mardi 24 mai 2011

Amour et pâtisserie

23 mai 2011

Au centre équestre sans prétention, il a mauvaise réputation.
Ce pourrait être les premières paroles d'une chanson d'un chanteur à moustache, c'est plus simplement l'impression laissée par la majorité des cavaliers du club dès lors qu'on prononce le mot de Quick.
Au moment précis où mes collègues ont appris qu'il m'était affecté ce soir, j'ai pu lire dans leur regard un mélange d'inquiétude et d'admiration. J'en profite, c'est très bon pour mon égo.
D'ailleurs, après l'avoir récupéré au pré - il s'était caché derrière le seul arbre du coin - je ne me suis pas privé de bomber le torse et de parader comme un paon en passant devant mes collègues avec le Monstre qui me suivait sagement. Oh, regardez comme il est vilain le cheval, comme il est effrayant, et comme il ne me fait même pas peur...
Bon, cela fait juste trois fois que je monte dessus, et l'on me pose toujours la question si je n'éprouve pas d'appréhension à l'idée d'y poser mes fesses.
- Du tout, c'est rien qu'un gros nounours, le Quick !
- Tout de même, il fait souvent tomber ses cavaliers...
- Mais c'est parce-qu'ils se présentent en lui disant que c'est un con ! Du coup, comme c'est un grand sentimental, il le prend mal...
C'est sûr, si à chaque nouveau cavalier, on lui fait comprendre qu'il va finir par terre, ça ne risque pas de le mettre en confiance... La mauvaise réputation engendre la peur, qui engendre la crispation, qui engendre la chute, c'en est presque mathématique. J'avoue avoir moi-même ressenti une certaine appréhension lors de ma première expérience sur son dos, qui c'était effectivement traduite par une certaine épreuve de force entre nous deux.

J'ai donc testé une autre technique. Une fois dans le pré ou dans son box, et avant même de le contraindre à quoique que ce soit, je lui fais un grôqalin et lui glisse à l'oreille ce que personne n'avait encore osé lui murmurer : je lui dit que je l'aime !
C'est idiot, mais ça marche. Disons plutôt que je m'en persuade, mais la méthode coué semble donner de bons résultats. L'équitation couéthologique, voilà un concept qui devrait bientôt faire fureur dans les paddocks.

Avec la confiance accumulée lors de mes précédentes reprises, j'ai donc monté avec décontraction, et j'ai comme l'impression que Q l'a en partie ressenti. Je me suis moins accroché aux rênes, et le bonhomme, en vrai gentleman, a décidé de s'abstenir de faire systématiquement descendre son encolure comme il en avait pris l'habitude, m'épargnant ainsi une pénible séance d'aviron.
Par dessus le marché, il est presque réactif à la jambe. Je précise "presque" parce-qu'il faut tout de même jouer fermement des mollets. La prochaine fois je laisse la cravache au fond du sac de sport !

Ces bonnes dispositions se confirment lors de la détente. Du pas, les départs au galop se font avec une facilité surprenante. Et ça tombe bien, c'est le thème de la séance du jour.
Non pas des départs tranquilles le long du pare-botte, où les chevaux semblent connaître la chanson sans que les cavaliers n'aient trop besoin de s'employer, mais en plein milieu de la carrière, sur le pied choisi par une Monitrice attentive et vigilante.
Et là, évidemment, c'est la panique... Je me plante dans les aides, en oublie au passage la moitié, et le cheval fait ce qu'il peut, et surtout pas ce qu'il faut... J'ai donc droit un rappel en règle de La Monitrice qui est à la limite de m'envoyer au coin...
 Pour mémoire, et pour un départ au galop à gauche :
-> Jambe gauche à la sangle.
-> Jambe droite à la hanche.
-> Nez du cheval pointé vers la gauche.
-> Cavalier légèrement penché vers la droite pour délester l'épaule du chwal.
Ouala. Trop de confiance fait devenir idiot, ne jamais oublier de travailler ses gammes...

Une fois tout ceci remis en place, les départs se font à peu près dans les règles, même si la direction de la bête laisse nettement à désirer. Et pourtant, Q semble y mettre de la bonne volonté, mais le cavalier semble ne pas être tout à fait au niveau... Grrr, j'enrage ! Je ne suis vraiment pas satisfait de ma prestation ce soir.
Pour me détendre un peu les neurones, je me débarrasse des étriers pour pratiquer un peu de galop assis. Nom de dieu, mauvaise idée ! J'avais très sous-évalué son indice tapoku !
Au bout de trois foulées, et après avoir passé plus de temps en suspension que sur la selle, je ressers les mollets à m'en faire des hématomes.
Au bout de six, je mets la main sur le pommeau.
Au bout de la longueur, je commence à sentir poindre une crampe.
Au milieu de la largeur, j'abandonne, je rechausse...
En voyant ma mine défaite, La Mono m'interpelle ainsi :
- Et bien Daniel, tu m'as l'air bien fatigué !
Je n'ai même pas trouvé la force de lui répondre...
Quick, c'est 1,2 granos.
Au moins.

Fin de la reprise, je raccompagne Q qui a été mignon toute la soirée. Finalement, l'équitation, c'est comme l'amour. Si on se pose trop de questions sur le partenaire, faut passer à autre chose !

A part ça, sous cette belle douceur. Nous fêtons l'anniversaire de Nikko ce soir. Pour l'occasion, il nous à préparé un gâteau au chocolat et un quatre-quart accompagnés de quelques boissons gazeuses bienvenues.
L'un comme l'autre, La Mono est sous le charme...

Pfff... M'en fous... Au moins, mes carottes données à Quick étaient meilleures que ses bouts de pain donnés à Esparade.
On se console comme on peut.

2 commentaires:

  1. En voyant le titre, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai pensé à la chute...
    Mauvaise langue que je suis... :D

    RépondreSupprimer
  2. Oui, j'imagine quelle déception cela a-t-il du être... :p

    RépondreSupprimer