mardi 31 mai 2011

Apesanteur

30 mai 2011

Isaac Newton est un imposteur. Ce n'est certainement pas le seul, d'autres scientifiques de grand renom semblent eux aussi être tombés dans le panneau.
En fait, la loi de la gravité est une vaste foutaise. Eventuellement, si vous-même vous allongez à l'ombre d'un généreux pommier par une belle après-midi d'été, peut-être finiriez-vous par vous prendre une pomme sur la poire. Admettons.
Mais il est des circonstances où certaines lois physiques échappent cependant à tout entendement, où le corps semble se fondre totalement avec l'esprit et permette ainsi de vivre des expériences totalement inédites et quasiment mystiques que ne renieraient pas Youri Gagarine.

Pour l'occasion, je me vois attribuer, et pour la première fois, la fusée Esparade, un grand bai tout fin, et un peu creusé en raison de son grand âge, mais qui garde une vitalité étonnante pour un cheval de 19 ans. Cela faisait plusieurs mois qu'il m'avait tapé dans l’œil, mais jusqu'à présent, au sein de notre reprise, seul Nikko avait eu le privilège d'y poser les fesses, ce que je trouvais bien entendu d'une terrible injustice.
Nan, nan, pas jaloux.

A peine en selle, La Monitrice nous propose d'aller rejoindre les près. Les reprises de la veille y ayant pratiqués quelques séances de mise en selle gratinées, j'éprouve alors quelques inquiétudes quant au programme de la soirée...
- C'est pour y faire ce que je redoute ?
- Non, non, pas ce soir. Ce sera pour une prochaine fois.
Ha ! C'est dommage, pour l'occasion j'avais mangé léger !

Notre groupe est assez réduit ce soir. Nous ne sommes que cinq auxquels viendra se joindre Kanasukre, une sympathique cavalière propriétaire d'un poney isabelle de toute beauté.
A l'instar de la précédente séance au milieu des prés, il règne une atmosphère résolument magique. Nous sommes un soir d'orage, de gros nuages noirs circulent au-dessus de nos têtes d'où perce un soleil généreux, baignant ainsi les prés d'une lumière fantastique.
Une fois arrivés sur place, nous pratiquons une détente tout à fait ordinaire sur la petite piste circulaire. J'en profite pour faire connaissance avec le bestiau, en particulier pratiquer un petit peu de trot assis pour mesurer son indice tapoku. Sans être réellement confortable, il n'y a guère besoin de s'employer pour rester en selle. Aucune crampe à redouter ce soir !
Au moment d'allonger les foulées, Esparade semble apprécier que je me mette en équilibre. Nous rattrapons ainsi facilement les cavaliers précédents qui paraissent se trainer lamentablement. Il a de l'énergie, le petit !
Mais étrangement, au galop, je ne retrouve pas toute la dynamite qui a fait sa réputation. Il galope pépère, sans plus. J'ai un peu de mal à trouver ma position dans ma selle et suis toujours aussi peu à l'aise les étriers au pieds... D'où certainement l'allure modérée d'Esparade, je pense qu'il va y avoir du travail pour mettre tout ça au point.

La Monitrice nous fait ressangler nos montures, et le temps de les faire un peu souffler, Kanasukre lui laisse sa place sur le dos de son poney.
- Bon, vous allez me suivre. On va un petit peu galoper, mais sur le GRAND tour ce coup-ci !
Sans blaaaaaaaaaaaaaagues !!!!

Finalement, le métier de blogueur équestre est particulièrement ingrat. Chaque semaine, on espère trouver les mots, les petites phrases, l'inspiration et les belles envolées lyriques qui feront passer quelques séances de travail des plus banales pour des instants exceptionnels. Et quand ces moments d'exception viennent finalement embrasser nos petites existences de cavalier, on se retrouve comme un couillon à ne plus savoir quoi dire...
Alors, on se laisse porter par l'instant, on profite du vent qui vient nous caresser le visage avec une douceur rare, on essaye d'accompagner la monture dans un mouvement qui nous parait incroyablement naturel, et on se surprendrait presque à être bon cavalier.
Je profite de cette longue chevauchée pour me caler à peu près correctement dans mes étriers. Je me fais léger dans la selle, et contrairement à la détente, dois cette fois-ci mettre le frein aux ardeurs d'Esparade qui brûle d'envie de griller la politesse à La Monitrice. Ah, j'ai retrouvé la dynamite ! Elle m'emportera avec tout autant de bonheur sur un deuxième tour qui achèvera de nous mettre en orbite autour de l'ordinaire terrestre. Oubliés la gravité, les soucis, les rhumes et les petits tracas, l'état d'apesanteur fournie par l'équitation défie toutes les lois de la physique connues.

Dans euphorie, le reste parait anecdotique. J'ai tout juste le souvenir que nous ayons douchés nos montures après la reprise, et que l'orage s'est mis à tomber peu après que nous les ayons ramenés au pré.

Pour tout le reste, il y a Mastercrad, hihi.

5 commentaires:

  1. Comme d'habitude, j'adore ton écriture !
    Par contre, des pommes dans les arbres en plein été ? Dans quelle contrée lointaine habites-tu ? :-))

    RépondreSupprimer
  2. @Brigitte : c'est bien ce que je disais, ce Newton est un imposteur ! ^^

    RépondreSupprimer
  3. L'avantage d'être lu par des cavaliers, c'est que tu n'as finalement pas besoin d'énormément de mots pour que nous comprenions ce que tu as ressenti à galoper en liberté :)
    Même après des années d'équitation, galoper en extérieur reste un plaisir unique!

    RépondreSupprimer
  4. Les grands galops frénétique en pleine nature, ça, c'est le pied !

    RépondreSupprimer