jeudi 21 juin 2012

VDM

Jeudi 12 avril 2012

Ma vie ne tient décidément plus qu'à un fil. Celui qui me rattache au clou auquel je suis suspendu depuis de très longs mois, enfermé la plupart du temps dans une cellule obscure scellée par une porte métallique imposante fermée à clef par l'extérieur et gardée par toute une meute de chiens gros et dentus. Je n'ai pourtant pas le souvenir d'avoir commis de si grandes fautes méritant d'être ainsi condamné sans preuves ni procès. Ce doit être ça la vie de martyr.

La plupart de mes congénères partagent ma triste existence. Suspendus eux aussi à ce sinistre mur délabré, nous n'avons que comme seule distraction la visite d'effrayantes araignées qui viennent parfois nous coller leurs toiles sous le nez. Ce n'est pas très agréable.

Tous les matins, à une heure régulière, la grosse porte métallique s'ouvre dans un grincement sinistre. C'est pour nous la seule occasion d'apercevoir enfin un rai de lumière, si toutefois celui-ci arrive à se frayer un chemin jusqu'à nous.

Des bruits de pas se font entendre, quelques bribes de conversations parviennent jusqu'à nos oreilles, de l'agitation diverse vient alors réveiller les derniers endormis. Au moins, la nuit, personne ne vient nous déranger, déjà ça de pris.

D'interminables heures se sont écoulées, quand soudainement quelqu'un se présente à l'entrée. Une silhouette à contre-jour difficile à identifier qui marque un temps d'arrêt, ballade son regard à droite puis à gauche et fixe soudainement son regard sur moi. L'individu en question s'approche alors d'un pas décidé jusqu'à ce que je puisse le fixer au fond de ses yeux bleus. Pantalon noir, haut blanc et casquette assortie, il a tout l'uniforme de celui qui prépare un mauvais coups sur les ordres de chefs malintentionnés.

Il tend ses mains dans ma direction et d'un vif mouvement m'arrache à mon existence murale pour me jeter sur son épaule tel un vulgaire sac à patates. Puis s'éloigne alors de la pièce sans faire plus attention à mes comparses restés suspendus dans le vide. Mais leurs regards emplis de pitié trahit le triste destin qui m'attend dès que j'aurais franchi cette maudite entrée.

Une fois jeté brutalement sur le haut d'une sinistre porte en bois sertie de métal glacé, j'ai tout de suite compris quel sort funeste m'attendrait dans les instants à venir.

Le monstre était là. Grand, imposant, planté haut sur ses longues jambes et me toisant d'un regard m'inspirant une confiance modérée.
Lentement, il a fait un premier pas vers moi, puis un second, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il put approcher ses naseaux à quelques centimètres, presque à me toucher.
J'ai alors senti son souffle, puissant, violent, assorti d'un renâclement que l'on croirait sorti de l'enfer. Il n'avait vraiment pas l'air d'apprécier ma présence ici, mais il m'etait impossible de trouver la moindre échappatoire.

Et ce que je craignais est arrivé. Mon gardien m'a attrapé par le bridon et m'a livré à la bête qui a alors ouvert grand sa mâchoire sertie d'énormes dents menaçantes avant d'engloutir une partie de mon anatomie.
Par une chance inouïe, j'ai réussi à glisser le long de sa langue vers une zone où je savais bénéficier d'un sursis m'évitant ainsi de me faire mâcher tout de suite. Mais bon, une partie prête à être avalée, l'autre fermement attachée autour de son crâne, il y avait peu de chances que je puisse en réchapper, surtout que mon gardien n'a pas cessé un seul instant de me tenir en laisse pendant toute l'heure suivante, me faisant ainsi perdre toute espoir de fuite ou d'évasion.

Après cette série de mauvais traitements, je fus retiré de l'emprise du monstre pour être reposé sur la même porte en bois de tout à l'heure. La bête l'avait mauvaise, elle ne semblait pas apprécier ma compagnie.
D'un coup de menton décidé, elle m'envoya valdinguer et je chus lourdement par terre, étalé comme une méduse échoué entre un tas de poussière et un ensemble d'outils à la destination incertaine.

Juste sous mon nez trainait un joli petit cure-pieds à la bouille renfrognée. Dérangé dans sa sieste, il me toisa du regard et me renifla en faisant la moue. Il me dit alors :
- Tu pues de la bouche.
- Et toi, tu sens les pieds.

Nous nous sommes souri. Et depuis ce moment, nous ne nous sommes plus quittés.

Dix minutes plus tard, on m'avait remis au clou, la tête suspendue en bas, la porte fut refermée et la lumière éteinte.
Ne dites plus VDM mais VDF, Vie De Filet.


A part ça, aujourd'hui c'était jeux, et dans trois jours c'est concours..

12 commentaires:

  1. C'est hypert bien écrit....j'adore !

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  2. Fan aussi!!!
    a quand de nouveaux articles?
    Les reprises ont recommencé! :)

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  3. Super blog.. Un seul gros bemol... :-( 7 longs mois sans un seul article ???!!!!!!!

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  4. Pourquoi cette absence sans raison ????!!

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  5. Oui ! Pourquoi cet arrêt brutal ??

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  6. Ou es tu tigre rose ???!!!

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  7. Bravo pour votre article c'est très agréable de vous lire.

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  8. Moi aussi je viens protester! Qu'est ce qu'il se passe ?? :(

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  9. je me regale ! Mais pourquoi cette absence sans meme nous expliquer ?

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