mardi 26 octobre 2010

Stage, décollage et Altesse Royale - seconde partie

 25 octobre 2010, l'après-midi

14h00 : rassemblement de toute la troupe dans le petit manège, La Monitrice va distribuer les montures aux stagiaires. J'aime beaucoup sa façon de me regarder d'un air interrogateur en faisant la moue, histoire de bien marquer une réflexion intense et de ménager le suspense quant au cheval qui me sera confié pour la prochaine reprise...
- Bon, Daniel, pour toi ce sera... Ce sera...
- Oui ?
- Allez, je te donne Mowara.
- Haaa !
- Oui, pour ce qui est prévu cette après-midi, ça vaudra peut-être mieux. :)
- Oh...

Un petit indice me met la puce à l'oreille : même si Momo est loin d'être un Pullman au galop, elle a toutefois la réputation d'être une sauteuse rassurante et particulièrement bien adaptée aux débutants. Bref, ça sent la barre et le chandelier...

Arrivé au montoir, je mets en application l'expérience acquise le matin même en rallongeant généreusement mes étriers de trois bons trous. Une fois en selle, la position semble me donner satisfaction, quand le moniteur confirme ce que nous pressentions quelques minutes auparavant :
- Bon, cet après-midi, nous allons faire un petit peu de saut. Pour cela, vous allez me raccourcir vos étriers de trois trous !
Ben voyons... :/

Durant la prochaine demi-heure, nous allons donc nous démener pour essayer d'intégrer le principe de l'équitation en équilibre, en vue, bien évidemment, de nous préparer à notre première session de saut. Certains semblent déjà familiers de la chose, mais de mon côté, l'apprentissage est plus que chaotique. Cette brave Mowara me prête avec beaucoup de patience quelques brins de sa crinière pour me porter secours, je ne l'en remercierai jamais assez.
Au galop, le truc commence à rentrer. Je me surprends même à lâcher la crinière sur quelques foulées, puis sur un tour complet. Tout ceci est prometteur, et même agréable les brefs moments où je semble être à peu près en place.

Dans la carrière, entre deux chandeliers, le moniteur a installé deux barres au sol qui me regardent d'un air méchant. Mine de rien, même posées au sol, ça fait son petit effet sur le cavalier débutant...
- Euh, c'est pas un petit peu haut pour commencer ?
- On peut toujours creuser pour enterrer les barres, mais ça risque de faire perdre un peu d'intérêt à l'exercice...
Je lui concède ce point.
Pour corser l'affaire, aux abords de l'obstacle, deux paires de plot ont été placés dans le but de soigner les trajectoires.

Les premières barres se franchissent au trot. Je me révèle incapable de lâcher la crinière, ayant toujours cette impression d'être trop haut sur mes étriers... Mais ces premiers obstacles se passent sans encombre, ouf. :) L'exercice est répété aux deux mains, en essayant autant que possible de focaliser mon regard au loin.
D'ailleurs, pour s'entrainer à ne pas regarder par terre, le moniteur nous demande au passage des barres de décrire ce que nous regardons.
A savoir, de l'autre côté de la barrière, se trouve la grande carrière au milieu de laquelle trône un arbre. Sous l'arbre se trouve Aurore, une autre monitrice qui fait cours à un autre groupe de stagiaires manifestement plus aguerris. A la demande de notre moniteur, la plupart des cavaliers qui me précèdent cite l'arbre comme point de repère.
De mon côté, je ne peux m'empêcher de citer Aurore...
- Et bien, quelle succès, cette Aurore ! S'exclame le moniteur.
- Ben oui, le centre est bondé de jolies monitrices, je trouve dommage de se focaliser sur les arbres...

L'exercice au trot s'étant fait sans encombres, il est alors temps de passer à l'étape supérieure, non seulement en remontant les barres, mais en y allant cette fois-ci au galop.
C'est à l'entame de cet exercice hautement périlleux que Beltane décide de me rendre visite. Ce n'est pas très gentil de venir me troubler alors que je fais face aux pires périls... ;)
En allant la saluer près de la barrière, je manque même de provoquer un accident en croisant le premier candidat à la chute qui s'était élancé sans m'avoir vu en train de compter fleurette près de la barrière...
Rien de bien grave toutefois, je rejoins le groupe sain et sauf et attaque ce moment tant attendu, ce premier saut au galop source de toutes les angoisses, que je n'imaginais pas effectuer de sitôt. La présence d'une supportrice s'ajoute à une pression déjà conséquente, mais j'entame cette course vers l'obstacle avec un certain enthousiasme, heureux d'en découdre pour la première fois face à cette épreuve mythique.
Départ au trot, puis au galop sans soucis. Je soigne la trajectoire quitte à prendre large, afin de ne pas rater les plots. A l'abord, je saisis une poignée de crins et me pose en équilibre, ou du moins ce qui doit y ressembler.
Et hop, ça vole. Comme ça, en silence, sans encombre, avec une certaine douceur. Le regard loin porté, tout s'est fait de façon presque imperceptible, et s'en est presque frustrant ! J'aurais voulu regarder l'obstacle, lui passer dessus en lui tirant la langue en signe de pied-de-nez !
Je confirme, Mowara n'a pas usurpée sa réputation, c'est décidément une perle. Discrètement, je lui chuchote à l'oreille tout le bien ce que je pense d'elle, elle en sera quitte pour une grosse séance de câlins après la reprise

Trois ou quatre autres passages auront lieu par la suite, et je me surprends même à lâcher la crinière pour le dernier saut. Cette dernière note positive me comblera définitivement de bonheur après une vraie belle journée d'équitation.
Le soir, j'avoue avoir eu un peu de mal à monter les escaliers... Ce qui me permet de répondre à cette question qui a hanté mon esprit toute la journée : les moniteurs d'équitation nous veulent-ils du mal ?

Certainement, mais qu'est-ce qu'on aime ça 

L'équitation est le seul sport aérien qui nous fasse décoller sans jamais nous faire atterrir.

Stage, décollage et Altesse Royale - première partie

25 octobre 2010, le matin

Les moniteurs d'équitation nous veulent-ils du mal ? C'est un peu la question que je me suis régulièrement posé lors de cette longue journée d'équitation riche en émotions et en exercices tous aussi casse-gueulogènes les uns que les autres. On m'avait pourtant prévenu que les moniteurs avaient à leur disposition tout un arsenal d'exercices tordus à destination des cavaliers les plus retors, et j'ai pu goûter en cette belle journée à quelques échantillons gratinés.

Oui, en journée, car en cette semaine de vacances, des sessions de stages sont organisées en remplacement des cours habituels. Histoire de ne pas faire de coupure préjudicieuse à mon moral, je me suis donc inscrit pour cette journée de lundi et découvrir à quelle sauce j'allais être mangé durant ces trois heures d'équitation.
Lors de l'attribution des montures, La Monitrice, la fameuse, fait mine de réfléchir avant de m'attribuer mon habituelle Mowara. Elle a manifestement senti que je commençais à nouer certaines affinités avec cette grosse pie, et me la confie donc pour la matinée, que grâce lui soit rendue. :)
Je retire un point de sadisme aux moniteurs d'équitation.

Mais aujourd'hui, il y a du changement, et pas des moindres, car la monitrice du jour est un moniteur...
Pas moins sympa pour un sou, il nous réserve cependant tout un tas d'exercices de mise en selle sympathiques. Après une traditionnelle détente tranquille aux trois allures, nous sommes priés de ranger les étriers et de s'échauffer les fesses au trot assis sur un grand cercle.
Jusque-là tout va bien. Mais la suite est évidemment plus corsée...

La première étape consiste à réaliser un nœud avec les rênes. L'exercice en soi n'est pas difficile, mais me rappelle cette image de Lucky Luke passant le fil à travers le chas de l'aiguille au galop sur son mythique cheval de western.
Oui, la comparaison est flatteuse et très exagérée, mais la suite s'annonce moins à mon avantage, alors autant se donner de suite un bon coup de moral. :)
Il s'agit d'aller toucher, toujours au galop assis, les oreilles de sa monture, sachant que la mienne les a particulièrement sensibles... Bah, je m'exécute avec bonne grâce, mais considérant la position à tenir pour effectuer l'exercice et la forme particulière de la selle, en particulier au niveau du garrot, je suis soumis à une nouvelle forme de souffrance que la catégorie la plus féminine ne saurait connaître.
Un point de sadisme pour le moniteur, un.

La sévice suivante consiste à aller toucher le haut des piquets qui supportent la clôture de la carrière. Je proteste vigoureusement en arguant que les poneys par leur taille réduite sont indûment favorisés, mais le moniteur ne veut rien savoir. Il veut des touchers propres et francs, même pour les grandes andouilles montées sur des belles pièces.
Je lui accorde derechef un second point de sadisme.

La suite aggravera son cas de façon irrémédiable. Et promis, je ne moquerai plus de mes petits camarades des reprises de galop supérieur quand je les verrais taper les talons au dessus de l'encolure ou faire un peu de vélo en selle. Qu'ils se sentent moins seuls, ils peuvent savoir que je compatis désormais à leur malheur.
Arrive surtout le moment que je redoutais particulièrement : les tours au galop sans étriers. Sachant que Mowara n'est pas une jument super-confortable à cette allure et que je transpire sang et haut pour tenir une position correcte dans la selle, le moindre écart me faisant irrémédiablement décoller et me mettant dans un équilibre précaire. C'est sans doute une excellente école, mais ce n'est pas vraiment pour me rassurer à l'idée d'aborder cette même allure avec les pieds qui pendouillent...

Et pourtant la suite est magique ! Ce n'est peut-être pas logique ni très courant, mais je me sens nettement plus à l'aise ainsi, le contact avec la selle me semble infiniment plus facile à obtenir et un gros sourire de joie s'imprime sur ma trombine. S'il faut souffrir ainsi pour bénéficier de tels moments de bonheur, je veux bien y retourner cette après-midi. :)

Le repas avalé, nous nous pressons aux abords de la carrière pour voir évoluer La Monitrice montée sur la classieuse Sagamix. Ça n'a l'air de rien comme ça, mais cette fameuse monitrice, je ne l'avais vu jusque-là monter que le tracteur... Il faut se rendre à l'évidence, elle n'est pas que monitrice, elle aussi cavalière.
L'évènement est manifestement de taille, car l'assistance afflue, impatiente de voir Le Maître évoluer devant nos yeux. D'ailleurs, à son passage, nous ne sommes pas loin de faire la révérence, pauvres manants que nous sommes faisant place à la Reine.

En tant que cavalier en apprentissage, j'admets que la leçon d'équitation ne se fait pas qu'à cheval. Elle peut se faire aussi avec les yeux. Car devant moi, tout semble facile, léger, aérien. Même au trot assis, là où le cavalier moyen tel que moi se ferait secouer comme un prunier sous le mistral, l'accompagnement du mouvement semble parfait et, passé le haut des hanches, plus rien de bouge.
C'est beau. :)
Un détail attire toutefois mon attention : sans étriers, ces derniers viennent se positionner tout juste au dessus de ses pieds. Cet élément à son importance, car jusqu'ici je n'avais encore pas trouvé le réglage idoine. Mon expérience de galop sans étriers du matin et l'observation attentive de La Monitrice m'incitent donc à rallonger les miens de façon drastique pour la reprise de l'après-midi...

Une fois son travail achevé, en sortant de la carrière, La Monitrice nous fait Sa Majesté. Elle s'arrête à mon niveau, prend une posture altière et décide de m'accorder sa grâce royale :
- Si tu veux, tu peux t'occuper du pansage.
Deux courbettes et trois génuflexions plus tard, je commence à brosser Saga à côté de son box avec une joie non dissimulée. Sa robe noire ne passe pas inaperçue et attire irrémédiablement toute une horde de bambins pétris d'admiration devant une telle élégance.
- Oh, Monsieur, comme vous avez trop de chance de brosser cette jument. Vous devez être un super-cavalier avec pleins de galops pour avoir le droit de brosser Saga !
Sur le coup, je me suis arrêté net... J'ai voulu garder un air impassible, genre super sérieux du cavalier-qui-déchire-sa-race-avec-tous-ses-exams, mais je n'ai pu retenir un petit sourire plein de tendresse face à ces petites mines qui me regardait avec force admiration.
- Vous aussi, soyez de bons élèves, et peut-être aurez-vous droit vous aussi de panser la plus belle jument du club.
Ah la la, les enfants..

La séance de pansage s'achève par un bon goudronnage des soles de la noiraude. Pour ce faire, La Monitrice a mis de côté le traditionnel pinceau pour sortir une bombe magique à étrenner sur la jolie Saga. La Monitrice vaporise le produit pendant que je soutiens les pieds consciencieusement. J'en prends évidemment plein les doigts, et faisant sentir le fumet particulier de ce goudron à l'assistance toujours nombreuse, nous arrivons tous à la même conclusion : ça sent le barbecue...
La prochaine fois que j'irais faire l'acquisition de sauce barbecue, je penserai à jeter un coup d'œil à la composition du produit. J'ai comme un doute, là... :/ 

mardi 19 octobre 2010

Récréation et pieds congelés

18 octobre 2010

Ce début de soirée est un copié-collé de celui de la semaine dernière. Mowara est toute en sueur dans son box, le poil tout ébouriffé comme sortant d'une douche sans que le cavalier précédent n'ait pris la peine de lui passer le moindre coup de brosse.
Grrr... Ça m'énerve.
Elle n'est pourtant pas farouche la grosse Momo. Elle donne le pied et se laisse frotter très facilement, même si elle semble manifester parfois quelque agacement si l'on s'attarde un peu trop sur son bidon, qu'elle a bien rond par ailleurs. Elle adore par contre qu'on s'occupe de sa croupe ! C'est bien une fille, tiens...
Elle a aussi la particularité d'être très chatouilleuse du garrot, et s'ébroue dès que l'on s'avise à lui en toucher les poils, c'est même amusant à voir, et subir, une fois en selle.
Mowara a aussi la réputation d'avoir les oreilles sensibles. Réputation pas vraiment justifié à mon humble avis, je n'ai pas éprouvé jusqu'ici la moindre difficulté à lui y faire passer le filet, grand bien me fasse.
La difficulté se situe en fait entre les deux oreilles... Elle déteste absolument qu'on lui touche le toupet de quelque façon que ce soit, et ce soir ne fait pas exception. Ce qui pose par ailleurs un challenge intéressant, car si son toupet reste coincé sous la frontale, le cavalier a droit à une remarque de la monitrice. Dans le cas contraire, il passe pour un héros...
Bref, l'enjeu est de taille. Je vais donc essayer de la jouer au charme...

Je commence donc par une grosse embrassade sur l'encolure, je sais qu'elle apprécie qu'on s'y frotte avec envie, avant de me positionner face à elle en la gratifiant de quelque regard amoureux pour l'attendrir. J'approche mon visage de ses naseaux en attrapant les joues des deux mains, car, plus qu'à tout autre endroit de son corps, c'est la partie qu'elle semble le plus sensible aux câlins... Je m'y attarde donc avec une certaine douceur, jusqu'à ce que je commence à sentir les tensions s'apaiser, la respiration se faire plus douce. Ma main droite glisse délicatement entre ses naseaux, puis remonte doucement sur le chanfrein, toujours avec douceur et tendresse. La main gauche flattant toujours sa joue, la droite ose s'aventurer en peu plus haut, entre ses yeux qui sont dorénavant à moitié clos. Sans doute n'est-elle pas insensible à l'attention que je lui porte et semble désormais totalement détendue et réceptive à aller plus loin dans la relation...
Ma main droite n'a plus qu'à caresser avec légèreté les derniers centimètres qui me séparent de son jardin secret, pendant que je colle en même temps mon visage contre le sien en signe d'union.
L'affaire semble entendue...

Et paf. Un bon coup de museau dans les dents.
- Hé, je ne suis pas une jument facile monsieur ! Je ne laisse pas toucher mon toupet au premier venu ! What did you expect ?

Garce...
Je l'aurais un jour, je l'aurais.

Bon, je ne lui tiens pas rigueur de cet éternel caprice, et lui natte comme à l'habitude quelques tresses à la crinière et sur la queue qui lui permettront de parader devant ses copines. Comme par hasard, quand il s'agit de faire sa star, madame est beaucoup moins retors...

Bon, aujourd'hui, c'est récréation. Comme nous sommes le dernier lundi avant les vacances, le programme de la soirée sera agrémenté de quelques jeux sympathiques. Après les traditionnelles détentes individuelles au pas puis au trot enlevé - et ce coup-ci sur le bon diagonal s'il vous plait, toujours ça de pris - est organisé un relais, une petite course où se voit opposés deux équipes de six cavaliers. Le principe en est très simple, chaque relayeur effectue le tour de la carrière à l'allure qui lui sied, de préférence au galop bien entendu, avant de passer le relais au cavalier suivant. Mes camarades étant manifestement encore plus timides que moi, j'ai donc l'honneur de lancer notre équipe.
Et c'est donc parti pour un galop tranquille. Trèèèèèèès tranquille. Trop tranquille... J'ai à peine parcouru la moitié du trajet que mon vis-à-vis boucle son tour à une allure impressionnante. Il a beau être un cavalier sur le retour, mine de rien, ça vexe un poil... Et je me fais autant enrhumer lors de la seconde manche à main gauche ! Même si Mowara semble, et c'est plutôt rare, peu volontaire ce soir, je dois bien admettre que je ne vaux pas tripette en tant que jockey...
Nous assistons tout de même à un évènement remarquable : Muriel, qui avait pourtant promis de ne pas galoper avant Noël, a malgré tout effectué ses premiers tours de galop sous nos yeux et a bien mérité quelques applaudissements nourris. Comme par hasard, la monitrice lui avait attribué Gulliver, le fameux cheval qui décoince... Ça sent le coup prémédité, ça. ;)

Nous enchainons sur une séance d'Éperviers qui n'est pas sans me rappeler quelques bons souvenirs d'enfance et, accessoirement, mes plus beaux gadins en roller. Bien évidemment, et pas totalement contre mon gré, je suis désigné pour faire le premier chasseur de la troupe. Sauf que je n'avais pas prévu que Momo, sans doute un peu fatiguée de sa journée, n'était pas disposée à aller plus vite que le petit trot en cette fin de soirée. Contre une bande de galopeurs avisés, j'ai du rapidement me faire aider afin que l'on puisse terminer avant minuit...
En tant qu'épervier non plus, je ne vaux pas tripette...

Pendant ce temps-là, la monitrice est littéralement frigorifiée. Il fait pourtant une petite dizaine de degrés, mais elle nous fait son bibendum Michelin, toute emmitouflée qu'elle est dans une grosse doudoune surplombée d'une couverture équestre bien épaisse.
Pour certaines, je crains que l'hiver ne soit très long...
M'enfin, au vue de nos progrès, elle nous annonce tout de même à voix haute qu'elle est fière de nous. Et ça, ça fait bien plaisir.  :) Une perle, cette monitrice, que je vous dis. Je lui souhaite qu'elle n'ait pas froid aux pieds de toute la saison hivernale. :)

Retour au box, et bon coup de pansage une fois tout l'attirail rangé dans la sellerie. Je redonne à ma grosse tâchue l'aspect qu'elle aurait du présenter à mon arrivée, à savoir toute douce et brillante.
Aux futurs cavaliers, merci me restituer ma copine dans l'état dans laquelle je vous la laisse, merci... ;)

mercredi 13 octobre 2010

Question de jambes

11 octobre 2010

Trop chouette, je retrouve ma tâchue préférée. Mowara m'attend sagement dans son box, mais toute en sueur, marquée par les efforts d'une précédente reprise qui a du s'achever il y a peu. Dommage, la transpiration m'empêche de donner à sa robe le même brillant remarqué il y a deux semaines. J'en suis quitte pour lui natter quelques tresses qui, pour une fois, ressemblent à quelque chose. Le tour de main commence à venir. :)
D'accord, je l'avoue, je suis un peu coquet avec mes montures. Il m'a même été signifié que j'avais une approche assez féminine de l'équitation. Il est vrai que j'ai laissé tombé depuis longtemps cette espèce de pudeur virile qui tend à édulcorer les sentiments envers les animaux, mais j'aime trop dispenser grattouilles et câlins et le simple contact avec les chevaux suffit à me transporter. J'apprécie donc qu'ils aient une bonne présentation et j'essaye un temps soit peu de soigner ma tenue, histoire de ne pas ressembler à un clodo égaré au milieu de la carrière auquel on aurait tendance à demander ses papiers. Car même si l'équitation, ça rend beau, il faut quand même y mettre un peu du sien. Et je ne vous le cache pas, madame trouve ça louche...

C'est soir de fête aujourd'hui. Comme la petite carrière semble souffrir de problèmes d'éclairage, la grande, celle des champions, nous est ouverte. Il y a suffisamment de place pour partager l'espace avec quelques propriétaires, et, pour mettre dans l'ambiance de la nuit naissante, bas sur l'horizon apparaît la lune rousse.
Saisi d'une sainte frousse, tout le commun des mortels croit voir le diable à ses trousses. Champagne !

Beaucoup d'inédits sont introduits dans le programme de la soirée. Nous sommes désormais autorisés à détendre les chevaux en reprise libre au trot, à toutes les mains et individuellement. Ce qui occasionne quelques situations cocasses proches de la collision et un joyeux bazar.
La monitrice remet un peu d'ordre dans tout ça et nous envoie nous masser le gras des fesses par une bonne séance de trot sans étriers. La prochaine fois, je penserai à mettre du talc.
Et quitte à faire du trot sans étriers, autant essayer de le faire enlevé ! Je confirme : je serais sans doute le premier à sortir de mes gonds au prochain qui oserait affirmer que l'équitation n'est pas un sport.
Le rechaussement des étriers est un répit de courte durée. Ne nous reposons pas sur nos lauriers, il est plus que temps d'apprendre à trotter sur le bon diagonal ! Sur le principe, c'est assez simple. Sur l'application, c'est moins évident... S'il suffit de regarder la position des antérieurs selon la main où l'on tourne, Mowara souffre d'un défaut rédhibitoire : elle a les jambes sous le bidon. Et c'est pas facile à voir... La prochaine fois, il faudra songer à les lui mettre sur le côté, les crocodiles s'en accommodent très bien.
Mais, je pense qu'une fois qu'on a pris le truc, un simple regard au mouvement des épaules devrait suffire à se mettre correctement en place sans avoir à se plier en quatre. Mais pour l'instant, je me plante une fois sur deux...

La séance de galop confirme les progrès entre-aperçus la semaine dernière. Il me restait une dernière appréhension par rapport à Mowara, réputée peu confortable, mais qui s'est vite estompée dès les premières foulées. Bien sûr, il faut encore beaucoup affiner la posture, la position des mains et les trajectoires, mais l'essentiel est là : le galop est dé-mys-ti-fié ! Comprendre : la chute ne devrait décidément plus tarder.
Mais ce soir, c'est Jéjé qui s'y colle. :) Une belle chute tout en douceur, sur une parterre moelleux avec la petite roulade pour accompagner le mouvement, ça n'aura même pas fait de bruit. Quelle classe !

J'allais oublier la surprise du chef...
Alors que nous étions tous à l'arrêt après ce premier tour, la monitrice nous balance un surprenant "ALLEZ HOP, TOUS AU GALOP".
Sur le coup on a cru à une blague... On y va ? On y va pas ?
- Alors ? Qu'est-ce vous faites tous à l'arrêt ?
Ben non, c'était pas une blague. Cette fois-ci, c'est tous ensemble, et non plus par groupe de trois, quatre ou cinq cavaliers que nous avons le droit de galoper. Comme ça, direct, sans transition.
Et ça, c'est chouette.
Bref, ça sent bon le progrès tout ça. :)

Et en plus, la semaine prochaine, c'est gâteau. Miam.

Super-Papa sort son Super-Ch'val

04 octobre 2010

Depuis le début de l'année, nous avons toujours eu le bonheur d'échapper à la pluie. Ce soir-ci ne fait pas exception, nous arrivons avec une certaine maestria à passer entre les gouttes pourtant fort abondantes dans la région en ce début d'automne. Les reprises précédentes ont la délicatesse d'absorber les crachins et les averses avant notre entrée en piste, qu'ils en soient remerciés

Ce soir, j'ai la surprise de me voir attribuer Gulliver. Je vais vous en toucher un petit mot...
Esthétiquement d'abord, c'est un peu le summum du cheval de légende. Une silhouette irréprochable avec une robe intégralement noire ou presque, qui évoque tout de suite les plus célèbres montures qui ont bercé notre enfance. De Tornado à Blacky en passant par l'Etalon Noir, Gulliver suscite l'admiration de tous à son passage. "Okilébo" ose un élève en basket que je croise pour la première fois ce soir. S'en suit avec la monitrice une petite discussion enflammée sur les chevaux noirs qui-sont-les-plus-beaux, et qui comptent deux autres exemplaires au club avec Quartz, nanti toutefois d'une pelote et d'un joli nez busqué, et Sagamix et sa discrète étoile. Cette dernière ayant les faveurs de la mono, je ne saurais trop lui conseiller, à l'élève en basket qui fera toute la reprise sans étriers, d'en dire le plus grand bien en sa présence.
"Et toi aussi, peut-être, tu auras le droit de monter le plus beau cheval du club".

D'ailleurs, le charme semble faire rapidement son effet, puisqu'une élève, qui participe elle aussi son premier cours ce soir, me demande, à moi plutôt qu'à la monitrice (!), si la longueur de ses étriers est correcte ! Évidemment, ma position statique attire immédiatement les foudres la mono :
- Hé, ho, on avance là-bas ! On n'est pas là pour draguer !
- Ah non, pas ce soir, je ne suis pas rasé...
- Peut-être aussi que ça te rend plus attirant...
Huhu...
Oserais-je rapporter cet épisode à Madame en rentrant le soir ?

Je fais tranquillement, mais alors TRÈS tranquillement, repartir Gulli au pas. Je précise qu'il possède une caractéristique assez rare qui m'a été rapportée par Jéjé, camarade de reprise avec lequel je m'entends plutôt bien, et qui en a une certaine expérience. Gulliver est probablement le seul cheval au monde qui soit capable de s'endormir en marchant...

Les premiers pas lors de la détente ne le font pas mentir : si on laisse faire la bête, elle va ralentir petit à petit jusqu'à ce qu'on puisse quasiment l'entendre ronfler... En tout cas, ça berce. Je me laisse aller, parfois en fermant les yeux, en me concentrant à bien sentir avec le bassin le mouvement afin de l'accompagner au mieux. Dans le but évidemment de la séance future de galop, qui me tracasse depuis quelques temps.

Mais il faudra d'abord passer par une éprouvante épreuve de trot.
Et le trot, je ne vous raconte pas - mais si, racooooonte - c'est le service minimum : à l'instar d'Itis, les coups de talons, aussi amples soient-ils, sont d'une inefficacité absolue; autant attirer un chat avec une carotte râpée. Gulliver ne semble être sensible qu'à la douce caresse du flot des rênes sur son épaule afin que je puisse enfin savourer le bonheur de quelques foulées de trot. Oui, je précise bien "quelques foulées", puisqu'au bout de trois ou quatre, Môssieur le Cheval Star estime qu'il en a fait assez et repasse derechef au pas, bien entendu en ralentissant l'allure autant que faire se peut.
Il me fait un peu penser au légionnaire Joligibus, que l'on peut admirer dans l'album d'Astérix Le bouclier arverne. Joligibus est un soldat fainéant, légèrement aviné et principalement chargé des tâches glorieuses de balayage depuis quinze ans de service. Je cite :
- Ben, j’ai fini la première moitié de la première dalle. Je souffle un peu, je finis la deuxième moitié de la première dalle, je fais une pause...

Les stars sont décidément imbuvables. Bon, nous dirons que ça me fait les pieds. Chaque cheval réagit différemment, ça fait aussi partie de l'éducation du cavalier !
Feignasse quand même. :/

Du coup, le galop, je le sens moyen... La monitrice me rassure en m'expliquant qu'il est très confortable, un vrai Pullmann. Je fais abstraction de l'épreuve précédente de trot intermittent et me prépare au galop en me rappelant les bons conseils glanés ici et là. Rester coller à la selle, se décontracter, les épaules en arrière, bien suivre le mouvement avec le bassin, etc.
Et là, c'est la lumière de la soirée. Non seulement Gulliver se laisse gentiment partir au galop, mais surtout il semblerait que mes simulations en chaise à roulettes portent leurs fruits ! Ce galop est un pur régal, je reste bien en place, à peu près sur la piste, dans des foulées qui me semblent légères et aériennes et une énorme banane s'imprime durablement sur mon visage. Au passage, le soleil, couché depuis une bonne heure s'est relevé, les fleurs ont éclos sur les arbres, la piste a séché et je fais l'admiration de tous. :) "Okilébo" le cavalier !
Mais Gulliver est un peu moins d'accord... Les flaques de boues, il les voie toujours, et il n'aime pas ça. A son abord, il effectue un violent écart et je suis tout surpris de me réveiller avec ma joue contre la sienne, accroché comme un mort-de-faim à son encolure à éviter la chute qui me fera passer en moins d'une seconde de superstar interstellaire à has-been indécrottable. La gloire peut-être éphémère parfois...
J'arrive tant bien que mal à me remettre en place, et repart au galop dans l'autre main toujours avec autant de bonheur.
Gulliver, ce farceur, me fera tout de même cadeau de deux autres écarts sans arriver à me foutre par terre. Il paraît que ça l'amuse le bougre... Je n'ai pas eu la présence d'esprit de lui passer une soufflante, je suis décidément encore trop gentil...

N'empêche, je suis content. :)

Parfum de cheval

27 septembre 2010

Une soirée qui s'annonce sous les meilleurs auspices : Mowara m'est de nouveau attribuée ! C'est qu'à force de monter dessus, je commence à m'attacher à cette grosse tâchue. Comble du bonheur, elle m'attend cette fois-ci sagement dans son box et non pas dans la carrière sous une vilaine cavalière qui fait rien qu'a faire semblant d'être meilleure que moi.
Je commence les amabilités par une grosse embrassade autour de l'encolure. J'en profite pour respirer le doux parfum qui en émane pour m'imprégner tout de suite de l'ambiance. C'est vrai que l'odeur du canasson a quelque chose d'agréable. La prochaine fois, je penserai à ramener quelques échantillons de poils crottés histoire d'en faire une décoction maison et produire un parfum à ajouter dans les listes des gadgets du catalogue Padd. Rigolez pas, je suis sûr que ça vendrait, il n'y a pas que le savon au lait de jument dans la vie, hein !
Je suis même déjà en train d'en imaginer la publicité. Rien de compliqué, en matière de parfum, c'est un peu toujours la même chose. Il faut d'abord une star, une vraie, de celles où il est inutile de préciser le nom en sous-titre, habillée en robe du soir de grand couturier. De toute façon, elle ne possède rien d'autre.
Avec le doigt, elle se passe délicatement une micro-goutte du parfum en question sur la poitrine en contemplant la magnifique vue de son vertigineux penthouse manifestement trop grand pour elle et désespérément vide. Le minimalisme, c'est la classe.
Notre star semble définitivement blasée de passer encore une soirée champagne dans un décor fabuleux au milieu de célibataires façon bachelor. La vie peut être cruelle parfois.
Pour la réclame en question, il faudra juste adapter le décor : le château de Pompadour en lieu et place de la traditionnelle ambassade me paraît tout désigné.
Il faudra bien entendu adapter aussi les bachelors. Mine de rien, un étalon en noeud pap', ça pourrait avoir de la gueule. :)

Bref, je me rattrape donc de la semaine passée en faisant subir à Momo un pansage particulièrement soigneux. D'autant plus nécessaire qu'elle est tout crotteuse sur un côté et qu'il va falloir étriller sec. Le curage des pieds est royal : une fois le premier antérieur traité, je n'ai même plus de besoin de contact physique ni même de la parole pour faire soulever les autres. Me déplacer vers la jambe suivante suffit à lui faire soulever le pied ! Magique. :)
Une fois offerte une friandise bien méritée, je dispose tapis et selle sur le dos de la bête, et au moment de sangler, c'est la panique ! Il manque une bonne dizaine de centimètres ne serait-ce que pour faire toucher sanglons et contre-sanglons ! Hmmm, gros bidou ce soir... Allez, je sors mes plus gros biscottos et je tire vaillamment sur la sangle à m'en faire péter les veines. Le résultat est formidable, j'ai bien gagné dans les trois centimètres... :/ Et pendant ce temps, Mowara se fend la poire façon Jolly Jumper. Ne me demandez pas pourquoi ni comment, j'ai vraiment l'impression qu'elle rigole intérieurement !
Bref, après cinq minutes de vaines luttes, et voyant mes camarades se diriger vers la carrière, je me résous à desserrer franchement de l'autre côté pour arriver à sangler un minimum la selle. On resserrera plus tard, on nous attend sur le terrain.

Le terrain, parlons-en... Ce serait une belle étendue gazonnée, on la qualifierait de "terrain gras". Dans ce cas précis, il s'agit de sable et la carrière ressemble plus à un marigot poitevin qu'au champ de course de Vincennes. En cas de chute, il y a tout ce qui faut pour amortir confortablement la réception. Mais au moins, nous échappons à la pluie. Un rayon de soleil fera même son apparition avec que ce dernier ne se couche.

Les nouveautés du soir : la reprise libre était la norme au pas, elle est maintenant autorisée au trot, et c'est tant mieux, je commençais à m'ennuyer. Le trot enlevé est maintenant bien installé, même s'il reste encore un peu d'affinage qui viendra sûrement avec les prochaines séances. La présence de mares un peu partout rend l'exercice amusant, cela faisant autant d'obstacles, et donc d'éventuels points de chutes sympathiques, à éviter pour les cavaliers.
Entre temps, petite remarque agréable de la monitrice qui trouve le poil de Momo étonnament doux et soyeux "qu'on a l'impression qu'elle pourrait glisser". Je tiens ma science du pansage des plus grands maîtres, c'est à dire ma fille. :)

Le thème de la soirée est axé sur les figures de manège, et plus particulièrement sur les demi-voltes et demi-voltes renversées et leur appétissante forme de cornet de glace. Enfin, c'est l'image que la monitrice emploie pour décrire la forme de la figure, c'est manifestement une grosse gourmande.
Je ne m'étendrais pas sur la séance de galop, c'était un peu la répétition de la semaine précédente, c'est à dire du grand n'importe quoi. Même si j'ai tâché de me concentrer un peu plus sur ma posture, je décolle toujours autant et je ne sais pas quoi faire de mes jambes. Analyse de la mono : il faut j'essaye de rester coller à la selle en accompagnant plus le mouvement, mais il parait que ça viendra avec le temps. Ouf. Surtout que Mowara est, selon ses dires, particulièrement inconfortable au galop. Donc, pas de panique, mais ça m'énerve quand même.

Je ramène Momo dans son box, lui fait un dernier câlin en me frottant sur son encolure et rentre chez moi avec le doux parfum du dada imprégné dans ma polaire.
Manque de pot, Madame déteste ça... :/
Le parfum de cheval, use with caution...

Angoisse et gros câlins

20 septembre 2010

En arrivant au centre ce soir, je ressentais une anxiété inhabituelle qui avait commencée à s'installer quelques heures avant le début de la reprise. J'avais encore le souvenir de mes gesticulations improductives de la semaine dernière, et malgré que j'eusse révisé ma théorie et pris quelques conseils à droite-à gauche, j'angoissais à l'idée que cela ce reproduise durant la prochaine heure.
Et pour lutter contre l'angoisse dans un centre équestre, je ne connais qu'un seul remède efficace : une bonne séance de câlins avec la monture du jour. Les gratouillages en tout genre faisant aussi partie des plaisirs de l'équitation, il n'y a aucune raison que je m'en prive. J'aurais même tendance à en abuser, il faudra que j'en parle à mon psychiatre.

Comme d'habitude, j'arrive avec un peu en avance histoire de profiter de l'intimité du box et soigner la monture à coup d'astuces capillaires. Sur la fameuse liste m'est attribuée Mowara, la jument pie du premier cours. Je ne vais pas m'en plaindre, sauf que sa crinière naturellement courte ne permet pas vraiment beaucoup de fantaisies.
Donc entrée dans l'écurie, direction le box, et là, c'est le drame... Pas de Mowara !
Serait-elle au pré ? Pas possible... Un coup d'œil sur la reprise en cours me confirme que la grosse Momo est déjà sur la carrière avec une cavalière dessus. "Damn it" aurait hurlé Jack Bauer. Comment je fais, moi, pour ma séance de pansage ? Et me voilà à me retrouver avec trente minutes à tuer... Bon, je me reprends. Pour les câlins, je vais aller rendre visite à Sagamix - Saga pour les intimes - une jument noire de toute beauté parquée au fond de l'écurie, qui est toujours demandeuse de grattouilles en tout genre. Accessoirement, c'est aussi la louloute préférée de la monitrice, ce qui de me permet en plus de joindre l'agréable à une bonne dose de faillotage, on n'est jamais trop prudent.

Les angoisses une fois dissipées, je n'ai rien d'autre à faire que de m'installer sur un banc au bord de la carrière pour observer attentivement la reprise en cours. Regarder des cavaliers plus expérimentés - ici des galops 5/6 - peut toujours être instructif. Les cavalières tournent actuellement en rond et il en sort une à intervalle régulier pour aller se frotter à deux obstacles de hauteur relativement modeste. La difficulté est ailleurs, l'exercice doit être fait en lâchant les étriers et en mettant la main gauche sur la tête. Acrobatique ! Nous admirons le travail avec un de mes collègues, lui aussi attendant la disponibilité de sa monture. J'apprends par la même occasion qu'il est un ancien jockey ! C'était donc ça son secret... Bien que je lui donne quasiment la soixantaine, je lui trouve une aisance à me refiler des complexes... Sa présence dans les cours débutant s'expliquant par le fait qu'il n'ait jamais appris autre chose que la monte jockey !

Bref, nous admirons ensemble le travail des cavalières, et la difficulté devient croissante : avec une main, c'était manifestement trop facile, il est temps de sauter sans les mains, et  toujours sans étriers. L'inquiétude de certaines est parfaitement visible sur leurs visages, mais dans l'ensemble, elles se débrouillent plutôt bien. Toutefois, à l'abord du croisillon, l'une d'entre elles, le visage bien déconfit, maugrée une petite phrase de genre "C'est n'importe quoiiii". Sans trop expliquer pourquoi, on a senti de suite que ça risquait de mal se terminer... Effectivement, après ce premier croisillon, l'équilibre devient précaire et entraîne irrémédiablement la chute à l'obstacle suivant. Mais la belle chute, hein, pas celle sur un "moelleux" parterre de sable, mais celle en plein sur la barre. Sur le coup, j'ai serré fort mon gilet de protection, et tout le monde s'est un peu inquiété. Rien de cassé au final, mais la jeune fille a pris la barre en plein sur la hanche, vous voyez, là où on sent bien l'os sans même un petit peu de gras pour amortir... Bref, elle finit par se relever, mais sa séance est terminée pour ce soir. Elle en sera quitte pour un hématome généreux.

Quelques minutes plus tard, c'est à notre tour de rentrer dans l'arène. Pas de barres pour nous ce soir, mais la mécanique du cours commence à être bien huilée : on approfondit les éléments abordés la semaine précédente avant de s'essayer à quelques nouveautés.
Donc nous commençons en reprise libre, et dès les premiers pas, toutes mes craintes se dissipent d'un coup : Mowara va exactement là où je lui demande d'aller, sans avoir à s'employer, avec de très légères sollicitations et à peine quelques appels de langue pour accélérer l'allure si nécessaire. La séance de trot confirme cette impression, elle obéit avec une facilité déconcertante, répond à tous les ordres, reste parfaitement sur la piste aux deux mains avec une légèreté comme je ne connaissais pas, un peu comme si j'étais directement connecté avec l'animal, ce qui je crois représente un peu le but ultime de tout cavalier ! J'en suis le premier étonné... Alors, soit j'ai tout compris au truc - ce qui me paraît tout de même étrange en une semaine, mais sait-on jamais - soit la jument m'aime bien et fait tout me le montrer (je frise la mégalomanie, là), soit un truc s'est décoincé et quelques boutons m'ont paru plus évident à manipuler. Le fait que, enfin, j'étais en position correcte dans les étriers sans JAMAIS en bouger y est peut-être pour quelque chose... C'est surtout la bonne nouvelle de la soirée, j'ai appliqué avec rigueur les conseils glanés sur mon forum équestre préféré, et tout va pour le mieux comme par magie. Merci CF. :)

La nouveauté du jour, c'est le trot sans étriers. Une fois encore, Mowara répond avec une facilité déconcertante, ce qui permet de se concentrer sur les sensations sans avoir à s'employer. Cette façon de trotter n'est d'ailleurs pas aussi désagréable que je ne l'imaginais, si ce n'est parfois une petite tendance à glisser sur un côté ou un autre de la selle. Initialement, quand je me sentais partir, je me rattrapais avec le pommeau de la selle, puis après quelques tours, simplement en jouant finement avec les mollets, ce que je trouve beaucoup plus satisfaisant. Tout ceci masse bien les fesses, et il semblerait qu'en plus ce soit bon pour le transit.

S'ensuit enfin la séance de galop. C'est un peu le point noir de la soirée. Peut-être trop confiant, ça a tout de suite viré au grand n'importe quoi. Je n'étais pas en place sur la selle, je n'arrêtais pas de rebondir, posture incorrecte, mains qui gigotent sans cesse et trajectoires horribles. Beurk. "SOIT LÉGER", n'arrêtait pas de répéter la monitrice. Mais sur ce coup-là, c'était plutôt parpaing time... C'est d'autant plus dommage, que fidèle à elle-même, Mowara répondait parfaitement aux sollicitations. Bref, va falloir réviser tout ça sérieusement. :/

Sur ce, petit débrief pour chacun, retour des montures aux box et on finit la soirée autour d'un excellent flan concocté par une des élèves du groupe, accompagné de boissons diverses, cidre, jus d'orange, thé. Sympa.

Je quitte enfin le centre équestre, avec à la fois le sentiment d'avoir réalisé quelques progrès, et surtout la certitude que je vais y revenir avec une autre anxiété à vaincre... ;)

Gesticulations

13 septembre 2010

Bon, aujourd'hui je décide d'arriver dix minutes plus tôt que prévu, non pas pour faire du zèle, hein, mais simplement pour prendre le temps de faire un peu plus de câlins. Je suis comme ça, il faut que je caresse, que je grattouille, que je tripote, que je brosse, que je coiffe, etc... Bref, je profite de ce moment pour me faire une bonne séance d'équithérapie, je ne connais encore rien de mieux pour évacuer tous les petits tracas. Et peut-être même que ça dégage les bronches, j'en parlerai à Roselyne.

Comme d'habitude, je me présente à l'accueil. Il n'y a personne ce soir, mais est-ce bien nécessaire ? Après tout, j'ai déjà participé à deux cours et vaillamment affronté les trois allures. J'ai donc toute habilitation pour commencer à me prendre pour un caïd. A comprendre que je commence à avoir confiance en moi, il est donc assez probable que je finisse la tête dans la sable dans un avenir assez proche !
Ceci dit, la fiche habituelle est bien présente sur le comptoir et me propose de remonter Itis. Sur le coup, je me demande si je ne suis pas tombé sur la feuille de la semaine précédente, mais je n'ai rien d'autre à me mettre sous la dent. Donc rebelote. Et donc pas la peine d'en rajouter des tonnes, le coup du contre-sanglon cassé et de l'étrivière non numérotée, vous connaissez déjà.
A l'intérieur de l'écurie, un bonhomme du club est en train de déferrer un des loulous, et il a manifestement l'air d'en chier. Respect.
Je profite de mon petit rab de temps pour me livrer à quelques petites coquetteries. Ma fille ayant pris l'habitude de tresser son poney avant sa reprise, il n'est pas de raison que le père ne puisse pas en faire autant avec son shval. Donc, je lui tresse sa crinière. De façon simple, juste des nattes toutes bêtes, je ne vais pas faire trop sophistiqué pour la première fois. Je ne suis pas un grand habitué de la manipulation de cheveux, mes trois poils sur le caillou me donnant assez peu la possibilité d'exprimer ma nouvelle passion pour la coiffure.
Le résultat final est assez inégal, mais j'aurais au moins la satisfaction de me présenter un peu plus apprêté que mes feignasses de collègues.

En sortant de l'écurie, je rejoins une participante du cours qui m'avait devancée et que je salue promptement.
- Bonsoir.
- Bonsoir, c'est votre cheval habituel ? me répond-elle.
- Ben, vu qu'il m'est attribué pour la seconde fois en trois séances, on peut effectivement considérer que c'est mon cheval habituel !
C'est un peu comme chez les Anglais, dès qu'un évènement se produit deux fois, ça devient une tradition.

Nous sommes invités à rejoindre la carrière. La reprise précédente s'achève à peine et les chevaux entrants prennent la place des sortants. La belle ligne formée, la monitrice considère que nous sommes dorénavant assez grands pour ressangler, monter et régler les étriers tout seul.
Des caïds que je vous dis.
Une fois tout le monde en selle, la monitrice s'arrête vers moi en ouvrant de grands yeux interrogateurs.
- Ben ? Qu'est-ce que c'est que ça ???
Aïe, je ne pensais pas que mes tresses étaient si moches...
- Euh... Je me suis laissé aller à quelques coquetteries... C'est pas parce qu'on est un bonhomme que...
- Ah ! C'est toi qui les as faites ? Je pensais sur le coup que ta fille était là ! Mais je te rassure, pour un bonhomme, ce n'est pas si mal. Par contre, c'aurait été une fille...

Ouf, l'honneur est sauf. :)

Les nouveautés de ce soir : pour la détente au pas, on oublie les traditionnels tours de carrière à la queue-leu-leu, la monitrice nous propose de faire évoluer nos montures individuellement sur toute la surface disponible. Et c'est là que je commence à mesurer l'étendue du boulot à effectuer : tant qu'il suit un de ses copains, tout va toujours bien. Dès qu'il faut sortir le loulou de son train-train, le cavalier doit s'employer nettement plus pour essayer d'obtenir un contrôle satisfaisant. C'est beaucoup plus délicat que je ne l'imaginais. C'est un petit peu d'ailleurs la conclusion de la soirée, j'ai la grosse impression de m'agiter beaucoup pour pas grand chose. Alors c'est sûr, à force de mettre des coups de talons, encourager, ou engueuler avec ma grosse voix, voire mettre un léger coup sur les épaules avec le flot des rênes, ça finit toujours par partir, mais je suis persuadé qu'on peut obtenir ça plus finement.
Autre point qui me tracasse, je ne suis toujours pas à l'aise dans mes étriers. C'est trop court ou trop long, je ne sais pas encore, mais impossible de rester correctement en appui sur l'avant des pieds.
Sinon, excellente séance de trot enlevé. Je commence à bien sentir le timing et surtout la bonne façon de me lever sans avoir l'impression de soulever des haltères. Donc ça, c'est fait.
Ensuite, séance de galop également, cette fois-ci sur les deux mains, pas juste une simple "initiation". Toujours aussi agréable, mais je ressens toujours ce manque de contrôle, d'abord pour le faire partir aux ordres quand il n'y a pas un collègue devant pour donner le tempo, puis dans les trajectoires franchement pourries, même si il y a du mieux par rapport à la semaine dernière.
Je n'oublierais pas de mentionner mon air étonné quand je me fais doubler par un cheval sans cavalier... M'enfin, une fois encore, plus de peur que de mal.

Conclusion de la soirée : quelques progrès, mais encore plus d'interrogations, de choses à mettre au point et surtout grosse prise de conscience de tout le boulot à accomplir pour pratiquer une équitation propre. Bref, tant pis pour le caïd, l'humilité reste encore la première des qualités du cavalier.

Côté physique, ce coup-ci, je ne me ferai pas avoir. Une bonne séance d'étirements devrait en principe avoir raison de toute velléité de courbature...

A pluche.

Galop Premier

06 septembre 2010

Préambule :
Hier, c'était donc au tour de Fifille de participer à son premier cours. Comme prévu, nous partageons la même monitrice. Les shetlands sont pris en compte par les cavaliers en herbe et emmenés dans le manège. Le reste c'est du classique : quelques tours au pas, arrêts, diagonales, etc... Comme tout se passe à merveille, quelques passages au trot sans encombre pour mettre tout le monde dans l'ambiance. Et comme décidément la promo semble tenir la route, un ou deux tours de galop sont effectués par nos jeunes cavalières.
Bilan de la semaine :
Fifille : 1
Papa : 0

Bref, j'avais donc la pression pour cette deuxième séance du lundi soir. Donc je me représente à l'accueil. Un jeune responsable est en train de faire l'article à un potentiel futur membre du club et semble donc très occupé. Pas grave, la répartition des chevaux est sur le feuillet habituel, bien en évidence sur le comptoir. J'ose toutefois une petite interruption :
- Je vois que monte Itis ce soir... Il est au box ?
- Oui, la plupart des chevaux ont été ramené du pré. Itis est dans les box intérieurs, côté droit après la sellerie.

Yo, ça, c'est de la précision ! :)

Je me rends à l'endroit indiqué. Itis y est bien présent. C'est un grand hongre alezan avec une toute petite liste proche du naseau gauche. Notez que j'arrive à insérer les mots "hongre", "alezan", "liste" et "naseau" dans la même phrase. Ça pose tout de suite un cavalier. C'est en tout cas plus classe que "un dada tout marron avec une tâche sur le pif".
Reste maintenant à restituer la petite leçon particulière de la semaine dernière pour équiper son cheval comme un grand, à commencer par ce qui me semble le plus cauchemardesque, à savoir passer le licol dans le bon sens.
Ouf, jusqu'ici tout va bien.
Puis GROSSE séance de calinothérapie - je suis très tactile avec les animaux - avant de procéder au pansage. Itis donne les pieds sans problèmes, le curage est une vraie partie de plaisir. Je m'attarde un peu plus sur la brosse, il a l'air d'aimer ça le bougre, je sens qu'on va finir copain. Pas comme le cheval du box voisin avec lequel Itis semble échanger quelques noms d'oiseaux...
Les massages terminés, je passe le filet sans trop d'appréhension et tout se passe bien du premier coup, même s'il s'avérera plus tard que je n'avais pas assez serré la muserole.
Oui, j'ai aussi réussi à placer "muserole" dans le texte.

Tapis, amortisseur et selle sur le dos, il n'y a plus qu'à sangler comme on m'avait bien appris la semaine dernière. Je me souviens encore de la phrase de la petite dame :
- S'il y a trois lanières sur la selle, on sangle avec les extérieures et on laisse celle du milieu. Inutile de demande pourquoi, je ne sais pas !
Trop facile ! Allez hop, je soulève le quartier et... zut, flûte, crotte, une des lanières est cassée... Du coup, j'aurais quand même du demander pourquoi faut pas attacher sur celle du milieu, mais dans ce dernier cas, je n'ai plus trop le choix.
Bref, je serre tranquillos, et il est déjà temps de rejoindre la carrière dans laquelle quelques cavaliers m'ont déjà précédé. J'en profite pour commencer à régler mes étriers à la louche, en commençant par la gauche. L'étrivière est numérotée, voilà qui va simplifier les choses. Je règle donc sur "9" et passe à la droite. Zut, flûte, crotte, c'est un autre modèle, bien évidemment sans numéro ! Tans pis, on va la jouer à la symétrie, et comme il y a de fortes probabilités de tout re-régler une fois en selle, je ne m'en fais pas plus que ça.
Première tentative de monte. Oups, la selle tourne, j'avais oublié de ressangler... alors que la monitrice l'avais rappelé il n'y a pas trente secondes !
Je m'assure que personne n'a rien vu (on a sa fierté hein), resserre un bon coup, et grimpe non sans mal à la seconde tentative. Diable, qu'il est grand ce cheval, il doit bien toiser ses 1m70 !
Je règle plus finement les étriers, un peu long selon ma monitrice. Je raccourcis donc un peu dans une position qui permette le trot enlevé de façon plus aisée. Je ne sais pas pourquoi, je sens que ces fichus étriers ne cesseront de me casser les pieds toute la soirée.

Il est temps de rentrer dans le vif du sujet. Un petit peu de pas histoire d'attendre les retardataires, et c'est partie pour une GROSSE séance de trot. Pas juste deux petits tours hésitants, mais une bonne demi-heure avec trot enlevé pour commencer avant d'enchainer sur le trot assis. C'est sûr, personne n'a froid ce soir.
Les étriers me posent problème. Ils ont du mal à rester à leur place optimale. Quand je commence à donner des coups de talons, ils ont la fâcheuse tendance à glisser à venir se caler dans le talon de la chaussure. Au pire, à se barrer... Au trot, ça surprend la première fois, mais ça secoue tellement, qu'il finit de reprendre sagement sa position autour de la godasse ! Mais bon sang, il n'y a pas un cavalier amateur de vélo qui aurait mis au point des cales automatiques ? J'ai surtout l'impression de n'avoir pas trouvé la bonne longueur. Trop court ou trop long, j'essaierai d'affiner ça pour la prochaine fois.

La séance de massages fessiers terminée, la monitrice ose la question qui tue.
- Est-ce que parmi vous il y en aurait qui se sentirait de faire un peu de galop ?
Moi, gros sourire, je suis de toute façon volontaire pour tout. Chez quelques autres, la réponse est plus nuancée... Pas grave, finalement, tout le monde aura droit à s'y essayer !
Les premiers s'élancent par deux. Il y a quelques difficultés à les faire partir, mais finalement exécutent leurs premiers galops sous le regard admirateur des autres qui leurs offrent même quelques applaudissements.
Vient ensuite notre tour. J'ai une cavalière devant, une derrière. Je commande à faire partir Itis au trot, puis me démène pendant un bon tour et essayer de l'emmener à l'allure supérieure. A la seconde où il part, j'entends derrière moi un gros "boum".
- STOOOOOOOOOOOOOOOOP ! Hurle la monitrice.
Ma suiveuse s'est pris un gadin qui n'a pas l'air bien méchant. Elle remonte en selle sans soucis, et nous revoilà dans la minute suivante partis dans nos tentatives pour le moment infructueuses.
Même scénario que précédemment. Itis, trotte, trotte, et retrotte encore
- Alors, un peu de nerf ! Coups de talons ! Crie-lui un peu dessus avec ta grosse voix !!
Ça secoue, ça secoue, ça secoue, et c'est enfin parti pour un pur de moment de bonheur. Pour vous situer, imaginez un peu que vous êtes dans un avion de ligne, en montée. Vous traversez une épaisse couche de nuage très turbulente, et à l'issue, c'est tout d'un coup le grand calme, et on voit la Lumière
J'ai le souvenir de m'être imprimé une banane sur le visage qui ne m'a pas quitté de la nuit.

Le reste est anecdotique. Retour au box, pansage, rangement des équipements, friandise, etc.
En m'installant, dans la voiture, j'ai senti que les gambettes auront un réveil sûrement très douloureux le lendemain ou le jour suivant.

Que du bonheur quoi.
Bilan de la soirée :
-> Papa : 1
-> Fifille : 1

Galop Zéro

30 août 2010

Il fallait bien que ça commence un jour... Hier soir, j'ai pu bénéficier de ma toute première leçon d'équitation en tant que cavalier "officiel" ! Jusque-là, je n'étais monté qu'occasionnellement au cours de diverses randonnées et pour quelques cours donnés par une excellente amie. Tout ça, dilué sur une trentaine d'année, ce qui fait finalement assez peu et justifie le titre de quasi-débutant, ou, disons plus sobrement, de cavalier initié.
Pour replacer le contexte, c'est surtout sous l'impulsion de ma fille de cinq ans et demi, cavalière jeune mais déjà passionnée depuis déjà longtemps, que j'ai décidé de franchir le pas et de m'inscrire pour de bon. Ce qui n'est pas plus mal, car d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours manifesté un intérêt certain pour tout ce qui tourne autour des chevaux.

Donc, me voici arrivé au club vers 19h30 déguisé en cavalier. Car la première fois qu'on enfile pantalon d'équitation, chaps et bombe, on n'a plus l'impression de se déguiser qu'enfiler une tenue de sport.
Pour l'occasion, Madame, qui a pourtant une sainte frousse des chevaux, et Fifille sont venues m'encourager. Evidemment, je redoute le moment où l'une ou l'autre se mettront à hurler "allez papa !" au milieu de la reprise. Mais fort heureusement, ça n'arrivera pas.
En me présentant à l'accueil, une dame me pose tout de suite la question qui fait entrer dans le vif : "Vous voulez savoir quel cheval vous montez ce soir ?". En fait, j'étais venu dire bonjour, me présenter et fournir mon certificat médical, mais comme manifestement je suis démasqué, je vais essayer de jouer le jeu.
- Euh, ben oui, pourquoi pas.
- Tenez, cherchez votre nom dans la liste, vous trouverez la monture qui vous a été attribuée.
Première bonne nouvelle, je figure dans la liste. Au moins l'organisation a l'air de tenir la route.
- Ah, je vois Mowara.
- Ah oui, Momo. Vous savez qui c'est ?
Et là, je suis obligé de répondre non. Il semble qu'assister à son premier cours en tant que débutant ne soit pas une raison suffisante pour ignorer la cavalerie du club...
Sur ce, la dame prend pitié de moi de propose de m'accompagner au box pour faire les présentations.
- Ah ? Je croyais qu'on allait chercher les chevaux au pré...
- Non, pas celle-là. Sinon on ne peut pas la rattraper.
Aha, il semblerait que j'ai hérité d'une chipie...
S'ensuit l'autre question qui tue :
- Vous avez déjà équipé un cheval ?
Il semble qu'assister à son premier cours en tant que débutant ne soit pas non plus une raison suffisante pour ignorer la façon dont on selle et bride un cheval...
- Ça m'est arrivé il y a bien longtemps. Une petite piqûre de rappel ne me fera pas de mal.

Ceci dit, avec beaucoup de patience, elle prend le temps de m'expliquer le pansage, la mise en place du filet, des tapis et de la selle. J'ose une question de débutant :
- Mais euh... On l'équipe dans son box ?
- Oui, car cette jument, si elle se barre, on ne pourra pas la rattraper...
Bref, c'est une chipie, chatouilleuse et qui ne supporte pas qu'on lui touche les oreilles. Mais le premier contact est agréable. C'est une jument Paint d'une taille assez imposante qui fait la joie de ma fille qui ne jure que par les pies et les appaloosas. Je pense même qu'on aurait pas pu mieux choisir pour une première monture !
Le curage des pieds dans le box est assez folklorique. Je ne peux pas m'empêcher de m'en foutre partout tout en adaptant des postures peu académiques pour éviter de m'enfoncer dans le crottin, en pure perte. C'est sûr, le matériel neuf aura bénéficié d'un baptême de première classe.
Une fois tout mis en place, je suis autorisé à mener la jument dehors. Et là, grand moment de solitude... Je me retrouve dehors, à peu près seul, avec la fille qui saute partout et Madame qui commence à blanchir.
- Et tu fais quoi, maintenant ?
- Ben, j'chais pô...
La reprise précédente touche à sa fin, et je semble être le seul cavalier prêt à enchainer pour la suivante... Un jeune homme, témoin de mon désarrois, s'approche :
- Ne vous inquiétez pas, vous êtes un peu en avance, les autres ne sont pas prêts !
Ouf, je me sens tout d'un coup moins bête. Peut-être même que je suis en avance parce-que les autres suent sang et eau pour installer leur filet.
Trop fort le Tigrou.
Entre temps, Madame continue à se décomposer pensant que Fifille et moi tuons le temps à grands coups de câlins et de mamours à destination de Momo.

Finalement, tout le monde se réunit et est invité à rejoindre la petite carrière. Nous sommes une petite dizaine, et à ma grande surprise, répartis équitablement entre hommes et femmes, d'un âge variant entre 20 et 60 balais. Tant pis, moi qui m'imaginait être le seul mâle trônant au milieu de jeunes femmes admiratives...
Par contre, il semblerait que nous ayons la monitrice la plus gironde que la France équestre puisse disposer, avec un sourire à faire évanouir le plus robuste des commerciaux de chez Ultra-Bright !

La reprise en elle-même est plutôt pépère. Rappel de quelques principes, réglage des étriers, mise en selle, et c'est parti pour quelques tours au pas. Ma jument ayant tendance à suivre de trop près, je me fais rappeler plusieurs fois à l'ordre pour freiner la bestiole. Quitte à prendre une position ridicule, épaules trop en arrière et pieds trop en avant à tel point que je me fais amicalement traiter de cow-boy !
La monitrice n'a pas que des qualités physiques, elle semble très bien tenir la reprise avec en même temps suffisamment de décontraction pour que tout le monde se sente à l'aise. Ce qui ne doit finalement pas être si facile quand une bonne partie des élèves ont entre dix et quarante ans de plus !
Pour finir, on se laisse aller à petit peu de trop enlevé par groupe de trois. Tant mieux, le soleil est tombé et il commence à faire frisquet.
Le premier tour est assez frustrant, ma devancière n'aillant pas réussi à faire partir son cheval au trot, malgré d'incessantes gesticulations des jambes et moult encouragements, alors que le mien n'attend que ça puisse accélérer pour s'y mettre mais est obligé de se retenir... Nous aurons donc droit à un deuxième tour qui sera à peine plus concluant que le premier.

Sur ce, s'achève la reprise. Chacun ramène sa monture au pré, sauf bien entendu la mienne qui est invité à rejoindre son box.
Arrive le second grand moment de solitude, puisque la monitrice est naturellement restée avec les autres élèves et je me creuse désespérément les méninges depuis dix minutes pour comprendre comment attacher ce fichu licol dans le bon sens... Ce sera finalement une jeune fille qui me sauvera la mise, même si j'ai du échanger sur ce coup-ci un peu de fierté contre un peu d'efficacité. C'est sûr, ça ira mieux la prochaine fois !

Je rassemble la petite famille, et repassons à l'accueil histoire de dire merci-au-revoir. Ma fille s'approche de la monitrice en espérant qu'elle assurera aussi son cours de dimanche prochain.
- Dimanche ? 14h ? Je crois bien que c'est moi aussi qui fait le cours. J'espère que tu vas être forte car Papa a été très bon ce soir !

Trop forte, la monitrice !

Au pays de Candyce

Trouver le centre équestre idéal n'est pas forcément chose aisée. L'enseignement proposé, la qualité des installations, les objectifs de chacun, l'ambiance générale sont autant de variables qu'il faut prendre en compte et qui conviendront ou non à tel ou tel cavalier.
Comme nous avons la chance de disposer autour de chez nous de plusieurs clubs de diverses natures, nous ne nous sommes pas privés d'aller les visiter pour tâter de l'ambiance. J'ai encore dans la tête une visite effectuée par Madame dans un centre voisin qui lui a laissé un souvenir impérissable : des mamans bien sous tout rapport qui accompagnent leurs filles chéries serre-têtes-et-fanfreluches en balade en ramassant des jonquilles et se racontant les derniers potins mondains.
Bref, c'était pouet-pouet.
Next.

Ça se passe par une beau samedi de juin. Madame, Fifille et moi étions partis faire quelques emplettes dans un magasin bio de Montgeron quand j'exprimais l'idée d'aller ensuite visiter le centre équestre voisin, avec l'option pas encore tout à fait définie que je m'y mette enfin sérieusement.
La présence de pâtures de bonnes dimensions, des équipements récents, des chevaux au pré et quelques discussions avec les cavaliers du cru nous ont rapidement séduit et nous nous sommes dirigés donc vers le bureau se rencarder sur les horaires.
Une fois à l'intérieur, nous rejoint une jeune fille au joli minois qui s'installe sur la chaise, les pieds sur le bureau et tenant dans une main un panini au nutella qui sortait de je-ne-sais-où. Nous ne savions pas encore que la jeune fille en question serait notre monitrice attitrée à ma fille et moi-même...
Bref, nous nous sommes regardés avec Madame, et nous avons échangé la même pensée : "c'est bon, ici, ils ne se prennent pas la tête. Où est-ce qu'on signe ?"
Ne rester plus qu'à trouver les bons horaires. La monitrice avait manifestement très faim et dévorait son panini avec fort appétit, ce qui rendait son discours parfois peu intelligible. Ceux qui connaissent Kenny de South Park verront tout de suite ce dont je veux parler. Pour les autres, ça donnait quelque chose comme ça :
Monitrice : chmpmpfrchbfrchmpmpfrchbfrchmpmpfrchbfrmiam.
Madame : qu'est-ce qu'elle dit ?
Moi : que pour notre fille, les reprises shetland, c'est le dimanche après-midi.
Monitrice : chmpmpfrchbfrchmpmpfrchbfrchmpmpfrchbfrmiamchmpmpfrchbfrchmp.
Madame : qu'est-ce qu'elle dit ?
Moi : que me concernant, pour les adultes débutants, il y aussi un cours à la même heure. Ce qui pourrait être bien pratique.
Monitrice : chmpmpfrchbfrchmpmpfrchbfrchmpmpfrchbfrmiamslurp.
Madame : qu'est-ce qu'elle dit ?
Moi : mais que les débutants du dimanche après-midi, ça commence à dix/douze ans. C'est particulier...
Monitrice : chmpmpfrchbfrpfrchbfrchmpmpfrchbfrmiammiam.
Madame : qu'est-ce qu'elle dit ?
Moi : que sinon c'est le lundi soir, à vingt heures. On y trouve plus facilement des adultes et il reste de la place.

Je précise que, pour beaucoup pratiquer, je parle couramment le miamslurp.
Bref, nous nous sommes inscrits dans la foulée, et jusqu'à aujourd'hui, on ne regrette pas, grâce soit rendue à La Mono !