mercredi 23 février 2011

Anatomie enfantine

Cela se passait à la fin du mois de décembre, durant une des dernières reprises de l'année de ma fille.
La monitrice du jour, qui remplaçait pour l'occasion notre monitrice attitrée, avait orientée la séance du jour sous le signe des connaissances des chevaux, de leurs robes de leur anatomie de base.
Le dernier exercice consistait à nommer, chacun son tour, une partie de la tête de son poney. Ma fille étant en queue de peloton, elle se trouva bien embêtée une fois que les parties les plus évidentes furent citées :  yeux, oreilles, nez, toupet, bouche, etc...
Devant son désarroi, j'essayais piteusement de lui souffler quelques indices, du genre chanfrein ou ganache, mais concentrée sur sa réflexion, elle continuait à sécher en dépit des encouragements de la monitrice.
- Alors, qu'est-ce ce qu'il y a d'autre sur la tête d'un poney ?
- Euh...
- Allez, réfléchis... Qu'est-ce que tu as toi sur ton visage ?
- Ah, je sais !
- Quoi donc ?
- Des tâches de rousseur !!!

La monitrice a bien du mettre une minute à s'en remettre. ^^

mardi 8 février 2011

Complot et manigance

07 février 2010

Beltane est une cavalière particulièrement énervante. Il m'arrive régulièrement de venir la voir monter le dimanche matin, et tous ceux qui ont pu l'admirer ainsi partage ce même constat : nous tuerions père et mère pour avoir ne serait-ce que dix-pour-cent de son assiette, de sa tenue en selle et de sa maitrise générale. Et pourtant, une fois pied à terre, elle vient nous voir en déclarant des inepties du genre :
- Mouais, bof, pas terrible ma séance, j'étais pas bien en selle, mais mains n'étaient pas en place, mes jambes c'était n'importe quoi, tout ça...
Énervante, je vous dit.
A l'issue de  la reprise, un peu forcé par ma fille pressée d'aller récupérer un nouveau poisson rouge pour tenir compagnie à l'unique habitant de son aquarium, je laisse donc Beltane et notre amie Abayyah tailler le bout de gras avec la Monitrice.
Erreur grave...

La scène se passe le dimanche après-midi, la veille de ma reprise du jour, pendant le cours de ma fille. Durant la détente au pas, La Monitrice vient me voir près de l'entrée du manège où j'ai désormais pris l'habitude de m'accouder.
- Alors, Daniel... Demain, Quick ?
Je prends sur le coup un air des plus surpris ! Je précise que Quick est un cheval réputé un peu vif et qui possède tout une panoplie de techniques avancées lui permettant de désarçonner et faire mordre la poussière aux cavaliers les plus chevronnés, Beltane ne me démentira pas. Bref, pas un cheval que l'on confierait à un débutant de mon genre.
- Sans blagues ? lui répliquè-je avec un enthousiasme non feint. Je sais qu'il ne faut jamais lui laisser baisser la tête, mais pas de soucis, je m'y prépare !
- Naaaan, je déconne ! :D C'est pas encore de ton niveau !  Si Niko le monte de temps en temps, c'est parce-qu'il a déjà une grosse année d'équitation derrière lui... ;)
Oh, la vilaine Mono qui me fait des mauvaises blagues... Je me demande qui a bien pu lui mettre cet idée dans la tête...
Mais je ne lui en tiens pas rigueur pour autant, à la Mono, c'est quelqu'un que j'apprécie particulièrement. Elle a un petit côté maternant avec ses élèves qui lui donne cet espèce de regard bienveillant propre à une mère vis-à-vis de sa progéniture. Ce qui implique par ailleurs qu'elle peut être aussi particulièrement exigeante, quitte à piquer parfois de bonnes grosses colères à en faire trembler les murs du manège...

Mais ce soir, je retrouve la Mô avec un certain plaisir. Je ne sais toujours pas si c'est la monture sur laquelle je préfère monter, mais j'admets avoir une tendresse toute particulière pour cette jument. Elle, que je trouvais parfois un peu distante dans son box, commence petit à petit à devenir câline, ou du moins patiente en ma présence. Cela fait maintenant deux séances que j'arrive à la natter proprement sans qu'elle ne me tourne les fesses ou dérobe sa tête. C'est un petit évènement en soi. ;)

Dans le manège, une sympathique cavalière propriétaire confie son joli poney souris, Llentos, à La Monitrice qui va de nouveau monter avec nous pour cette reprise placée sous le signe des jeux, comme il est de coutume chaque semaine avant les vacances. A la détente au pas, nous en profitons pour échanger les derniers potins sur quelques tours de piste avant que les choses ne commencent à s'accélérer.
Beaucoup de trot, un peu de galop, j'ai un petit peu de mal pour faire partir la Mô au quart de tour. J'espère que ce ne sera pas trop pénalisant pour la suite...

Nous commençons pas un relais aux quatre coins. Durant son tour, La Monitrice, pour l'occasion dans mon équipe, nous fait une jolie démonstration de galop léger à une seule main. La grande classe. :)
De mon côté, pour une fois, je me débrouille pas trop mal. Deux tours pas spécialement rapides, j'aurais sans doute pu motiver un peu plus la Mô, mais plutôt propres dans son exécution : les mains et les fesses en place, une trajectoire soignée, y compris dans les coins que l'équipe adverse coupe outrageusement...
Comme prévu, Esparade, monté par Niko, enrhume tout le monde par sa vélocité et ses démarrages fulgurants. Ce grand cheval bai me fait décidément de l'œil, au moins autant que Quick. Je l'aurais, un jour, je l'aurais... ^_^ Une fois parti, il est inarrêtable. Sur son dos, Niko fera tourner tout le monde en bourrique, y compris la Mono, lors du jeu des Éperviers. Belle bête. :)

Nous enchaînons sur le jeu du béret. Il s'agit d'aller récupérer un ballon muni de poignées, perché sur un plot placé au milieu du manège et le ramener de son côté. Chaque cavalier se voit attribuer un numéro, numéros qui sont successivement appelés par un arbitre afin d'aller récupérer le ballon et le ramener dans son camp sans se faire toucher par son vis-à-vis.
Ma collègue, montée sur Granolat, exprime quelques craintes en découvrant qu'elle se trouve opposée à Esparade, le cheval fusée. Mais la Mono lui glisse en petit mot dans l'oreille :
- T'inquiète pas. Tu vas voir, une fois parti, il ne pourra pas s'arrêter. :D
Sa parole est d'évangile : au top départ, Esparade part effectivement comme un missile et tournera ainsi une bonne minute autour du plot sans jamais être en position de s'en approcher proprement, laissant ainsi tout le temps à Granolat de ramener sa cavalière et le trophée à bon port. Fous rires assurés. :D
Et puis grand moment de solitude quand notre arbitre appelle simultanément un cheval pie et un cheval bai. Je pars au petit trot, fais tomber le ballon, met pied à terre, et repart la monture en main quand l'équipe adverse réalise ENFIN qu'il y a un cheval bai dans leur équipe... Et même deux. :D
La vinaigrette - tous les cavaliers mettent pied à terre pour aller récupérer le ballon - tourne à la partie de rugby. Je déboule le premier sur l'objectif, et, par un subtil jeu de passes entre La Monitrice et ma pomme, nous ramenons l'objet convoité en évitant les placages et raffuts de nos adversaires.
Et toc. :)

Une bonne séance ludique bien agréable. Mon équitation a un peu tourné au grand n'importe quoi sur la fin, avec des départs au galop laborieux qui ont du décontenancer Mowara plus d'une fois. Je ne remercierais jamais assez les chevaux de clubs pour supporter des zigotos tels que nous sur leurs dos !

Une fois les bêtes rentrées et le matos plié/rangé, nous sommes invités à déguster quelques parts de gâteaux offerts par les chuteux de la séance précédente. Bien entendu, je me fais prier, car étant comme à l'accoutumée le dernier à sortir du box. Mais une fois dans le bureau où tout le monde ou presque s'est réuni, j'ose aborder La Monitrice à propos de la petite plaisanterie de la veille...
- Dis-moi, ma petite C, hier, ta blague à propos de Quick, ça n'aurait pas été un peu prémédité ?
- Mais pas du touuuut. Mais qu'est-ce qui te fait penser ça ?
- Chais pas... Il y aurait des rumeurs comme quoi vous auriez complotés avec les filles hier matin...
- Ah... Mais c'est juste qu'elles sont venues me faire quelques suggestions... Je leur ai simplement répondu que je n'allais le casser tout de suite, mon petit Daniel... ^_^


Prochaine reprise le lundi 28 février, snif, snif...
Stro nul les vacances. :(

mardi 1 février 2011

Contretemps

31 janvier 2010

Certaines personnes autour de moi voudraient faire de Mowara mon cheval préféré. Cette jument dispose effectivement d'un panel d'arguments séduisants pour en faire une de mes favorites. Une robe originale, un gabarit imposant, une certaine docilité sous la selle, une espèce de "force tranquille" propre à rassurer les plus timorés des débutants, le soutien définitif de ma fille, et cette attache sentimentale indissoluble propre à toutes les "premières fois". Sans compter que j'effectue une bonne moitié de mon apprentissage sur cette charmante tâchue.
Et pourtant, je suis encore bien incapable de réellement faire sortir du lot telle ou telle monture. Chacunes, avec leurs caractères parfois bien trempés, m'ont apporté leur lot d'enseignement, de tracas, de bonne ou mauvaise volonté et parfois de petites solutions qui confirment qu'il est nécessaire de monter une large palette de chevaux pour affiner son apprentissage. En fait, je ne suis jamais autant joyeux que quand m'est attribué un cheval qui n'a encore eu l'honneur de se glisser sous mon popotin. Mais il me reste encore beaucoup de séances et de chemins à parcourir pour me voir confier d'autres chevaux plus pointus.

Je suis ce soir affecté à Gulliver. A moins que ce ne soit Gulliver qui me soit affecté, je ne sais pas encore qui des deux maitrise l'autre... Mais je ne m'en plains pas, j'ai justement certaines affinités avec Okilébo, pour sa robe noire qui fait des jaloux jusque dans les boxes, pour son confort en selle et son côté super-câlin s'il l'on a bien pris la peine de repérer ses points douillets.
Je déballe donc mon matériel, récupère selle et filet que je dépose délicatement sur la porte de son box, et entame une petite séance de grattouilles histoire de dire bonjour avec douceur avant de procéder à tout pansage.
Vient alors m'accoster une jeune fille armée d'un bout de papier entre les doigts.
- Bonsoir. Vous devez être Daniel, non ?
- Oui, bonsoir.
- Je suis chargé de vous dire que ce soir vous ne montez plus Gulliver, mais Mowara.
- Ah... Mais il me semble que Mô est prévue pour Kris ?
- Justement, est-ce que vous pourrez lui-dire quand elle arrivera qu'elle ne monte plus Mowara mais Loargann ?
- Je transmettrai. ;)
Mais Kris ne viendra pas...

Bon. Je laisse en plan le beau Gulli, pas plus traumatisé que ça, pour aller saluer ma grosse tâchue. Je déduis de ce petit contretemps qu'une séance intéressante pourrait être programmée ce soir, Okilébo étant réputé pour ne pas sauter...
Je panse et équipe la Mô dans les règles, et profite du petit laps de temps qu'il me reste pour la parer de quelques tresses épaisses qui lui siéent à merveille. Elle a par ailleurs le bon goût de se laisser manipuler la crinière, ce qui n'est jamais évident avec cette jument archi-sensible dès qu'il s'agit de s'approcher de son toupet. Je la gratifie donc d'un petit bonbon à la carotte pour la remercier de sa patience. Bonbon qu'elle attrape avec plaisir... mais ne mâche pas... C'est quoi ce mystère ? L'aurait-elle gobé d'un coup d'un seul sans même le croquer ? Ce me ferait bien halluciner...

M'enfin, me voici en piste, sangle serrée, étriers réglés, cavalier monté. La Monitrice nous annonce de suite :
- Vous réglez vos étriers pour pouvoir vous tenir en équilibre !
Ha ! Absence de Gulliver conjuguée à des étriers en position "saut", voilà qui commence à sentir bon, mais je n'ose encore y croire...
Mes collègues de reprise, au nombre de cinq, rentrent tour à tour dans le manège, quand l'une d'entre elles, suivi par un joli poney dont je n'ai pas retenu le nom, se fait interpeller par la Mono.
- Ah, je crois que tu t'es trompée de poney... Ce n'est pas Duchesse, c'est MachinChose... Et MachinChose au saut, ça risque d'être un peu floklo...
Tiens donc, quelqu'un a prononcé le mot magique. :)
Cet autre contretemps ne nous empêche pas de commencer à détendre au pas puis au trot. Tâches que j'effectue en m'appliquant à laisser en place ces FICHUES MAINS BALADEUSES.

Le temps que notre retardataire récupère sa monture légitime, la Mono nous invite à trotter en équilibre.
- Daniel, reste près de ta selle. Si tu persistes à te mettre debout, ça va finir comme avec Gulliver...
Ah ben tiens, un truc que je viens de comprendre : se mettre en équilibre ne signifie pas forcément se mettre debout raide comme un piquet, mais pivoter autour des chevilles afin de simplement décoller les fesses de la selle. Ya ka.
Le temps d'expérimenter l'affaire, La Monitrice à tout le temps d'aller chercher quelques barres au fond du manège. Je compte bien : une, deux, trois, quatre barres, comme autant de promesse de friandises chocolatées. Nous sommes gâtés, il y aura deux obstacles ce soir. ^^

Le temps que tout soit installé, nous enchaînons sur quelques tours de galop. Et en équilibre de préférence, bien entendu. Tenir l'équilibre ET la trajectoire dans le même temps est encore un exercice qui échappe à ma maîtrise. A partir du moment où j'attrape un brin de crinière pour assurer mon équilibre, ma tenue de rênes devient aléatoire et je perds en partie le contrôle de la direction.
Dans le même temps, une collègue tient, elle, beaucoup mieux sa trajectoire... mais nettement moins son équilibre. Itis, sa monture, l'envoie valdinguer dans le pare-bottes avec fracas... La cavalière s'en retrouvera sonné quelques minutes mais finira par remonter et poursuivre la séance.
Un tour plus loin, ce sont cette fois Gipsy et Quick qui se débarrassent de leurs cavaliers respectifs dans un mouvement synchronisé que n'aurait pas renier des juges de patinage artistique. Petite pensée pour Niko, l'autre bonhomme de la reprise, qui avait monté ce même Quick la semaine précédente et était fier à ce moment précis de proclamer qu'il n'avait encore jamais connu la chute. Dans mon esprit s'égrènent alors quelques notes de musiques, une ligne de basse caractéristique et un célèbre chanteur moustachu entonne alors "Another One Bites The Dust"...
Quand une séance se passe bien à titre personnel, il y a toujours de la place pour parler du malheur des autres.

Une fois tout ce petit monde remis en selle, il est temps de rentrer dans le gros de la séance. Le long du pare-botte ont été installés à la suite un croisillon et une barre au sol. L'exercice consiste à franchir le premier au trot et le second au galop. Dans mon for intérieur, je ne peux m'empêcher de penser que cela m'arrange bien, il y a en effet toutes les chances que les montures partent d'elles-mêmes au galop sans avoir demandé quoique ce soit une fois le premier obstacle franchi...
Après un premier passage où nous nous faisons savamment enguirlandés pour ne pas poursuivre le mouvement tout droit sur la piste, j'effectue un second passage bien maîtrisé qui me vaut les félicitations de La Monitrice. Glop glop. ^^

Puis la barre au sol se transforme en petit vertical d'une quarantaine de centimètre. Même exercice que précédemment, je lance le trot, légèrement enlevé pour écarter tout velléité de départ au galop à la Mô. Une fois le virage négocié, j'engage la mise en équilibre et attrape mon brin de crinière. Erreur de ma part, en prenant la position, je relâche le contact avec le mors et Mowara embraye de suite sur le galop avant même de franchir le croisillon.
- Eh ouais Daniel, c'est de ta faute !
Grmblf, je grommèle dans ma barbe deux ou trois noms d'oiseau à mon attention, mais me console en concluant que l'on apprend de ses erreurs. J'y penserai la prochaine fois.

Nonobstant cette erreur de débutant, je reste sous le charme de cette grande première, à savoir enchaîner deux obstacles à la suite, quand bien même ils furent modestes. ^^

Nous mettons pied à terre et confions nos montures à La Mono le temps que nous débarrassions le manège de ses obstacles. Au moment de ranger les deux barres que j'ai sous les bras, j'entends La Monitrice m'interpeller d'un ton goguenard :
- Dis-dons Daniel, tu ne lui aurais pas donner quelque chose à manger à Mowara avant la reprise ?
- Euh... Oui, il me semble...
- Quel couleur ?
- Orange, je crois bien, un truc à la carotte.
- Ah ouais, c'est donc bien ça...^^
Une fois rapproché de Mô, je constate que cette chipie, à l'instar d'un vieux fumeur de cigare, a gardé durant toute la séance bien coincé entre le mors et les lèvres la friandise que je lui avais offert au moment de sa séance de coiffure...

On apprend de ses erreurs, je disais.
Et aujourd'hui, j'ai beaucoup appris. ^^