lundi 16 décembre 2013

Shakespeare

Mon royaume pour un cheval dit-on
J'ai échangé l'mien pour de bon
J'ai hérité d'un cheval con
Je suis le Roi, le roi des...

mercredi 11 décembre 2013

Le faiseur d'étoiles

18 avril 2013

Il était de ceux qui nous faisaient dire "waouh", la bouche bée, les yeux grands ouverts quand on le croisait pour la première fois à la lisière d'un manège.

Il était de ceux qui généraient des étincelles de ses sabots quand il décidait de lancer son grand galop, tout en nous mettant autant d'étoiles plein les yeux.

Il était de ceux qui nous faisaient dire "un jour je l'aurais" quand on jetait un coup d’œil envieux par dessus la porte de son box.

Il était de ceux qui nous imprimaient une sourire pour toute une nuit après nous avoir emmené dans ses allures.

Il était de ceux qui ne nous faisaient jamais atterrir, même une fois avoir mis pied à terre.

Il était Esparade.

lundi 9 décembre 2013

Légendes du Nord

Lille, dimanche 08 décembre 2013

A la descente du train, un joli petit rayon de soleil est venu réchauffer mon visage, une température relativement douce pour un mois de décembre m'incitait à franchement dénouer l'écharpe enroulée autour de mon cou. Bref, en une fraction de seconde, un certain nombre de clichés sur la météo du Nord se sont envolés derechef.
Au bout du quai, au vu du grand sourire enjôleur d'Eli venue m’accueillir sur place, il était clair que je n'allais pas non plus me mettre à pleurer en posant pour la première fois les pieds chez les ch'tis !
Les clichés ont la vie dure...

Départ direct vers le centre équestre, et visite personnelle en compagnie de mon hôte devant le regard étonné des cavaliers du cru dont les yeux soupçonneux, à la vue d'un individu dont le signalement ne correspond à personne de connu, semblent lancer à chacune de mes apparitions des "kicéçuila ?".

Eli part rapidement longer une trop bien nommée Tornade avant d'aller prendre en compte, papouiller et équiper sa petite VVhite chérie, la fort mal nommée "grosse". Ma foi, crevette sur crevette, que voilà un couple harmonieux !
Pendant qu'Eli est partie récupérer un peu de matériel, j'en profite opportunément pour faire un peu connaissance avec la bête, dont le prétendu caractère de cochon a largement dépassé le cadre du centre équestre.
- Elle ne t'a pas ronfler dessus ? Me demande Eli, toute étonnée.
- Ben non !
Et je n'en suis pas peu fier !

Eli monte en selle, et j'accompagne le couple jusqu'à que nous trouvions une surface d'entrainement de disponible. Coup de chance, le grand manège, vide de toute activité, nous tend les bras.
La petite crevette fait travailler la grosse qui semble avoir de l'énergie à revendre. Posé en plein milieu de la carrière, j'assiste avec une certaine envie aux divers exercices, quand Eli se rapproche alors tranquillement vers moi et me déclare qu'elle commence sérieusement à avoir chaud sous sa doudoune.
Roooh, ça va commencer à devenir intéressant, me dis-je...
En effet, elle prend alors sa plus jolie voix et s'adresse à moi ainsi :
- Ça te dirait te faire un petit tour au pas sur la grosse ?
Honteusement, j'ai laissé toutes mes affaires d'équitation dans mon sac, lui-même resté dans le coffre de la voiture. Quand bien même, je me voyais assez mal faire un changement de pantalon comme ça, devant une ponette que je connais à peine. Tans pis, on va y aller en jean.
- Plutôt oui ! Tu me prêtes ton casque ? Je te garantis n'avoir aucun poux sur le caillou !

Et me voilà en selle, après avoir enjambé VVhite plus que vraiment monté dessus.
La ponette est super réactive, il n'y a aucunement besoin de s'employer pour la faire avancer. Tout est fin, précis, léger, ça se conduit tout seul, presque par la pensée. Chouette bestiole !
Après quelques petits tours au pas tranquille, Eli m'invite à tester quelques foulées de trot. Très légère pression des jambes, la grisette embraye, et là je me rends que les poneys n'ont pas du tout le même rythme que les engins à longues pattes où j'ai l'habitude de poser mes fesses au club ! Je suis un vieux monsieur moi, il me faut un peu de temps pour me déplier !
Dans la ligne droite, je sens que VVhite a franchement de l'essence sous le capot et ne semble pas se satisfaire d'un train de sénateur. Je la canalise sur un cercle, et repart à l'autre main.
Je termine mon petit tour, rejoins la patronne au centre du manège et lui rend sa grisette.
- Il est trop chouette ton poney, lui dis-je !
- Ouais, mais elle était tout molle aujourd'hui, c'est pas drôle...
- Ah ouais... Ce que toi tu appelles un poney mou chez toi, on appelle ça un cheval énergique chez nous !
N'empêche, un mythe s'écroule... Hi hi.
Bon, la prochaine fois, j'oserais le galop !

Nous ramenons la ponette dans son box super propre, je lui administre quelques câlins privilégiés, et nous partons manger un morceau dans un restaurant gastronomique. Je ne précise pas que je me suis fait inviter pour le coup, je vais encore avoir le droit de passer pour un mufle et un malpoli.
Donc, je ne le dis pas.

Après cette petite pause méridienne tranquille, retour au centre où VVhite a été mis au paddock histoire qu'elle puisse profiter du grand air quelques heures. Et va s'en suivre la scène la plus drôle que je n'ai jamais vu dans un centre équestre.
Pour accéder au paddock, il y a un petit chemin dont le milieu est envahi par une accueillante mare de boue bien profonde et collante. Eli me suggère de l'attendre à l'entrée, craignant que je ne salisse mes belles boots que j'avais pris grand soin de cirer histoire de ne pas passer pour un clodo.
Mais bon, d'abord, j'ai ma fierté, je ne vais pas me laisser impressionner par un ridicule petit marigot, et ensuite, ces mêmes boots ont vaillamment affronté et survécu à la mare boueuse de mon propre centre équestre. Tant pis pour le cirage, j'y vais.
J'accompagne donc Eli, elle-même entourée de deux jeunes filles venue récupérer un autre équidé tenant compagnie à VVhite dans la pâture.
Et au retour, au moment de franchir la marais gluant dans l'autre sens, voilà donc pas qu'une des jeunes filles, pressées par les poneys qui arrivent derrière, a les bottes tellement collées dans la boue qu'elle se retrouve en chaussettes un pas plus loin, les deux semelles étant restées fermement collées au sol !!!
J'ai la courtoisie de lui ramasser ses bottes, qu'elle ira remettre à ses pieds une fois au sec, hi hi.

De retour dans l'écurie, je profite lâchement d'un bref instant d'absence de la patronne pour aller compter fleurette à sa ponette. Bisous, grattouilles et petits mots doux, VVhite me chuchote quelques petites confidences à l'oreille, me déclare des choses toutes gentilles, et qu'elle aimerait bien rentrer à Paris en train avec moi... à condition bien sûr de voyager en première...
Eli n'est pas d'accord, je ne comprends pas.
Tans pis, je rentrerai avec la boue aux pieds, toujours ça de pris.

L'après-midi s'apprête à céder sa place à la soirée, nous repartons dans la direction de son domicile où je peux effectivement apprécier, qu'au contraire de la météo du jour, la chaleur de l'hospitalité des gens du Nord n'est pas qu'une légende. Nous passons les prochaines heures avec Eli et sa maman à papoter et refaire le monde, en partageant quelques chocolats, ainsi que les petits macarons au citron que j'avais confectionné avec amour.

Les heures passent vite, trop vite hélas. Il est déjà temps de prendre le chemin du retour. Je quitte la maison, la ponette, la région, mon amie avec regrets, snif snif...

On dit des choses quand on arrive dans le Nord, on dit des choses quand on en repart.
Je n'ai pas pleuré en arrivant le matin, je n'étais pas loin de verser une petite larme en repartant...

vendredi 6 décembre 2013

La mare de boue

Printemps 2012

A sa naissance, elle était toute mignonne, insignifiante, une toute petite flaque d'eau de rien du tout, entourée d'une herbe naissante prenant son essor à l'approche du printemps. Nous n'y prêtions guère attention, d'autant plus que nous passions à côté sans même la voir, le petit pré qu'elle gardait était encore désert à cette période.

Et puis les jours se rallongeant, et avec le concours de quelques rayons de soleil bienvenus après un long hiver, nos responsables décidèrent que c'était le bon moment de faire profiter nos chevaux des joies de la vie extérieure.

Longe et licol en main, c'est toujours une grande joie d'aller prendre en compte sa monture au grand air en lieu et place d'un box exigu, c'est aussi la promesse de jours meilleurs, d'heure d'été et de journées se rallongeant de façon notable semaine après semaine, allant de pair avant le retour des températures douces et du grand soleil.
La petite flaque n'impressionne personne, il est encore aisé d'en faire le tour, voire de l'enjamber pour ceux qui ont de grandes pattes. La semaine prochaine, elle aura de toute évidence disparue pour de bon.

Alors que nous devrions nous diriger tout droit vers les beaux jours, la ridicule flaque d'eau s'est métamorphosée en vilain tas de boue. Elle est encadrée à gauche par la tente abritant les obstacles de concours, et à droite par la lice entourant la grande carrière.
Il subsiste toutefois suffisamment de zones sèches pour ne pas salir ses bottes à condition de pratiquer un subtil gymkhana.
Bah, la semaine prochaine, ça ira mieux.

Que diable, les nuages semblent solidement verrouillés au dessus de la région, le temps reste maussade et les pluies régulières ont fait grandir le tas de boue lui donnant maintenant l'aspect d'un vilain marécage bien peu accueillant.
En prenant bien soin de passer sur les cotés, il est encore possible de d'accéder au pré sans s'enfoncer de cinq bons centimètres dans la gadoue, Chose qu'il commence à être difficile de faire comprendre à nos chevaux, ils semblent avoir beaucoup moins de scrupules à se salir les pattes, et les exercices d'équilibriste ne semblent pas vraiment les emballer.
Bah, la belle saison finira bien par s'installer.

Quelques rares rayons de soleil tâchaient d'entretenir le mince espoir de garder, ne serait-ce qu'une seule fois, les pieds au sec. Mais dans un étrange acharnement, nos petits nuages avaient pris l'habitude de déverser leur cargaison humide tous les jeudis - jour de notre reprise - avec une régularité stupéfiante. Un champ de bataille façon Verdun nous accueillait désormais à l'orée du pré. La seule voie d’accès encore praticable consistait à emprunter le talus qui séparait le pré de la carrière, en faisant toutefois bien attention à ne pas empoigner la clôture électrique. Et malheur à celui qui, d'un pas mal assuré, se mettait irrémédiablement à glisser vers la boue gluante et collante.
Et puis de toute façon, au retour, il fallait bien passer en plein milieu, s'enfoncer d'une bonne quinzaine de centimètres, et ressortir avec une épaisse gangue malodorante autour de la godasse. Les chevaux avaient eux droit à une petite douche aux pattes avant d'appliquer le moindre pansage, cela les rendait plus présentables que nous...

Après trois mois de contorsions savantes autour de ce que nous appelions désormais le marécage, enfin le beau temps décida de s'installer !
Mais bon, nous étions déjà en juillet...