition ? ^^ Moi je m'en fiche, j'aime ça. Je finis la soirée par en toucher un mot à La Monitrice, pour m'entendre confirmer que l'utilisation des étriers est un exercice beaucoup plus subtil qu'il n'y paraît, et qu'il faut ainsi du temps pour trouver le bon réglage.

Des séances comme ça aussi riches en enseignements, je veux bien en faire toutes les semaines, quitte à contrecarrer la nature et rester en selle...

4 commentaires:

  1. Peu de cavaliers avoue aimer la mise en selle!
    Et pourtant, c'est vraiment l'exercice de bases pour espérer progresser!

    Et félicitation pour la jolie Mô! Un très beau nouveau "couple"! ^^

    RépondreSupprimer
  2. A croire les les profs se sont donnés le mot : j'ai moi aussi, fait de la mise en selle lors de mon dernier cours... Et moi aussi, j'aime ça... mais chut !

    RépondreSupprimer
  3. Bah, pour une mise en selle, c'était plutôt gentil. La vraie bonne mise en selle, c'est d'abord des contorsions, de l'équilibre, de l'assouplissement et toute sorte d'exercices tout aussi tordus les uns que les autres qui font transpirer le plus flegmatique des cavaliers même à -10°C... ;)

    RépondreSupprimer
  4. Mô m'as l'air particulièrement bien dressée : elle n'avance qu'avec du contact, et doit donc te donner de l'impulsion quand tel est le cas ;).

    RépondreSupprimer