mercredi 21 décembre 2011

Les messages subliminaux

Jeudi 15 décembre 2011

Pourtant abimées par des années à les plonger dans le crottin, à tenir des rênes et des longes miteuses et à manipuler des fourches jusqu'à produire suffisamment de corne sur la paume pour qu'on puisse y tailler des crampons, La Monitrice garde pour autant de jolies mains. Régulièrement, elle les confie à d'autres mains expertes qui les agrémentent de vernis dont les couleurs chatoyantes sont à chaque fois renouvelées en fonction de ses envies et de ses humeurs. Et réciproquement, peut-être est-il possible de déduire l'état d'esprit de La Monitrice en fonction de la couleur de ses ongles, des tas de théories farfelues sont régulièrement élaborées à ce sujet.
Peut-être même essaye-t-elle à travers ces signaux d'y faire passer quelques messages ? Les complotologues de tout poil seraient bien avisés de se pencher sur le sujet.
Un fait est d'ailleurs particulièrement troublant : depuis quelques jours, elle arbore une délicate bande de motifs noir et blanc sur le bout des ongles, et, comme par hasard, ce soir je me retrouve avec Mowara, le seul cheval pie du centre. Ce n'est pas une preuve pour alimenter la théorie du complot, ça ?
A condition bien sûr que l'on admette que ces messages subliminaux me soient personnellement destinés, mais qui en douterait...

Donc, je me retrouve en selle sur cette bonne grosse tâchue. Quel contraste étonnant avec mes précédentes montures, de monter sur une jument qui va précisément où le regard se porte, à l'allure demandée sans avoir à s'employer avec mains, jambes, ou ne je sais quelles autres aides superflues. La Mô, quand bien même elle ne soit pas câline pour un sou, possède cette vertu de nous donner l'impression d'être bon cavalier. En prévision d'une séance dédiée au jeu comme il est de coutume avant chaque période de vacances scolaires, c'est toujours bon à prendre.

Ne reste plus qu'à mettre en œuvre toutes ces bonnes dispositions entraperçues durant la détente.
Nous débutons par un traditionnel relais aux quatre coins, dont le premier tour au galop doit être suivi par un second à pied, cheval en main. Aucune crainte donc de souffrir du froid ce soir.
La Monitrice se joint à nous pour l'occasion sur Nikos, le poney 'zabelle à la belle coupe en brosse, et lance notre équipe de façon magistrale. Je prends le relais, départ aux aides avec une facilité bienvenue, la Mô est des plus volontaires ce soir et le premier tour est bouclé dare-dare. J'ai même du mal à l'arrêter dans son élan, tant pis, je descends du bus en marche, si j'ose dire, Mowara restant sur un trot bien cadencé. Mine de rien, ce genre d'expérience de voltigeur est une réelle nouveauté à mon niveau, je m'en tire plutôt pas mal.
Je boucle le second tour sous les encouragements de mon équipe, remonte promptement en selle ce qui me permet de lancer le relais suivant. Associé également à la Maman de Quartz, le grand trotteur noir, les p'tits vieux donnent ce soir la leçon aux jeunots !

On enchaine à l'autre main, cette fois-ci sur deux tours de galops successifs, je m'en régale déjà.
Démarrage propre et rapide de la tâchue, le premier tour se boucle tranquillement, à peine perturbé par les cavalières de l'équipe adverse qui, comme par hasard encombrent la piste. Ah, les mauvaises joueuses !
A l'abord du second tour, c'est le moment où jamais d'aller vérifier ce que la bête a dans le ventre. Toujours aussi à l'écoute de mes demandes, elle enclenche la vitesse supérieure et met le feu à la piste. Elle est à la limite de faire attraper un rhume par la force du courant d'air ainsi généré.
Yeah. Quelle-que soit la suite proposée, j'ai déjà gagné ma soirée !

Nous enchainons ensuite sur un Éperviers, la Maman de Quartz se proposant de faire le chasseur. Sachant que ce grand noiraud a un petit peu peur de tout, et en particulier de ses congénères, nous n'éprouvons pas vraiment de difficultés à le feinter et atteindre l'autre côté sans encombres. Pour corser la difficulté, je décide de me passer des étriers et d'y aller plus tranquillement dans les allures, histoire de laisser une chance de se faire attraper.
Arrivant bon dernier derrière tout le monde, je me fais naturellement prendre en chasse. Sachant la Mô également un peu peureuse, je rallonge généreusement les rênes et laisse carrément la jument se débrouiller toute seule. Elle fait preuve d'un talent d'évitement remarquable, une sorte de cow-sence, mais à l'envers.
Je me contente de serrer un peu les jambes pour réguler tout de même un peu l'allure, et vlan, le grand retour de la crampe du mollet... Aïe, ouille, je vais peut-être songer à remettre les petons dans les étriers, moi...
Mais pour une bête question de fierté personnelle devant mes collègues, je décide d'assumer jusqu'au bout, je m'occuperai de la douleur plus tard si je suis encore en position de marcher à l'issue de la reprise.
Bien évidemment, c'est La Monitrice qui remporte le jeu haut la main, nous aurions peut-être du insister pour qu'elle compense sa maestria par un petit handicap, genre sans les mains, les yeux bandés ou dans le lac avec des poids attachés aux pieds.

Bref, la reprise s'achève dans une bonne humeur communicative, et je propose de terminer la soirée autour des petits cookies que j'ai confectionné pour enterrer mes chutes de la semaine dernière.
Diable, il y en a encore qui s'étonne que je les prépare avec mes p'tits doigts ! Ainsi, la maman de Quartz s'approche de moi vient me faire les gros yeux :
- C'est toi qui les a fait, les cookies ?
- Ben oui !
- Tu serais pas célibataire, par hasard ? Parce-que je veux bien divorcer pour t'épouser sur le champs !

Si à chaque fois que je propose des pâtisseries je reçois des proposition de mariage, je vais peut-être en faire plus souvent, moi...

Bonnes fêtes à tous !

lundi 12 décembre 2011

D'une légende à l'autre

Jeudi 8 décembre 2011

Deux pleines boites de mouchoirs n'auront pas suffit à sécher les larmes. Ces trois journées passées depuis la nouvelle de la disparation soudaine et brutale de Quick m'auront semblées interminables. Je garde le cœur lourd et l'estomac noué en repensant à tous ces bons moments que nous avons partagés ensemble, le gros shetland et moi.

L'émotion et la tristesse sont partagées par tous ceux que je croise au centre équestre. Que l'on appréciât Quick ou non, c'était un cheval qui ne laissait personne indifférent.
A la porte de son box désespérément vide, je colle un petit cœur rose en guise d'hommage certes dérisoire, mais symbolisant tout l'attachement dont je pouvais faire part à son égard et qui m'accompagnera sans doute à jamais.

Et pourtant, en dépit des circonstances, je suis heureux d'être présent ici, au milieu des autres chevaux avec lesquels je sais que de belles choses restent à partager.
Je pense au casse-tête ainsi offert à La Monitrice qui doit désormais composer avec la disparation de mon "cheval de tête", même si le terme peut paraître un peu pompeux mais c'est assez l'idée que je m'en faisais. Tout le monde semblait se satisfaire que je détienne l'exclusivité de la bête lors des séances de saut. J'étais "le cavalier qui montait Quick", cette sale bête qui terrorisait les petits comme les grands ! Et c'est certainement ce dont je lui suis le plus redevable, car plus que tout autre, Quick me rendait fier.

Je ne tiens plus en place. Je suis tellement impatient de découvrir comment La Mono s'est dépatouillé avec cette nouvelle donne. Mais ce soir, la surprise est totale...

Le Petit Gris est bien le dernier cheval avec lequel je pensais m'associer...
Je cligne des yeux trois fois et vérifie l'affectation à plusieurs reprises, mais il n'y a aucun doute, Solo sera mon compagnon de manège ce soir. Oui, Solo, l'autre légende du club, le gamin anglo-arabe dont les allures aériennes avaient rempli mes yeux d'étoiles la toute première fois que je l'avais admiré en reprise, et dont l'éducation encore très perfectible et son caractère flippé le réservait jusque-là à des cavaliers d'un niveau autrement plus relevé. De plus, esthétiquement il est d'une rare perfection, habillée d'une robe gris pom-pom du plus bel effet.
Il m'impressionne, je ne me sens pas prêt, les évènements ont drôlement précipité les choses. Ce n'est pas tout à fait les conditions dans lesquelles j'avais imaginé l'évènement, mais pour la première fois depuis ce fichu matin, un semblant de sourire vient enfin dérider mon visage. Car si le défi me semble titanesque, nul doute que Solo lui aussi saura me donner une bonne dose de fierté.

Dans son box, le P'tit Gris est tellement propre qu'il semble sortir directement du pressing, lavé, repassé, amidonné. C'est d'autant plus flagrant qu'au même instant Yo rentre dans l'écurie suivie d'un pâté en croûte ambulant dont la gangue laisse vaguement deviner qu'un grand poney se cache à l'intérieur, baptisé Self, mais qui n'a rien d'autonettoyant. Trois cavaliers dont ma pomme, armés d'étrilles américaines, seront nécessaires avant de pouvoir déterminer s'il est blanc ou noir.
Profitant de savoir que Yo a déjà pratiqué Solo à plusieurs reprises, je profite de cet instant pour glaner quelques informations sur les impressions en selle.
- Alors, il est comment le Solo ?
- Un peu sur l'œil, il a peur de tout. Il a parfois tendance à reculer, il ne faut pas le laisser faire.
- Je fais quoi dans ce cas ? Un bon coup de cravache ?
- Nan, surtout pas ! Il est déjà assez vif comme ça ! Il faut s'imposer, tu lui mets quelques gros coups de talon s'il recule, et tu le places sur un cercle s'il s'emballe au galop, ce qu'il ne manquera sûrement pas de faire...
Bête délicate donc... Bon, je lui fais une séance de pansage appliquée, tout en lui parlant tranquillement et finit par lui tresser partiellement sa crinière, cinq nattes disposées à intervalle régulier le long de son encolure. C'est mignon.

Dans la carrière, à peine suis-je monté en selle qu'il part déjà sur la piste d'un bon pas, je dois le canaliser pour qu'il n'engage pas le trot de lui-même. Je confirme, pas besoin de cravache...
Il est en effet assez délicat à diriger, il faut user largement de l'incurvation pour le faire tourner, et j'ai également du mal à le faire partir au galop proprement. Je peine à le maintenir sur la piste et obtenir un départ aux aides. Après quelques foulées de galop, il a tendance à reprendre le pas et rejoindre les copains au centre du manège, mais en insistant, il finit tant bien que mal à placer une belle accélération dans la longueur à faire pâlir de jalousie un pilote de l'Aéronavale aguerri.
Mon premier "waow" de la soirée... Quelle énergie !

Ce soir, c'est donc saut. Nous commençons au trot par un croisillon disposé dans la diagonale, avec comme consigne de prolonger la trajectoire jusqu'au coin en face avant de reprendre la piste. Mais Solo n'aime pas les coins. La première fois il coupe à gauche directement après l'obstacle, la seconde il tente de partir à droite et je le recadre in-extremis avant qu'il ne s'encastre dans le pare-bottes. Pas facile à tenir en ligne droite, le gaillard...

Après cette mise en bouche, il s'agit à la suite de ce premier obstacle d'aller reprendre la piste, puis doubler dans la largeur pour passer un second vertical, toujours au trot. On sent qu'il a du rebond sous le pied, il avale les barres avec une belle sécurité.
Jusque-là, le Solo, même s'il reste relativement insaisissable, est particulièrement sage, au grand étonnement de La Monitrice.
- Dis-donc Daniel, il est drôlement calme, ce soir. Tu lui as donné un Lexomyl ou quoi ?
- Du tout, juste des câlins et de l'amour !

Bien entendu, c'est une fois cette phrase malencontreusement lâchée que la bestiole décide de sortir la boite à bêtises. Je suis sensé faire prendre le trot pour aller attaquer le vertical dans la largeur, mais le P'tit Gris décide que ce sera galop ou rien. Je commence à froncer les sourcils, mais au moment où je le pensais enfin revenu à de meilleures intentions, voilà qu'il me place un magnifique Roll Back digne des plus grands maîtres du reining. Par cohésion, je fais de même, effectue en l'air une vrille complète avant de retomber par terre la tête dans le sable. Miam miam, je comprends pourquoi les gâteaux sablés sont baptisés ainsi.
Je me relève en tâchant de garder un certain flegme, La Monitrice vient alors aux nouvelles.
- Oh, Daniel, tu as un magnifique fond de teint ce soir !
- Oui, certainement le côté féminin de mon équitation qui ressort !

Je remonte en selle sans plus de dégât, et reprend le parcours là où j'en étais.
Départ au trot donc, je quitte la piste et double dans la largeur, essuie une série de refus avant d'arriver à sauter proprement. Je demande le galop instantanément, enfin une demande promptement exécutée ! Je fais un demi-tour de manège, prend la diagonale, et vient me frotter à ce second obstacle lancé comme une fusée. Le saut est royal, limpide, aérien. Du bonheur. Le regard porté loin vers le coin, je l'incite à poursuivre son effort jusqu'au coin pour terminer en virage à gauche.
Et vlan, il préfère partir à droite et me place son second Roll Back de la soirée. Ejection douce, je rebondis contre le pare-bottes et atterrit proprement sur mes deux pieds. Je proteste vigoureusement :
- Ah non, celle-là, elle compte pas comme une chute, hein !
- Mais si, mais si, ça fait deux !

Bon, je remonte en selle et vient m'arrêter au milieu. Mais non. Solo est intenable. Un coup j'avance, après je tourne, puis je recule, et vas-y que je bouscule les copains...
Si je résume bien :
- Quand on demande le pas, il part au trot.
- Quand on demande le trot, il part au galop.
- Quand on demande le galop, il vient s'arrêter au milieu.
- Quand on demande un arrêt, il décide de vadrouiller.
- Quand on veux l'emmener à gauche, il part à droite et inversement...
Pour résumer, Solo, c'est un savon qu'on essaierait d'attraper avec les mains mouillées. Pas vraiment un cheval de mon niveau, mais en dépit des deux gamelles, j'ai pourtant le sentiment de ne pas m'en être si mal débrouillé finalement...

En ramenant le P'tit Gris à l'écurie, je croise La Monitrice venue aux nouvelles.
- Alors, le Solo ?
- Ben, pas simple à maîtriser, ni dans les trajectoires, ni dans les allures.
- Tu as vu, hein, c'est une anguille !

L'anguille, c'est assez bien vu... Je me tourne vers Solo et lui dit dans les yeux :
- Je crois que tu viens de te trouver ton blaze, mon p'tit gars !

Je rentre chez moi, le cœur nettement allégé ce soir par la grâce de l'Anguille. Il possède lui aussi quelques capacités d'attachements auxquelles je ne pense pas résister longtemps...

En me glissant sous la couette, j'écrase une dernière larme en repensant à Quick. Son image reste gravée définitivement du côté du cœur, mais il ne devrait pas rester seul trop longtemps, la place y est illimitée.

mercredi 7 décembre 2011

Les bêtes à chagrin

Mardi 6 décembre 2011

Avant même je ne rentre dans ton box la toute première fois, tu étais déjà une légende, une sale bête, un petit monstre.
Tu ne ressemblais à rien, tu n'étais ni un grand champion, ni le meilleur cheval de club que l'on puisse trouver.
Tu étais un défi, j'espérais en faire ma conquête. En fin de compte, c'est toi qui m'a conquis.
Tu m'as transporté, tu m'as câliné, tu m'as fait voler, tu m'as fait chuter et quelques fois on s'est fâché, mais toujours réconcilié.
Depuis ce matin, tu me fais pleurer, ça doit être ça l'amour.

Quick-du-Bois, jusque dans mes rêves.


vendredi 2 décembre 2011

Les mauvais chasseurs

Jeudi 1er décembre 2011

Mon profond désir de devenir à terme un bon cavalier se heurte à un problème insoluble, à savoir que je suis précisément incapable de définir ce qu'est justement un bon cavalier, tant la différence avec un mauvais est aussi évidente à cerner que celle entre le bon chasseur et le mauvais chasseur.
Ben... Le mauvais cavalier, il voit un cheval, il monte dessus ! Alors que le bon, il voit un cheval... bon, il monte dessus aussi, mais c'est pas pareil, c'est un bon cavalier.
Et c'est là que je regrette de ne pas assumer pleinement mon statut de petite peste auto-proclamée. Si tel était le cas, la situation serait très simple. Le monde se diviserait en deux catégories : moi et les mauvais cavaliers, et c'est marre. Faute de trouver un consensus absolu quant à la réalité de cette situation, elle a pour avantage d'être facile à comprendre !

Mais en attendant que la population mondiale se convertisse définitivement à cette inéluctable réalité, je vais tâcher déjà de rester en selle sur ce grand escogriffe de Quick, attribué ce soir pour cette séance de dressage. Ça tombe drôlement bien, j'ai justement rêvé de lui cette semaine dans un songe des plus sympathiques, me rendant d'autant plus heureux d'y être associé !
Je viens faire les présentations d'usage, et croise Maricha venu s'occuper de Jour, une jument alezane sise juste en face. Je commence à taper la discut', le dos au box de Quick quand ce dernier vient approcher son museau jusqu'à carrément coller ses lèvres contre ma joue. Mais c'est qu'il me fait un bisou, ce gros nounours !
Comment que je me la pète devant Maricha avec mon grand bai qui m'aime !
Sauf qu'à bien y réfléchir, je pense qu'il n'est simplement pas insensible au parfum du baume après-rasage fraichement appliqué sur mon visage. Mon chat aussi fait pareil dans les même circonstances... N'empêche, ça fait son effet.

Je rends à Quick ce bref instant d'affection en lui réservant une séance de pansage particulièrement soignée. Je lui bricole quelques tresses sur la crinière et une autre sur la queue dans les règles de l'art de façon à ce qu'il soit le plus beau dans le manège.
Mais il n'y pas à dire, une tresse de queue sur un hongre, ça fait tapette. Tant pis, j'assume.

Une fois en selle dans le manège, j'assiste avec dépit au retour du Quick chiant, lourdingue, imprécis, aux trajectoires improbables et aux allures pourries, le Panzer dans toute sa splendeur. Pas du tout le cheval flamboyant qui avait habité mon rêve il y a quelques jours ! Quelle est cette supercherie ?
Durant la détente, je n'arrive pas à en tirer quoique ce soit, à peine un petit tour de galop correct sur la fin, et encore. Impossible de le réveiller et lui injecter le minimum d'impulsion qui nous permettrait de poursuivre la séance proprement. Je sens qu'il me manque un bouton pour le mettre en route, et je ne le trouve pas, ça m'agace.
Un point mauvais cavalier, un.
Seule embellie de la soirée, une jolie blonde assise sur l'estrade est stupéfaite d'apercevoir mon beau Quick ainsi natté, et encore plus d'apprendre que c'est le cavalier lui-même qui s'en est occupé. Elle me gratifiera de sourires pour le reste de la soirée, hi hi.

Mais cela laisse Quick totalement de marbre. Pour les exercices d'incurvation suivants, c'est la croix et la bannière pour tenir la trajectoire sur le cercle imposé. A peine ai-je la satisfaction de le voir se plier correctement que La Monitrice nous convoque pour nous enseigner les rudiments de la contre-incurvation comme il avait été évoqué la semaine dernière.
J'ai beau essayer de m'imprégner de ses explications, je reste dans l'appréhension de devoir batailler avec la bête de longues minutes avant d'obtenir la moindre sursaut de bonne volonté. Je sens qu'il va encore me plonger dans le n'importe quoi...
Ben non, il me fait plutôt les choses bien, ce con ! A ma grande surprise, il est enfin réactif à mes demandes, reste sur le cercle proprement et se plie aux exercices d'origami avec bonne volonté. Rétrécissement du cercle, passage de contre-incurvation à incurvation et réciproquement, le Panzer finira en fin de compte par être choupi, et c'est tant mieux car j'avais cru un instant rentrer broucouille de la reprise.
Mine de rien, un bel exercice de dressage correctement réalisé, c'est drôlement chouette, ça donnerait presque l'impression d'être cavalier.

Une fois la reprise terminée, tout intimidé je rejoins La Monitrice au bureau afin de lui conter mon rêve de Quick. Ca l'a bien fait rigoler !

Avec tout ça, je ne sais toujours pas définir un bon cavalier, mais j'ai au moins eu l'aperçu de ce que c'était un mauvais. C'est une bonne base pour progresser.
Mais...
-> J'ai eu une grosse bise de Quick.
-> Reçu le sourire d'une jolie blonde.
-> Fait rigoler La Monitrice.
J'ai connu des soirées plus moroses.

mardi 29 novembre 2011

Au bord du précipice

Mardi 29 novembre 2011

Pour un tout premier concours, je dois avouer que celui-ci est particulièrement gratiné. Je pense même que c'est du jamais vu dans l'histoire du saut d'obstacle.
Dans la carrière de saut a été dressée une espèce de monticule de plusieurs mètres de haut d'où s'élancent les concurrents à la manière d'un skieur en haut de la pente. Il y a une petite foulée de plat suivi immédiatement d'un premier vertical dont la réception se fait dans la descente de façon assez impressionnante, et une fois en bas, un second vertical permet de rentrer pour de bon dans la carrière pour une suite de parcours plus conventionnelle. C'est de l'inédit, une sorte de mélange de cross et de cso.
En gros, pour ma grande première en compétition, j'ai droit à participer à un concours de crosso, ou de csoss, je ne sais pas trop quel en est le terme exact.

Pour l'occasion, je suis de nouveau associé à ce grand nounours de Quick avec qui nous avons enchainé toutes les reprises de saut depuis le début de la saison. La Monitrice, voulant s'assurer des bonnes disposition du grand machin propose de le détendre un peu à l'obstacle pour tâter de la bête et s'assurer que j'ai toutes les dispositions pour cette première compète. Mais une drôle d'idée lui passe par la tête...

Au bord de la carrière de détente a été bâti une petite supérette dans laquelle les cavaliers peuvent faire leurs courses entre deux reprises. La Monitrice, montée sur Panzer Quick, pénètre en selle à l'intérieur du magasin au petit galop et s'apprête à sauter un caddie rempli à ras-bord de victuailles laissé en plan par une cliente occupée à choisir ses tranches de jambon au rayon frais.
Manque de pot, à la réception, Quick dérape sur la carrelage et se couche sur le côté, envoyant ainsi glisser La Monitrice sous le rayonnage au niveau des yaourts natures, celle-ci prenant quelques bons coups au passage...

La gamelle a l'air vilaine, et je m'approche m'enquérir de La Mono qui ne semble plus très fraiche.
- Euh... Tu t'es fait mal ?
- Hmmm.... Nan, nan, ça va... peine-t-elle à murmurer dans un dernier geste de dignité.
Elle semble avoir pris tellement de coups qu'elle ne sait plus si elle doit se tenir les côtes, les hanches ou les épaules. Mais en peu de temps, elle reprend ses esprits et finit par se relever, faisant fi des multiples contusions qui devraient d'ici peu lui donner un joli teint schtroumpfette.
- Tiens, je te redonne Quick, il a l'air réveillé maintenant...
M'enfin, quelle drôle d'idée de bâtir une supérette au bord d'une carrière. Et quelle idée aussi de vouloir y détendre un cheval...

Bref, tout le monde rejoint la carrière de détente où La Monitrice m'a donné sa bénédiction pour que je poursuive l'échauffement. A peine en selle, je demande un départ au galop dans les règles et Quick répond en démarrant au quart de tour avec une belle énergie. Je canalise un peu avant d'aborder un premier croisillon. Il le saute sans problème et accélère franchement l'allure avant d'aborder un petit vertical, qu'il survole lui aussi avec une belle assurance.
Grisé par cette mise en bouche encourageante, je serre les jambes à la réception pour l'encourager à accélérer encore l'allure et Mister Q part au grand galop avaler le troisième et dernier obstacle d'échauffement. Waouh, Quick est en super-forme aujourd'hui, et nul doute que nous allons ensemble faire péter les chronos !

Mon nom est appelé par le speaker, il est désormais temps d'entrer en scène. Je commence à escalader le monticule de départ quand j'aperçois le cavalier précédent s'élancer pour son parcours. Il est vrai que ce premier saut est drôlement impressionnant avec cette réception en descente prononcée. L'équilibre semble difficile à tenir et le cheval peut ainsi trébucher à tout moment dans sa folle accélération. C'est terriblement spectaculaire et je ne me sens pas vraiment rassuré au moment de prendre place dans la stalle de départ.

Je me reconcentre sur le parcours, ayant toutefois pleinement confiance en ma monture avec laquelle je suis heureux de participer à ce premier concours.
Quand le concurrent précédent en a terminé, il est désormais temps pour Quick et ma pomme de s'élancer !

Et là, je me suis réveillé...

vendredi 25 novembre 2011

Le bureau des plaintes

Jeudi 24 novembre 2011

Depuis le départ à retraite du vénérable Tartuffe, le poste de doyen du club est désormais dévolu à Don Nuevo, vingt-et-un ans aux prunes. J'ai toujours apprécié sa compagnie lors des quelques reprises qu'ils nous ont été données de partager, je suis heureux de le retrouver depuis tout ce temps, cette vieille branche.
Son box est situé sensiblement au fond de l'écurie. En allant le rejoindre, j'en profite pour passer le bonjour aux équidés qui ont la délicatesse de sortir leurs naseaux de leurs boxes pour me voir ainsi déambuler.
Je m'arrête longuement devant celui de Solo. Un bel anglo-arabe de taille moyenne, à la ligne élancée et à la robe gris-pommelé qui fait fondre tout le monde dans le centre équestre. Solo, c'est un bogoss, jeune et impulsif, encore un peu rustre dans son éducation et qui n'est encore réservé qu'aux cavaliers confirmés. Ce qui est bien entendu loin d'être mon cas, mais il me fait de l’œil le grisou. Un jour peut-être...
Il me rappelle une cavalière qui appréciait tout particulièrement le monter, avec une certaine classe je dois dire. Une fois ses reprises terminées, elle prenait sa plus belle plume et prenait grand soin de me rendre jaloux en me racontant ses reprises, avec une verve et un humour qui me manquent aujourd'hui. En grattouillant longuement Solo entre les oreilles, son point sensible justement découvert par cette cavalière, j'ai une petite pensée pour elle...

A côté du box de Don Nuevo, Maricha est toute impressionnée à l'idée de monter le grand Esparade. Connaissant un peu le bestiau, je fais au mieux pour la rassurer.
- C'est un gentil garçon. C'est juste qu'il aime bien galoper !
- Ah... Ben, ça ne me rassure pas vraiment...
- Au contraire, il est super bien dressé et répond finement aux aides. Une légère mise en place, et il part comme une fleur.
- Gasp...

Je fais un brin de toilette à Don Nuevo. A l'instar de son collègue Quick, il est tout-beau tout-doux tout-brillant, c'est une époque bénie pour les câlineux de mon espèce, et je prends plaisir à me lover dans son poil de doudou. Alors que je le croyais plutôt insensible aux câlins, La Monitrice m'a fait part d'un point sensible remarquable. Juste derrière l'épaule, un peu sous le garrot, passer la brosse avec délicatesse met ce grand bai mal foutu dans état quasi cataleptique. Campé raide sur ses jambes, totalement immobile ou presque, il est comme hypnotisé et sa lèvre inférieure se met alors à trembloter avec insistance. S'il disposait de l'attribut idoine, sans doute qu'on l'entendrait ronronner à travers tout le centre équestre.

Voilà qui est de bon augure pour la reprise à venir. A peine la détente est-elle entamée que La Monitrice nous propose de rallonger les étriers d'un bon trou. Ce soir, c'est donc dressage.
Et l'ouverture du bureau des plaintes.
- Mais c'est trop long pour moi autant ne rien mettre !
- D'accord. Enlevez-vos étriers alors.
Et toc.
Moi, je m'en fiche en peu. Sans trop expliquer pourquoi, le travail sans étriers, j'aime bien ça. C'est une façon unique de ressentir les mouvements de sa monture et de faire corps avec elle. Et Don Nuevo est vraiment magique ce soir. Il part au galop au souffle de la botte, tient une allure sans à-coups, se laisse guider avec une légèreté rare et m'entraine dans plusieurs tours du manège qui finissent par me rendre à mon tour quasi cataleptique, comme s'il me redevait l'instant de pansage que je lui avais offert quelques instants auparavant. J'en garde encore une vraie émotion, que la suite des plaintes en rafale n'arriveront même pas à entamer...

- Monitrice, Granolat, au galop sans étriers, je sens que je vais tomber !
- Essaye quand-même...
- Monitrice, Il y a Hidalgo qui veut pas partir au galop !
- Fâche-toi !
- Monitrice, Esparade, au galop, je ne le sens pas...
- Mets-toi sur un cercle, ne t'accroche-pas au rênes, et galope bon sang !
Je décide de me mettre à la page en cherchant de quoi rouspéter auprès des autorités compétentes, mais en passant devant La Mono, la seule parole qui arrive à s'échapper de ma bouche est un tendre "Bon Pépère" adressé à Don Nuevo et un petit air de musique vient envahir mon cerveau... De quoi je vais me plaindre ? De quoi je vais me plaindre aujourd'hui ?

Après que chacun ait travaillé son cheval au galop aux deux mains avec plus ou moins de réussite, nous retournons explorer les mystères des hanch' end'dans vus la semaine dernière. Je m'y applique avec plus ou moins de réussite, plutôt moins que plus d'ailleurs, quand j'entends derrière moi une collègue pousser un petit cri d’orfraie suivi d'un splash sablonneux caractéristique. Hidalgo vient de foutre par terre sa cavalière...
Cette chute fait s'emballer Quartz, qui, à son tour, renverse sa propriétaire et part au galop bille en tête, semant la panique dans le manège et entrainant à sa suite l'ensemble de la reprise dans une folie contagieuse.
Don Nuevo n'y échappe pas. Le sentant partir sans que je ne lui ai demandé quoique ce soit, je tâche de rester détendu, me redresse tranquillement et calme la bête comme le font le reste de mes collègues qui sont restés assis sur leurs selles respectives.
Personne n'ayant réellement assisté à la scène initiale, les interrogations fusent de tous les coins.
- C'est Hidalgo qui a vu s'envoler un oiseau, justifie sa cavalière, ça l'a fait paniquer !
Hitchcock avait raison. Les oiseaux, c'est traitre.

Nous reprenons nos exercices d'origami, me fait corriger régulièrement ma position et ma tenue de rênes, avant que la séance ne s'achève quelques instants plus tard. La Monitrice prononce alors le mot de la fin :
- Bon. La semaine prochaine, nous travaillerons la contre-incurvation. Z'avez intérêt à réviser !

Ah mais, il n'y a pas de soucis. Epôl' end'dans, passage, piaffer et autres croise-papattes, je suis toujours disposé à faire des nœuds avec les chevaux !

Je lui ai fait un gros câlin à Don Nuevo. C'est fou comme les vieux chevaux peuvent être attachants. On imagine sans doute les vieux bêtes de clubs passablement usées, à la bouche dure et désensibilisée par des armées de cavaliers maladroits. Ce vieux clou est décidément une belle surprise.

Lui aussi, je l'aime.

Allez, je pars réviser la contre-incu'. Jeudi prochain, j'ai interro !

vendredi 18 novembre 2011

Frac en vrac

Jeudi 17 novembre 2011

L'équitation est une discipline éminemment jouissive, capable de nous procurer une bonne dose de bonheur et de chasser en une petite heure toute trace de morosité qui pourrait nous parasiter l'esprit.
D'ailleurs, à la seconde précise où je grimpe en selle, en m'agrippant à la crinière de la bête telle une terreur des cours d'école tirant les cheveux des fillettes, je m'imprime alors un sourire qui ne me quitte le visage que bien après la fin de la reprise et qui m'accompagne généralement jusqu'aux portes de mon sommeil.
A contrario, il existe une équitation stricte, éminemment rigoureuse, et où l'absence de fantaisie et l'excès de sérieux se traduit auprès des cavaliers qui la pratique par un visage fermé et, semble-t-il, hermétique à toute émotion. Et c'est fort dommage. Je considère justement que l'émotion est le principale moteur de l'alchimie qui s'opère entre le cavalier et sa monture, que lâcher un petit sourire de temps en temps est à la fois bon pour le cavalier, et certainement pour le cheval qui, s'il est sensible au stress de celui qui s'accroche à son dos, ne peut que ressentir la joie et la décontraction du cavalier heureux.

Bref, l'équitation qui fait la gueule, ce n'est pas franchement ma nature. Bien au contraire, je m'imagine parfois, en me projetant quelques années dans l'avenir, sur un carré de dressage en tenue d’apparat, frac et haut de forme, déroulant une reprise de haut niveau sur un cheval de grande classe eu rythme d'une musique magnifique. Cette simple idée me fait sourire, comme un gamin qui imagine l'ouverture de ses cadeaux un soir de Noël.
Evidemment, si la reprise tourne au cauchemar, cheval vilain et chute en cascade, faire preuve d'un flegmatisme absolu, quand bien même l'on se retrouve couvert de sable de la tête au pied avec son pantalon blanc, c'est drôlement classe.

D'ici là, ce soir, c'est tenue d'hiver et grosse jument tachetée. Je retrouve enfin la Mô depuis plusieurs mois après le faux départ de la semaine dernière. Manifestement, elle m'en veut de lui avoir fait faux bond au profit de Panzer Quick et refuse net toute velléité de câlins, et encore moins que je lui tripote la crinière. Garce. Elle sera tout de même quitte pour un bon coup d'étrille, elle ne déroge pas à son habitude de se couvrir les flancs de crottin bien frais. Dans l'écurie, résonne cette petite comptine :
- Mowara, elle est caca. Esparade, il est tout crade. Hidalgo, il est tout bô.

A la sortie de l'écurie, c'est toujours plus ou moins la même question qui ressort au moment de rejoindre le manège.
- On fait quoi aujourd'hui ?
- Vu qu'on a sauté la semaine dernière, en principe aujourd'hui c'est dressage, réponds Maricha. D'ailleurs, quelqu'un aurait un stick ?
- Ben, non, lui dis-je. Je n'ai même pas pris ma cravache, alors ! En principe, avec la Mô, c'est un accessoire inutile !
En principe...

Sauf que maintenant, c'est fini les enfantillages. Les longues reprises à faire les coins et tourner comme des bourriques à travailler l'incurvation, nous sommes sensés connaître ça sur le bout des doigts. La Monitrice considère donc que nous sommes assez grands pour passer une étape supplémentaire dans l'art du dressage.
- Aujourd'hui, nous allons travailler les hanch' end'dans.

Ha ! En voilà une nom qui sonne merveilleusement à mes oreilles ! Si l'on commence à travailler trous les trucs end'dans, les grands arcanes du dressage de haute école n'aura bientôt plus de secrets pour nous ! Bientôt passage, piaffer et appuyers, Anky, Edward et les grands étalons noirs germano-néerlandais à x millions d'euros doivent faire dans leur frac à l'heure qu'il est.

Evidemment, cette considération hautement surévaluée ne tient que les quelques instants qui précèdent le début de l'exercice. J'essaye tant bien que mal de mettre en place jambe isolée, jambe de position et couloir de rênes tel que préconisé par La Monitrice, mais la grosse Mô semble relativement peu sensible à mes sollicitations.
- Si votre monture refuse de chasser les hanches, un petit coup de cravache derrière la jambe de position devrait vous aider, précise La Mono.
Sauf que, couillon comme je suis, j'ai laissé la cravache au fond du sac, restant sur l'idée que la Mô fait tout ce qu'on lui demande sans sourciller.
Sauf les exercices de pliage de chevaux, peu aidée il est vrai du fait d'une raideur certaine.

Bon, je ne reste pas là sans rien faire, et faute d'instrument idoine, je prends les rênes d'une main et vient picoter avec mes doigts l'arrière main de la jument pour l'inciter à bouger ses fesses. Elle sursaute un bon coup, et, à ma grande surprise, déplace ses postérieurs en piste intérieure comme précisé dans le manuel. Victoire !
Même topo à l'autre main, où effectivement je regrette de n'avoir pas de stick à disposition pour bouger les fesses de Mowara avec plus de douceur et de discrétion. Il n'empêche, pouvoir plier ainsi sa monture comme les grands est un plaisir de fin gourmet.

Bon, je ne vais investir dans le frac tout de suite, au rythme actuel quelques dizaines d'années seront nécessaires avant que je ne puisse rivaliser avec les cadors du dressage, mais une fois la séance terminée, j'ai tout de même le bonheur de rentrer chez moi avec le sourire aux lèvres.

Et ça, même les meilleurs écuyers du Cadre Noir ne pourront me l'enlever.

lundi 14 novembre 2011

La puce et l'éléphant

Jeudi 10 novembre 2011

Dans les paddocks, il a beaucoup été dit et médit sur le physique atypique de Quick. Qu'il est soi-disant disgracieux, mal fichu, taillé à la serpe avec un nez busqué, lourd et musculeux avec une liste qui ne ressemble à rien. Certes, à y regarder de près, et en dépit de son gène Selle Français (dit de section "B", sans doute réservé aux quelques ratages que la race puisse produire), il est vrai qu'il tient nettement plus du char d’assaut germanique que du pur-sang arabe.
Durant ces derniers mois, et au gré des occasions qu'il m'a été donnée de fréquenter le bestiau que ce soit dessus ou dessous la selle, un certain nombre de surnoms et sobriquets plus ou moins affectueux sont venus ponctuer mes chroniques. Qiou, Mr Q ou encore GrôQuick désignent amoureusement ce petit monstre. Mais après mûre réflexion, et à l'issue de cette dernière reprise, je pense lui attribuer définitivement le blase de Panzer Quick qui lui sied comme un gant de boxe. Et encore, j'abrège. Si je devais m'en tenir à la nomenclature officielle, son nom complet serait Panzerkampfwagen IX Quick Ausführung Q Sonderkraftfahrzeug 2004, mais il n'y a pas assez de place sur la plaque du box.
Ni même sur la porte d'ailleurs.

Bref, selon le principe d'une séance de saut toutes les trois reprises, en comptant correctement sur mes doigts j'en déduis que ce devrait tomber ce soir. En dépit des deux petites gamelles que Panzer Quick m'ait gratifié les dernières fois où j'y avais posé mes fesses, j'espérais secrètement qu'il me fut de nouveau attribué. Petite pointe de déception quand je découvris mon prénom, pourtant initialement inscrit dans sa case, proprement barré et reporté dans celle de Mowara.
Bon, ce n'est pas un mauvais choix pour autant, mais je reste surpris qu'il ne soit réservé à Flo'. Sauf que... En cette veille de grand week-end, pas mal de cavaliers semblent être déjà en congé et manifestement Flo' ne sera pas de la partie ce soir.

Bon, je vais quand même retrouver la Mô que je ne suis pas mécontent pour autant de retrouver, lui fait un pansage en règle et lui tresse trois vilaines nattes sur la crinière. Au moment précis où je m’apprête à seller la bête, voilà donc que j'aperçois la tête de Flo' dépasser de la porte du box !
- Euh... Daniel, en fait, je n'aurais pas du être là, mais finalement, je suis quand même venu. Donc, La Mono m'a donné Mowara à monter ce soir...
- Ah ! Et laisse-moi deviner, je monte Quick, c'est ça ?
- C'est ça !

Héhé. Content.
Et puis ça m'arrange bien, ne serait-ce que pour mon l'écriture de mon introduction, parce-que Panzer Mo, ça sonne nettement moins bien que Panzer Quick.

Bon, il ne me reste que quelques minutes pour l'équiper. Je passe tout de même un coup de brosse par acquit de conscience, et en posant ma main sur sa croupe, je reste coi.  Ce grand nigaud a un poil doux comme un chaton ! J'ai tellement envie de m'y lover que j'y pose ma tête comme sur un coussin. Je m'y serais volontiers endormi s'il n'y avait pas une reprise imminente à assurer !

Finalement, en comptant les quelques propriétaires qui se sont greffés dans le cours, nous sommes une bonne dizaine à se partager un manège limité en dimension. Lors de la détente, c'est un peu le bazar au moment d'accélérer les allures, surtout avec un Quick toujours aussi lourd aux commandes, bien que moins casse-pieds que d'habitude, et qui ne cherche qu'à aller faire des bisous à Quartz, un grand trotteur noir de propriétaire orné d'une pelote atypique. Sa "maman" lui trouve une forme de cœur, moi, elle me fait plutôt penser à un crâne de bouc, c'est selon.
Mais bon, Quartz, lui, n'aime pas trop fréquenter ses congénères, et sa maman, pas tout à fait rassurée, demande si Quick n'aurait pas quelques velléités de méchanceté. La Monitrice lui répond alors :
- Quick ? Naaaaan. Lui, c'est juste un gros shetland !

Les obstacles du jour : deux verticaux à enchainer au trot le long du pare-botte. Panzer Quick y va au rythme d'un char lourd, c'est à dire très très tranquillement. A tel point qu'au bout du troisième ou quatrième passage, je me fais très sérieusement enguirlander par La Monitrice qui me reproche justement mon train de sénateur. Tout le contraire de Quartz, qui, lui, semble particulièrement excité par les barres au point que sa cavalière laisse l'impression de ne plus trop contrôler la situation...
Et ce qui devait arriver arriva, le grand noir fait une dérobade après le premier vertical et vient précipiter sa propriétaire dans le chandelier de l'obstacle suivant. Boum. Bobo. Eliminée...
Intérieurement, je me dis que c'est finalement agréable d'y aller mollo, mais au rythme de Quick, il va finir par y aller en reculant si je ne reprends pas sérieusement les choses en main.

Bref, je réinjecte un peu de gaz dans la bête qui se prête finalement à l'exercice sans sourciller. Et ce n'est pas plus mal, car pour terminer la soirée, La Monitrice se met à rapprocher les deux obstacles de façon spectaculaire.
- Woaw, ils sont drôlement près l'un de l'autre, non ?
- Et oui. Ça, vous voyez, ça s'appelle un saut de puce !
- De puce ? Pour nous, une puce c'est tout de même le format en dessous du cheval...
- Ne nous inquiétez pas. Vous allez voir, vos chevaux font ça très bien !

Effectivement. Je me lance avec une certaine curiosité, et hop-hop, ça saute tout seul ! Mais c'est carrément rigolo, cet exercice !
Quelques passages agréables, et comme d'habitude, c'est au moment où je commence à prendre mon pied avec une monture bien calée qu'il est déjà l'heure de mettre les chevaux au descendoire. Snif, snif...
Trop triste de laisser le Quick ce soir. Et en plus, il ne m'a même pas fait tomber, le gros shet' !
Bon. Une fois au box, je me console en piquant en roupillon la tête contre sa croupe toujours aussi douce et agréable au toucher.

Pour Noël, c'est décidé, je commande un coussin en cul de Quick.

mercredi 9 novembre 2011

Epidémies

Jeudi 3 novembre 2011

L'ensemble des cavaliers reprenant les cours cette semaine paraît atteint d'un mal étrange, encore peu connu de la science mais semble-t-il courant dans le milieu de l'équitation. Elle se traduit par différents symptômes facilement reconnaissables. Bouffées de chaleur, suées, douleurs musculaires et fortes courbatures en sont les signes les plus évidents. Il est tout à fait regrettable que les médecins ignorent jusqu'à l'existence même de cette redoutable pathologie, me privant ainsi de quelques jours d'interruption temporaire de travail pourtant bien mérités.

Quand la porte de la salle d'attente s'ouvre après une demi-heure de lecture de presse douteuse, le toubib me fait enfin entrer dans son cabinet. Une fois en tête-à-tête, je lui expose l'ensemble de ces petites tracas physiques sources de ma visite. Après qu'il ait approfondi le sujet par une batterie de questions diverses en rapport avec mes activités personnelles, il a rigolé, et a annoncé simplement que je souffrais de misenselle, une pathologie courante dans le milieu de l'équitation, en particulier dans la semaine suivant une période de vacances. Il précise que ce n'était rien de bien méchant et que je m'en remettrai avec une bonne nuit de repos et quelques verres d'eau.
N'empêche, ça picote...

Mais je m'y attendais un peu, je l'avoue. Lors de cette rentrée, le seul suspense était de savoir sur quelle bestiole il m'allait être donné de passer cette séance de remise en forme. Je suis plutôt bien loti avec le noiraud Gulliver, réputé confortable à toutes les allures. Déjà ça de pris.

En rentrant dans l'écurie, Reflet, un cheval de propriétaire, est entouré par divers individus pleins d'attention à son égard. Un voilà qui a de la chance d'être autant choyé ! Pour ne pas faire de jaloux, je papouille longtemps un Okilébo particulièrement réceptif ce soir, me laissant présager qu'il est tout à fait disposé à être choupi avec moi ce soir.
Je lui passe un gros coup de bouchon pour essayer d'atténuer toute l'humidité accumulée lors d'une précédente reprise particulièrement humide, l'équipe dans les règles et l’accommode d'une tresse de queue inversée qui fait l'admiration de quelques jolies cavalières.
Mais l'enthousiasme retombe aussi sec, si j'ose dire. Car il se passe au moment précis de rejoindre le manège un évènement considérable et totalement inédit.
Ce soir, il pleut, et pas qu'un peu...
Oh, ça peut sembler totalement dérisoire, surtout que le grand manège nous tend les bras pour nous abriter de ces précipitations, mais je me dois de préciser qu'en un an et demi de pratique équestre, cela ne m'était encore JAMAIS arrivé ! Moi qui pensait bénéficier d'une espèce de bénédiction divine, de pacte avec les cieux et d'une sorte d'invincibilité météorologique, je dois malheureusement déchanter, je ne suis qu'un cavalier lambda, et non pas l'Elu que j'aurais souhaité incarner. Crotte.

Gulliver, heureusement, est là pour me remonter le moral. Il reste toujours un peu long au démarrage, traine tellement la patte en début de reprise qu'il se prend régulièrement les pieds dans le sable en l'en faire trébucher. Mais après m'être appliqué le réveiller consciencieusement, il me gratifie durant la détente de quelques tours de galop à dérider le plus austères des mormons. C'est donc avec sérénité que nous attaquons cette rude séance de mise en selle.
Étriers en position jockey, jambes fléchies et fesses légèrement au dessus de la selle, l'exercice est sans pitié pour nos gambettes. A ce jeu là, les petits vieux de la reprise, dont je fais partie, s'en tirent plutôt avec les honneurs et donnent la leçon à de plus jeunes cavalières qui ne cessent de crier grâce. Elles ne commenceront qu'à souffler qu'une fois que La Monitrice nous ait demandé d'enchainer des tours de galop assis, sans étriers, sur deux cercles distincts. Une balade de santé, quoi.

Fin de reprise, nous retournons dans l'écurie, où Reflet est toujours autant entouré. Ça en devient presque louche... D'ailleurs, dans l'assistance s'est joint un monsieur en combinaison équipé de divers équipements et matériels. Bon sang, mais c'est le vétérinaire ! Reflet, passablement groggy par un tord-nez, est en colique et le véto s'apprête à lui faire passer un gros et long tuyau par les naseaux de façon à aller lui vidanger l'estomac. Une fois le tuyau en place, il y pompe des litres et des litres d'eau qui en ressortent avec la mixture source de tous ces tracas. Presque dix gros seaux d'écuries seront injectés afin de soulager le pauvre cheval qui s'en remettra plutôt bien.
Impressionnant...

Du coup, je m'en retourne faire quelques grattouilles au petit noiraud qui l'a bien mérité, la vie de cheval peut parfois tenir à peu de choses.

vendredi 4 novembre 2011

Minauderies

Jeudi 20 octobre 2011

Ce n'est pourtant pas compliqué à comprendre : la dernière reprise précédent une période de vacances est traditionnellement consacrée aux jeux. Il y en a pourtant qui s'en étonne et parfois s'en offusque...
- Oh non, je viens pour rattraper un cours, et on fait des jeux. Encore une reprise pour rien...
Alors ça, nous n'avons même encore décroché les selles qu'il y en a qui commencent déjà à se plaindre. Ambiance...

Cela avait pourtant débuté de façon amusante, dans le bureau, au moment de s'attribuer les montures au bon vouloir des cavaliers. J'avoue dans un premier temps ne pas trop savoir laquelle choisir. Les chevaux rigolos du genre Quick ou Rosire ne sont pas disponibles et je me creuse les méninges pour savoir vers lequel je porterai mon choix ce soir.
- Tiens, Daniel, tu ne prends pas Mowara ?
- Non, je pense le laisser à Flo'. Depuis quelque temps, elle a l'air de s'y attacher ! Je crois que je vais plutôt choisir Granolat, ça fait bien longtemps que je n'ai pas posé mes fesses sur cette satanée trotteuse.

Quelques minutes plus tard, Yo croise Maricha qui déambule dans l'écurie.
- Tiens, toi non plus, tu ne prends pas Mowara ?
- Nan, nan. Je vais être sympa, je vais la laisser à Flo'.
Et quand Flo'  arrive :
- Mais, Flo'... Tu ne prends pas Mowara ?
- Nan, j'en avais un petit peu marre. J'ai préféré Gulliver ce soir.
Et bien entendu, quand la dernière cavalière débarque sur place :
- Ah ben zut, il ne reste plus que Mowara...
Ben oui, dernier arrivé, dernier servi ! Sauf l'inévitable Niko, qui s'est fait attribué d'office, et à sa demande, son fidèle Esparade dont les fulgurances pourront être bien utiles lors de cette reprise ludique.

En attendant, il est en train de se faire soigner le dos à l'aide de patch chauffant par ses groupies, laissant présager qu'il ne s'est pas tout à fait remis de son splash de la semaine précédente.
C'est très décevant. Avoir un vis-à-vis un brin diminué, cela enlève beaucoup de piment à l'opposition, même si cette gêne physique ne l'a en rien dissuadé d'apporter quelques mignardises à l'occasion du petit pot prévu pour la fin de la reprise. Mais cette imprudent ignore encore que j'ai sorti ce soir l'artillerie lourde...

Dans la carrière, Esparade est intenable. A la moindre mouche qui pète, le voici qui part au galop pleine balle emmenant un Niko souffrant manifestement des séquelles de sa grosse gamelle. Ne pouvant pleinement lutter à arme égale, il préfère donc mettre pied à terre et abandonner la partie.
Et voilà, éliminé pour le seconde fois. Si j'étais vilain, j'aurais volontiers  écrit "bien fait", mais je ne peux m'empêcher d'éprouver un brin de compassion à son égard. Rassurez-vous, la simple idée de le voir déballer des gâteaux en fin de soirée me ramène vite à la raison. En matière de lutte pâtissière, je ne saurais faire preuve de tant de faiblesse.

Bien fait, donc.

La reprise continue sans lui. Après le relais aux quatre coins, La Monitrice propose un Éperviers. Et à la première chute, ça recommence déjà à minauder...
- Oh non, pas les Éperviers...
- Je tombe tout le temps à ce jeu-là !
- Nous sommes trop nombreux !
- On pourrait pas faire le jeu du Béret plutôt ?
Pfff... Passablement agacée, La Mono finit par abandonner la partie d’Éperviers pour organiser une séance de Béret. Riche idée des filles... Les températures se cassant la figure à une vitesse vertigineuse, nous voilà donc à nous geler les miches à attendre que notre numéro soit appelé afin de pouvoir bouger un peu. Et entre temps, nous restons cinq bonnes minutes à ne rien faire dans le froid en lieu et place de faire travailler nos chevaux et nous avec... Et pour la première de ma vie de cavalier, j'ai eu froid à cheval !
Nul.

Bon, je nuance le tableau, car Granolat a été super-chouette tout au long de la séance, et ça vaut bien quelques orteils congelés. Je suis surtout enthousiaste à l'idée d'aller attaquer le buffet concocté de façon collégiale par l'ensemble des cavaliers de la reprise.
Cakes divers, boissons, gâteaux apéritifs, cocktails maisons, ces amuse-bouches tombent à point nommé pour nous sustenter par ses températures hivernales.

Niko, lui, a ressorti ses sublimes cookies dont j'avais écrit le plus grand bien il y a quelques temps déjà.
Le fourbe.

M'en fiche, j'ai confectionné des macarons.
Et toc.

mercredi 2 novembre 2011

Dans la cour des grands

Jeudi 13 octobre 2011

La Monitrice nous l'avait annoncée il y a quelques temps. Fini les gamineries, désormais, et c'est écrit dans le marbre, nous sauterons toutes les trois semaines. Et justement, ça tombe ce soir.
Je retrouve le GroQuick avec lequel il semblerait que j'ai pris un abonnement saut, me rappelant toutefois que la dernière séance aérienne avait été effectué en partie, et en partie seulement, sur son dos. Quand on se rappelle de la mauvaise aura qu'il inspire et du peu de pratique dont je dispose, je ne me peux m'empêcher de ressentir une certaine fierté à monter un cheval à la réputation sulfureuse au cours d'une séance de saut. Youpi.

Bref, je prends le temps de taper la discut' avec la bête, histoire de sonder l'humeur dans lequel il se trouve ce soir. A ma grande déception, il me parait un peu distant, et semble relativement indifférent aux mots doux et caresses appuyées que je m'efforce pourtant de lui fournir en flux continu. J’espère qu'il ne rentrera pas en mode lourdingue comme ça peut lui arriver parfois, mais je ne le sens pas très réceptif. J'ai entendu dire ici et là qu'il n'aimait pas travailler la nuit, et au vu de l'éclairage limité de la grande carrière, cette séance ne devrait pas lui faire trop plaisir...

Mais je laisse tout ça de côté et achève de le mettre en beauté. Et pour parfaire la préparation de l'engin, il ne me reste plus qu'à mettre en place les jolies protections récemment envoyées par Popy.
J'ouvre le sac, fouille et refouille au fond, et... rien ! Je vide quelques affaires qui encombre l'accès, regarde plus attentivement dans chaque recoin, et... rien non plus ! Merdalors, moi qui pensait crâner de plus belle avec mes derniers accessoires professionnels, me voilà tout déçu de réapparaître sur la carrière tel un cavalier ordinaire !
Dès le retour à la maison, il va falloir que je mette à jour ce mystère...

En attendant de pénétrer tout penaud dans la carrière, j'interpelle Niko rentrant dans le box de Rosire, sa monture du soir.
- Tiens, j'ai fait des cookies ce soir !
- Et moi des muffins, deux parfums, ainsi que des moelleux au chocolat.

J'ai attrapé Quick par la queue et suis alors allé aplatir Niko avec.
Mine de rien, ça fait du bien.

Une fois tout le monde en selle dans la sombre carrière, Qiou me confirme son manque de bonne volonté. J'ai un mal fou à le réveiller, lui faire maintenir les allures lors de la détente et lui injecter un semblant d'impulsion. D'autant que je reste sur mes gardes, n'ayant pas oublié le magnifique mouvement d'épaule qu'il m'avait enseigné trois semaines auparavant.
D'ailleurs, en passant sensiblement au même endroit où il m'avait proprement déposé par terre, il me semble ressentir quelques velléités de récidive. Je ne m'en laisse pas compter et, au moment précis où je sens son encolure frétiller vers le sol, j'applique consciencieusement la jurisprudence Rosire appliquée la semaine dernière, à savoir me redresser promptement et lui relever la tête.
- Ah, tu ne t'y attendais pas à celle-là, hein, mon grand nigaud d'amour ?

Mais Quick a plus d'un tour d'un son sac. A peine ai-je pensé être sorti d'affaire, qu'il fait mine de trébucher en pliant les antérieurs, formant ainsi avec son dos une jolie petite pente qui me fait doucettement glisser vers l'avant. Je me retrouve alors fermement accroché à son encolure, position me permettant ainsi de lui chuchoter à l'oreille :
- Ah, tu vois je suis encore là...
Et à Qiou de finir de me déposer au sol en tournant simplement la tête sur le côté. Et il conclut ainsi :
- Et celle-ci, tu ne t'y attendais pas non plus, n'est-ce pas ?

Je suis admiratif, vraiment. Technique magnifique, second ippon parfait en autant de séance. J'hésite à lui mettre sa rouste tellement son mouvement était d'une grande limpidité. Comment voulez-vous en vouloir à une bestiole qui est capable de tels éclairs de génie ?
D'ailleurs, je suggèrerais de le nommer illico ministre des Sports. Après tout, il n'a pas moins de qualifications que celui qui en occupe actuellement le fauteuil.

Bon, il faut reconnaître que ce gros nigaud a tout de même un talent fou pour me mettre en confiance au moment opportun. Alors que je me réjouissais d'aborder une paire d'obstacles inédite, me revoilà en train de royalement pisser dans mon froc au moment de se lancer dans l'inconnu. Je suis tellement tendu que j'en oublie royalement l'exercice à effectuer. Celui-ci mérite pourtant le détour.

Un premier obstacle est dressé sur la diagonale. Quelques mètres plus loin est disposé un gros plot bleu sur lequel La Monitrice a tranquillement pris place. Et il s'agit, juste après avoir négocié ce premier vertical, de virer suffisamment court afin de passer devant elle avant d'effectuer un quasi-tour complet avant d'affronter le second vertical disposé dans la largeur. Un joli petit enchainement auquel je ne m'étais encore jamais frotté.

Une fois que la plupart de mes collègues y soient passés, il faut bien que je me décide à aller au casse-pipe. Et le seul moyen que j'ai trouvé d'évacuer la pression, c'est de me dire que je suis déjà mort.
Et là, ça va tout de suite mieux. Qiou part au petit trot, m'emmène devant le premier obstacle et m'offre un joli petit vol sans histoire.

Bon, j'admets, GroQuick me redonne confiance aussi vite qu'il me l'enlève. Il m'a suffit de ce simple petit saut pour démystifier l'exercice, à tel point, que j'en oublie de tourner serré devant ce fichu plot... Remontrance de la Monitrice, je demande alors le galop pour aller franchir la seconde barre aussi tranquillement que Quick m'a fait passer la première.
Il a quand même quelques bon moments, le bougre.
Pour les passages suivants, il fera preuve d'une incroyable mauvaise volonté pour prendre le galop, mais au moins, sur les barres, il est drôlement choupi.

On ne peut en dire autant de Rosire. Ce bogoss a une technique encore un peu rustre pour franchir les obstacles, probablement inspirée des meilleurs sauteurs en hauteur. Non pas qu'il les passe en Fosbury, mais il a une fâcheuse tendance à piler juste avant la barre avant de la franchir dans un trajectoire assez proche d'une chandelle rugbystique. Le cavalier est donc d'abord projeté vers l'encolure avant de repartir aussi sec en arrière.
Niko, monté sur sa selle, n'y est manifestement pas préparé et termine ainsi par terre par un magnifique plat sur le dos auquel il ne se remettra pas.
Éliminé.

Et oui, nous ne partageons pas que les pâtisseries, nous partageons les gamelles aussi...

A l'issue de deux ou trois passages chacun assorti de chutes diverses, La Monitrice nous rappelle à quel point le regard est important pour diriger la trajectoire et que nous avions largement la place de virer sec après le premier obstacle.
Et qu'elle va nous en faire la démonstration en envoyant Priaple, un cheval de propriétaire, et sa cavalière sur les barres qu'elle a très généreusement relevées, bien au-delà de nos propres capacités. Du moins, des miennes.
Et là, nous assistons sous nos regards admiratifs à une magnifique leçon d'équitation. Un enchainement propre, fluide et aérien qui nous aurait mis sur le cul si nous n'étions pas déjà assis sur une selle.
Priaple passe et repasse encore au fur et à mesure que les barres continuent de monter vers des côtés vertigineuses.
- Mais, euh... Il y a combien là ?...
- Juste 1m10.  Mais là, c'est pour faire facile, hein !

J'ai cru un bref instant que La Mono allait nous demander d'y aller à notre tour, mais sur cette belle démonstration, nous sommes renvoyés vers nos boxes encore tout ému du spectacle qui nous a été offert ce soir.
Je remercie Quick pour le bon moment qu'il m'a fait partager en dépit de ses multiples facéties, et je rejoins le bureau où Niko a déjà déballé ses amuses-bouches.

Même éclopé, il m'énerve.

§

De retour à la maison, je jette un coup d’œil dans la chambre de ma fille où celle-ci fait un gros dodo. A côté de ses doudous, il y a un grosse peluche cheval toute noire à laquelle elle est très attachée.
Un détail m'intrigue pourtant dans la semi-pénombre... Je plisse les yeux, les laisse s'habituer à l'obscurité... et retrouve sur ses pattes les fameuses guêtres et protège-boulets qui m'avaient fait défaut ce soir !

Coquine, va

jeudi 27 octobre 2011

Tournez manège

Jeudi 06 octobre 2011

Les frimas de l'automne ont commencé à se faire sentir ce soir, mais je n'en ai cure. J'ai volontairement laissé la grosse veste à la maison, fermement persuadé que je trouverai sur place tout ce qu'il faut pour me réchauffer promptement. A commencer par un bonne séance de pansage soigneusement appliquée sur un radiateur à pattes, qui, si fait consciencieusement, suffit normalement à faire tomber la veste du plus frileux des cavaliers.

Raté, Rosire, qui m'est pourtant attribué avec bonheur ce soir, est déjà en piste, et je me retrouve ainsi bien couillon à rester en plan au milieu de l'écurie à rechercher une activité qui saurait palier à mon manque de prévoyance en matière de vêtements chauds. Seul soulagement, je constate que Niko n'est pas plus malin que moi à attendre qu'Esparade puisse lui être libéré. Bah, c'est l'occasion de tailler le bout de gras et en particulier de disserter sur les divers secrets de fabrication de nos pâtisseries respectives. Et au détour de la conversation, ce vilain bonhomme me lâche alors cette phrase :
- A ce propos, j'ai apporté des madeleines...
Ah ouais... Comme ça, sans raisons particulières, et sans même avoir chu la semaine précédente ! Cette entorse aux traditions est bien entendu insupportable.

Fort vexé de m'être ainsi laisser prendre au dépourvu, pour passer le temps, je me dirige vers le petit manège où semble régner un peu d'animation. Une équipe de voltigeuses se livre à un entrainement sur une espèce de cheval d'arçon composé de deux barriques mises bout à bout et équipé d'un surfaix de voltige. Je regarde quelques instants la séance durant laquelle une des protagonistes semblent en baver pour tenir le poirier sur le simulateur de cheval.
Impressionné par les quelques figures mises en œuvres ce soir, je ressors par l'écurie, et, au moment de remettre le pied dehors, croise alors La Monitrice courant vers le manège peu après suivi par l'ambulance des pompiers. L'une des voltigeuses s'est ratée et nécessite une évacuation d'urgence vers l'hôpital du coin...
Bon, j'ai appris quelques jours plus tard qu'elle ne souffrait d'aucunes séquelles, et c'est tant mieux, mais voir ainsi une cavalière quitter le centre sur une civière engendre une drôle d'ambiance auprès de ceux qui attendent leur tour...
Pour finir de dresser le tableau, je me dirige vers la carrière pour admirer les performances de Rosire en attendant mon tour.
Et vlan, à peine suis-je arrivé sur place qu'il envoie un magnifique coup de cul imparable. La cavalière finit le nez dans le sable, à la grande joie de Rosire qui semble très content de son affaire.
Les oiseaux de mauvais augures volent bas ce soir...

Au programme de cette reprise est inscrit une bonne grosse séance d'incurvation, après une traditionnelle détente qui m'a permis de me rappeler à quel point Rosire reste un chouette dadou, mais parfois un peu fantasque.
D'ailleurs, échaudé par la mésaventure de sa précédente cavalière, je reste sur mes gardes. Bien m'en pris :  au détour d'un virage, une encolure qui s'abaisse, une arrière-main qui frétille, je pressens la connerie arriver... Je me redresse alors, lève les mains un bon coup, et constate avec bonheur que je suis toujours vaillamment en selle passé cet excès de mauvaise humeur.
Rosire, constatant sans doute que sa feinte est restée sans effet, me fichera une paix royale pour tout le reste de la séance.
Et toc.

Nous rentrons ensuite de plein pied dans l'exercice du jour.
D'abord, un rappel de quelques principes, de l'utilité de l'incurvation et des aides à mettre en place, ce qui ne devraient en principe n'avoir aucuns secrets pour personne.
Et alors nous nous sommes longuement mis à tourner, sur deux cercles répartis de chaque côté de la carrière, un nombre incalculable de fois. Cela m'a laissé le loisir de réfléchir à la façon dont je pourrais narrer cette épisode, d'essayer de trouver le décalage nécessaire pour raconter cette séance de façon amusante et tâcher de trouver un anecdote croustillante qui me permettrait de gratter du papier tout en essayant de garder le lecteur en haleine à l'aide de diverses pirouettes littéraires.
Mais non, rien. Nada, macache, que dalle, queud'chi, peau de balle, pet de lapin.
Force est de constater qu'aussi intéressant soit l'exercice pour la cavalier, le récit de d'une demi-heure d'incurvation n'est pas plus excitant que le compte-rendu d'une sieste de l'inspecteur Derrick après le digestif.

Alors je passe direct à la fin de la reprise, quand, pour détendre nos montures qui se sont pliées avec patience à cet exercice d'origami, nous leur laissons étendre leur encolure au petit trot. Je laisse doucement les rênes s'échapper de mes doigts et sens alors la bête s'étirer de tout son long dans un moment de relaxation communicatif. Si l'exercice semble faire le plus grand bien à la monture, je me laisse aussi aller à me faire transporter par la bête, un peu comme si j'étais sous les bonnes mains d'une masseuse experte.

Après ce sympathique moment de détente mutuelle, et une fois les montures de retour dans leurs logis respectifs, nous nous dirigeons vers le bureau ou Yo nous propose de démystifier sa chute de la semaine dernière par une succulente tarte aux pommes.
Niko, en tant que vilain garçon, déballe alors un plat copieusement garni de ses madeleines visuellement toutes aussi appétissantes les unes que les autres. J'ai une furieuse envie de tout envoyer valdinguer par terre telle la petite peste que je reste, mais mon semblant de savoir-vivre m'incite finalement à en avaler quelques-unes.
- C'est comment ? Me demande-t-il.
Je lui lance alors quelques éclairs avec mon regard, histoire de bien lui faire comprendre que ses pâtisseries sont certes réussies, mais qu'il est hors de question que je puisse l'avouer en public.

M'en fous, la semaine prochaine, vaille que vaille, il trouvera cette fois-ci une rude concurrence en face de lui.

vendredi 30 septembre 2011

La hache de guerre

29 septembre 2011

Et non, l'été indien n'est pas une saison que l'on ne trouve que dans le nord de l'Amérique, Joe Dassin peut aller se rhabiller. Quoique... Pattes d'éph' et pelle-à-tarte, pas sûr que l'on en ressort vraiment gagnant au change. Qu'il reste en tenue d'Adam, il doit peut-être rester quelques groupies quinquagénaires qui ne cracherait pas dessus, je leur laisse volontiers.
Bref, il fait drôlement beau depuis quelques jours dans le pays. A tel point que le rond de longe en est presque à sec, ce dont j'ai toujours cru aussi probable que de croiser une poule avec des dents, ce qui n'a pas dû arriver depuis l'extinction des vélociraptors et autres dinosaures à plumes. L'analogie avec Joe Dassin s'arrête là.

Donc, c'est grand bleu. De toute façon, on s'en fiche, puisque à l'heure où débute la reprise, il fait déjà nuit noire. On se contentera de profiter de la petite douceur nocturne et d'une carrière bien sèche, bien que toujours plongée en partie dans l'obscurité par la faute d'un lampadaire déficient.

Je suis affecté à Gulliver ce soir, et j'avoue en être très heureux. La dernière fois que nos routes se sont croisées, mon incapacité à garder le cheval entre le sol et moi-même m'avait conduit à terminer la nuit aux services d'urgence de l'hôpital du coin. Je ne lui en avais pas tenu rigueur pour autant, ces retrouvailles seront justement l'occasion de sceller officiellement notre réconciliation que j'espère définitive.
Et cela s'engage plutôt bien. Le Noiraud, qui a retrouvé suffisement de poils lui permettant d'afficher sa belle robe noire quasi-intégrale, est déjà fort demandeur de câlins et grattouilles à la porte du box. Je ne m'en prive pas, il semble apprécier le bougre, et lui glisse quelques mots à l'oreille rapport à notre dernière association qui ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Je l'aime ce con.
La hache de guerre est définitivement enterrée, notre association semble des plus prometteuses.

Je ressors du box pour aller prendre en compte son matériel. Et là, je reste totalement abasourdi par la scène qui se passe plus au fond de l'écurie, devant le box d'Esparade... Un grand gaillard, un visage familier, accompagné de ces groupies habituelles. Bon sang de bon soir, Nikko est de retour ! Dans MA reprise !!!
Incroyable. Trois mois de conspiration intensive, de mise au point d'un plan parfait et d'échanges d'horaires pour me garantir l'exclusivité masculine qui tombent à l'eau en une soirée ! Et pile-poil le jour où je dois distribuer des gâteaux - exceptionnellement confectionnés par Madame, qu'elle en soit remerciée - à l'assistance pour démystifier ma chute de la semaine précédente, il a bien choisit son jour pour la reprise des hostilités, le bougre.

Okay, je relève le défi. On va se la jouer à la loyale, en piste, devant cavalières et Monitrice, lui sur son habituel Esparade, moi sur Okilébo.

Dès la détente, je ne laisse pas Gulli s'endormir. Connaissant son penchant pour le moindre effort, je tâche d'entretenir l'impulsion sous diverses manières. Voix, talons, et quelques caresses de la cravache sur l'épaule finissent de le réveiller. Ceci fait, je n'ai plus vraiment à m’employer, je constate avec bonheur que Gulliver est plutôt choupi ce soir.
Mais l'essentiel est ailleurs, il est grand, habillé en noir et monté sur Esparade, grrr...

Le juge de paix consiste en trois petites barres posées au sol. A franchir au trot assis, il s'agit d'effectuer à l'issue un bel arrêt pile devant La Monitrice qui patiente attentivement de l'autre côté. Un exercice semble-t-il anodin pour des cavaliers de notre niveau, c'est sans compter sur l'humeur parfois joyeuse de nos montures. A commencer par Esparade, qui, malgré qu'il ait déjà de la bouteille, semble de ne pas du tout apprécier la présence de ces bouts de bois sous ses pattes. Et il le manifeste ostensiblement, avec force refus, dérobades, semblant de départs au galop et tout geste d'humeur mettant à l'épreuve le cavalier sur sa selle qui, vaillamment, ne s'en laisse pas compter. Avant de se bagarrer contre moi, Nikko se battra de longues minutes avec Esparade avant d'en tirer quoi que ce soit, mais sans jamais réellement paniquer face à une bestiole un peu rétive. Chapeau.

Par la suite, il est demandé en lieu et place de l'arrêt d'effectuer après les barres un départ au galop sur le bon pied. De mon côté, j'ai l'impression de m'en sortir sans trop d'encombres, bien aidé par une monture particulièrement bien connectée, en total contraste avec la dernière séance de saut douloureuse.
En fin de compte, c'est Rosire qui aura raison de sa cavalière. Suite à une manœuvre que je n'ai pas bien suivi, il offre à l'assistance un magnifique saut de mouton pour retomber tel un chat sur ses quatre membres. Yo, sa cavalière, en fera tout en autant, sans bobo notable. Le relais en terme de fournitures pâtissières est assuré.

A l'issue de la reprise, une fois les cavaliers proprement arrêtés au montoir, vient alors mon instant coq. Je mets rapidement pied à terre, laisse tranquillement Gulliver à ses occupations, et vient ramasser les trois barres sans laisser le temps à Nikko de réagir. Et me voici ainsi passant fièrement devant l'assistance, La Monitrice prenant bien soin de commenter l'exploit en direct. Un vrai triomphe romain, Nikko en reste médusé.
La Maman de Quartz, un grand hongre noir de belle facture, m'interpelle ainsi :
- Dis Daniel, tu ne serais pas célibataire, par hasard ?
- Et non... Mais ça peut s'arranger.

Rassemblement de la troupe dans le bureau pour partager les cookies. Les commentaires culinaires vont bon train. Nikko n'a plus le choix, pour relever le défi, il va falloir choir un moment ou un autre...

Héhé.

vendredi 23 septembre 2011

Uchi Mata

22 septembre 2011

En équitation, c'est aussi la période des transferts. Et à l'instar de nos collègues footballeurs professionnels, celle-ci s'étend bien après le début de la saison officielle, faisant ainsi pleurer le gamin collecteur d'images Panini après que ce dernier ait constaté que la moitié de l'effectif de son équipe préférée à changé de visage en moins de six mois.
A l'issue de ce mercato estival, mon transfert est donc officialisé pour quitter le club du lundi soir afin d'aller rejoindre celui du jeudi à vingt-et-une heures. Avec une réelle pointe de regret à l'idée de quitter quelques collègues qui m'accompagnent ainsi depuis plus d'une année, mêlée toutefois d'un certain enthousiasme à l'approche de la découverte de nouvelles têtes et d'une toute nouvelle ambiance nocturne. Ajoutez à ceci une bonne pointe d'appréhension propre à l'élève qui change de classe en cours d'année, amplifiée par la quasi-obligation de faire bonne figure face à un public qui ne se privera sans doute pas de juger sur pièce le petit nouveau un peu impressionné à l'idée d'aller tâter de l'obstacle pour la première fois depuis longtemps.

Et ce soir, je suis verni, puisque mon gros nounours adoré m'est attribué pour cette séance ! Bon, certes Quick n'a pas bonne presse, et trimballe sur son dos des légendes plus pesantes qu'un judoka de catégorie +100kg. Et je me souviens encore des paroles de La Monitrice, alors que je paradais encore fièrement l'année dernière en présentant devant quelques cavalières mon bilan encore vierge de toute chute :
- C'est pas grave, on te mettra Quick au saut.
- Ah là, c'est sûr, Quick au saut, il va tomber...
N'empêche, si jamais l'affaire se passe bien, je ne vous raconte pas comment je vais me la péter ! Ceci dit, j'ai appris peu auparavant que Quick gardait cette bonne habitude de baisser brutalement la tête au point d'avoir fichu sa dernière cavalière par terre à deux reprises... Ambiance.

Mais je suis tout heureux de retrouver mon Groquick dans son box un peu sombre. Le début de l'automne est la plus belle période de l'année pour pratiquer les câlins. Les poils sont soyeux à souhait, juste la longueur qu'il faut avoir l'impression de caresser un chaton sans en mettre partout, et un petit coup de brosse douce suffit à donner un brillant à faire passer les montures pour des miroirs magiques. Et Blanche-Neige n'a qu'à bien se tenir, car au jeu de qui est la plus belle, il y a de la concurrence chez mes nouvelles camarades, au milieu desquelles je reste ici aussi l'unique représentant masculin.
C'est chouette, l'équitation.

Quelques tresses plus tard, nous nous retrouvons en piste sous les projecteurs, dont un est en panne plongeant ainsi un bon tiers de la carrière dans la pénombre et réduisant d'autant la surface exploitable.
A la détente, Quick reste fidèle à lui, à savoir lourd et un peu mou du genoux. J'essaye désespérément de lui injecter un peu d'impulsion dans les veines, mais j'ai le plus grand mal à le réveiller, tout en mettant en application la consigne absolue de ne pas lui laisser baisser sa tête.
Devant son manque de volonté évidente, je me décide à sortir la cravache histoire d'aller lui chatouiller un peu le séant. Mais au détour d'un coin, alors que je tiens fermement les rênes d'une seule main et la cravache de l'autre, Qiou profite de ma situation passablement instable pour envoyer son "spécial". Il baisse un bon coup son encolure tout en s'incurvant sur l'intérieur enroulant ainsi mon avant-bras par un magnifique mouvement d'épaule à montrer dans toutes les écoles de judo. Ma position trop en avant ne peut qu'accompagner ce coup parfait vers le sol sans que je ne puisse réagir le moins du monde.
Réception sur les deux épaules. Ippon. Magnifique.

Et Quick qui part manifester ostensiblement sa victoire du jour en sautant comme un cabri partout dans la carrière. Voilà qui n'est pas très courtois, jeune homme.

Beaux débuts... Le coq vient de rabattre sa fierté un bon coup, il reste les pieds dans le crottin mais prendra garde à l'avenir de ne pas chanter trop fort dans le poulailler.
Et là, outre la bonne portion d'amour propre laissée à même le sable de la carrière, je dois bien avouer que cette mésaventure me met modérément en confiance à l'idée d'aller attaquer les barres alors que j'entame à peine ma seconde reprise de la saison. Bon, les quelques tours de galop aux deux mains me permettront d'affiner ma position, de me redresser et de mieux contrôler la tête de la bestiole. Mais cette mésaventure aura eu au moins le mérite de réveiller le monstre, qui se montre enfin réceptif à mes sollicitations.

L'exercice du soir se compose ainsi : quelques barres au sol à aborder au trot avant un premier obstacle, puis demander le galop pour aller franchir quelques foulées plus loin une seconde barre, et ensuite bien garder la trajectoire avant de rejoindre la piste au fond de la carrière. Et c'est une grand première, j'éprouve cette fois-ci une réelle appréhension à me lancer, comme je n'en avais encore jamais connu auparavant. Pas vraiment une franche trouille, mais plutôt la crainte de me crisper dans l'exercice et d'oublier ainsi la moitié des fondamentaux permettant ainsi de passer les barres en toute sérénité. Mais bon, puisque je suis là, il faudra bien y passer à mon tour...

A l'approche des barres, pour l'instant toutes au sol, j'arrive tout de même à me décontracter avec mon petit grigri de langue. Présentation au petit trot, franchissement correct, départ au galop laborieux et trajectoire pourrie à l'issue, ce passage m'aura au moins permis de démystifier l'exercice. Parce-que penser à la mise en équilibre, rester à sa place, demander le galop, contrôler la tête du cheval et la trajectoire, cela fait vraiment beaucoup pour un cerveau passablement embrumé.

La première barre se mue en croisillon et chacun retourne à l’exercice, à un rythme relativement soutenu. Cette fois-ci, je m'efforce à rester droit sur la selle, et arrive à garder la trajectoire à l'issue, en faisant bien attention, encore et toujours, à ne pas lui laisser baisser la tête. Il y a donc du mieux, et je ne cache pas un certain soulagement, sans être totalement rassuré pour autant. D'autant plus que le second obstacle se mue en vertical pour corser la difficulté.
J'y retourne donc, pas plus rassuré que ça, mais à ma grande joie ce passage s'effectue dans une réelle fluidité, me semblant presque facile. J'y prendrais presque du plaisir, dites-donc ! Groquick mérite cette fois-ci une bonne caresse.
Un dernier passage, sans être parfait, avec des obstacles encore rehaussés finiront par me redonner réellement confiance, à tel point que je fus presque déçu d'entendre que la séance s'arrêtait là-dessus...

Retour à la case départ, gros câlins à Quick qui est tout beau tout doux et je quitte l'écurie bon dernier histoire de reprendre les bonnes habitudes.
J'en suis quitte pour confectionner un gâteau pour la semaine prochaine, mais j'ai bien pris soin de préciser, vilain comme je suis, que je ne savais pas les préparer, ça m’enlèvera une pression supplémentaire. La tête qu'elles vont faire quand elle vont me voir arriver avec mes macarons maison !

Plus que 96.

lundi 19 septembre 2011

En passant...

Mon soir d'équitation passe dès cette semaine du lundi au jeudi soir. Il est donc inutile de m'envoyer des messages d'inquiétude si vous ne voyez plus rien de publié le mardi dans la journée. ;)

mardi 13 septembre 2011

Il ne peut en rester qu'un

05 septembre 2011

Il est dix-neuf heures ce lundi de rentrée équestre. Il fait une belle douceur de soir de fin d'été, avec un agréable petit rayon de soleil. Je suis déjà en tenue, les sacs dans le coffre de la voiture prête à partir. Je ne cache pas une certaine impatience à reprendre mon activité favorite après un interminable mois de coupure. J'avais même déjà une petite idée en tête de ce je pourrais raconter à l'issue de cette soirée. Sur cette dualité que j'éprouve entre une certaine fierté de reprendre l'équitation avec cette fois-ci un un peu de bagage associée à une petite pointe de nostalgie à l'idée de quitter le statut de débutant Galop Zéro, certes un peu timide, mais souvent choyé par les plus anciens et bénéficiant de toute la bienveillance et la mansuétude des monitrices d'équitation.

Et puis d'un coup, d'un seul, au moment de prendre congé de Madame, c'est la cata.
- Daniel !!! Il faut que tu partes en urgence chercher du ciment et du sable pour le chantier, il ne reste plus rien à l'ouvrier pour bosser demain !
Gros coup de colère, puis résignation, déprime, et enfin acceptation. Mon grand retour à l'équitation est donc reporté d'une semaine. Surtout que j'ai appris par la suite qu'il m'était attribué mon gros nounours préféré, le toujours redouté Quick-du-Bois... Védéhème.

§

12 septembre 2011

Aucun imprévu ne viendra cette fois-ci troubler mes retrouvailles avec la divine senteur du crottin. Je vous l'assure, après une longue période d'abstinence, on se rend compte que l'odeur du crottin a quelque-chose de particulièrement envoûtant pour le féru d'équitation.
Même la pluie, qui était pourtant annoncée par les services de la météorologie aléatoire, cédera comme à l'accoutumée sa place à quelques rayons de soleil bienvenus.
Tout juste arrivé sur place, je prends une pause, laisse tomber mes sacs par terre et respire un bon coup, savourant pleinement cet instant tant attendu. Plus loin, je salue Natie qui est déjà là, encore toute désappointée de mon absence de la semaine dernière. Un seul être vous manque...

Une fois les échanges des derniers potins effectués, il est temps d'aller prendre connaissance de ma monture du jour, avec une ferme certitude de me voir attribuer mon Grôquick. D'ailleurs, je ne cherche pas mon nom dans la liste, mais regarde directement dans la ligne Quick si j'y trouve mon blaze. Gagné ! Sauf que...
Sauf que juste à côté, une petite double flèche indique un changement de monture avec celle située juste en dessous. Et à ma grande surprise, il s'agit de Rosire. Un bébé de six ans qui était jusque-là exclusivement réservé aux cavaliers de galops supérieurs et que nous ne touchions donc qu'avec les yeux. C'est une sacrée promotion que voilà ! Surtout qu'il s'agit d'un cheval unanimement apprécié par tous ceux et celles qui ont eu le privilège d'y asseoir leur séant.

Je pars donc à sa recherche dans la grande écurie, les chevaux ayant depuis peu regagnés les boxes, mais de façon quelque peu désordonnée, les chevaux étant parfois dispersés dans des emplacements ne portant pas leurs noms. C'est parfois le bazar pour s'y retrouver, ceux ne connaissant pas encore finement la cavalerie devant passer par mes bons tuyaux pour retrouver leurs montures au milieu des bottes de foins. Rosire ne fait pas exception, je le retrouve tout au fond dans un box initialement réservé à deux poneys de propriétaire. Mais je le reconnaitrais entre mille autres chevaux bais. Il possède sur le chanfrein une marque blanche en forme de voile de bateau gonflée par les alizés, comme une sorte d'invitation au voyage au moment de monter en selle. Tout un programme.

Dans le box, il est tout beau, tout propre, le poil brillant comme s'il revenait d'une séance de pansage effectuée par un cavalier consciencieux. Il a par ailleurs le poil rare, peu de toupet, une longueur de crin ne permettant pas vraiment de fantaisies capillaires à l'instar d'un akhal-téké. Je peine à trouver trois bouts crins pour lui confectionner une tresse de queue qui tienne la route.

Bref, bien content de parader aux côtés de ma nouvelle monture d'élite, je rejoins hors de l'écurie mes collègues qui attendent déjà leur tour d'entrer en piste. Je reconnais un certain nombre des visages familiers qui m'ont accompagnés durant toute l'année dernière, avec la confirmation que La Monitrice animera nos cours cette année encore pour notre plus grand bonheur.
Se rajoutent quelques nouvelles collègues dont j'ai déjà pu faire en partie connaissance à l'intérieur de l'écurie, et d'autres avec lesquelles j'aurais sans doute l'occasion de taper la discut' plus tard.

En carrière, bien que je sente que la bête ait envie d'aller se dégourdir les pattes, Rosire reste parfaitement immobile au montoir. Une fois en route, au pas comme au trot, j'enchaîne les figures de manèges, voltes, demi-voltes, doublés, changements d'allure et cercles, histoire de prendre connaissance du pédigrée de l'engin. Et c'est loin d'être un cheval effrayant, la direction étant un jeu d'enfant. Je le trouve par contre assez peu réactif à la jambe, mais mes dernières aventures équestres chez Klem sur des chevaux particulièrement fins biaisent sans doute mon jugement. Il faut tout de même injecter régulièrement un peu d'impulsion sous peine de voir l'allure ralentir, surtout à main gauche où je le trouve nettement moins volontaire.
A toutes les allures, il est d'un confort remarquable, on peut allégrement trotter assis sans faire décoller le granomètre et galoper en prenant le thé sans faire tomber la petite cuiller en argent. Je lui accorde donc un triple A.

Au programme du soir, travail sur les départs du trot au galop dans la diagonale. Un premier passage laborieux le temps de me dérouiller la tête et les jambes, un peu mieux par la suite. La Mono a titre d'exemple emprunte alors Hidalgo pour illustrer les effets des aides et leurs conséquences dans leurs utilisations, bonnes comme mauvaises.
- Par exemple, si vous ne vous asseyez pas dans votre selle et restez au trot enlevé, votre cheval ne partira pas au galop !
Bien entendu, à cet instant précis, Hidalgo prend justement le galop...
- Alors, nous sommes d'accord, il n'a pas pris la galop, vous n'avez rien vu et il est resté au trot, hein !
Mais bien sûr !

Alors que s'approche la fin de reprise, vient enfin mon heure de gloire. La Monitrice profite que nous soyons tous réunis autour d'elle pour me présenter aux nouvelles cavalières de la reprise qui n'ont donc pu faire ma connaissance la semaine dernière. Puisque cette année, j'affiche une caractéristique remarquable sur la douzaine de cavaliers présents dans la reprise : je reste la seule entité mâle survivante au passage de l'été. Et ce, au grand dam de La Mono qui pouvait compter à la même époque de l'année dernière sur le taux assez inouï de cinquante-pour-cent de bonshommes.

C'est donc officiel. En horoscope équestre, c'est l'année du coq.

jeudi 11 août 2011

Un peu plus près des étoiles


Août 2011

La preuve de l’existence du Paradis, c’est que personne n’y soit jamais revenu.
Enfin, jusqu’à aujourd’hui.
Et pourtant, il y a bien longtemps que je ne crois plus à toute espèce de vie après la mort, tant matérielle que spirituelle. L'enfer, le paradis, le purgatoire, je laisse ces croyances à tous ceux et celles qui ont la vanité de penser que leur existence a trop de valeur pour la voir s’achever un jour
A titre personnel, et après m’être longuement posé une question que l’humanité semble ne pas supporter rester sans réponse,  je ne m’attends à rien d’autre de bien différent que ce que j’ai pu connaître avant la naissance.  Le paradis, c’est une belle utopie, mais je crains fort qu’il ne soit pas de ce monde.

Toutefois, cette nuit-là, quand j’ai ouvert les yeux sous la toile de tente perdue sous un ciel étoilée que j’ai trop rarement la chance de pouvoir admirer, une bonne partie de mes convictions ont commencé à vaciller.
Cela s’est d’abord matérialisé par une sonorité grave et cadencée, d’abord lointaine, puis se rapprochant rapidement à l’instar d’un train circulant sur une voie de chemin de fer voisine. Après que ce murmure se soit suffisamment rapproché, il est devenu alors aisé de deviner la plus flatteuse des sonorités qu’un cavalier puisse entendre : une multitude de sabots frappant le sol avec un entrain communicatif laissant imaginer plusieurs chevaux lancés dans un galop énergique.
Deux ou trois passages de ce rythme endiablé suffisent à apaiser toute tension et plonger n’importe qu’elle âme cavalière dans la plus profonde des sérénités.

Le lendemain matin, bercé successivement par les chants des chouettes, des coqs, des corbeaux, des tourterelles et des hirondelles, et après un réveil où la confusion entre rêve et réalité ne cessait d’embrouiller mon esprit, le doute n’était plus permis : quel que soit l’endroit vers lequel je dirigeais mon regard, s’étalaient poneys et chevaux à perte de vue. Je venais de quitter un monde pour renaître dans un autre pour mon plus grand bonheur, sans réellement comprendre par quel chemin j’étais arrivé là. Enfin si, par l’autoroute A11, mais présenté ainsi, c’est tout de suite beaucoup moins glamour.

Nous sommes bien entendus aller rendre visite aux hôtes des prés, nous demandant ainsi quel accueil nous serait réservé par l’ensemble de la population équine. Venus de toute part, quelques soient les prés, chevaux, poneys, poulinières ou poulains venaient à notre rencontre avec joie et bonne humeur, nous offrant toute latitude pour nous permettre de les câliner avec enthousiasme, y compris aux visiteurs les plus timorés, et allant même jusqu’à nous proposer de partager leur pitance, offre à laquelle nous furent honorés mais que nous finirons par poliment refuser.

Ici, pas un seul cheval vilain. Tous sont d’abord agréable, d’un mental irréprochable, parfois joueurs mais jamais vicieux, allant même jusqu’à user de leurs pouvoirs de séduction sur des visiteurs à priori imperméables aux charmes de ce genre de bestioles. Même Madame s’est laissé envoûté, allant jusqu’à se demander si elle n’allait pas finalement repartir avec Mercredi sous le bras.
Ceux qui ne connaissent pas Mercredi auront tendance à le confondre avec un simple shetland. Mais Mercredi, c’est un peu plus que ça. C’est l’ami des enfants, à la fois leur confident, leur doudou, leur poupée et leur ami, c’est le poney dont le principal travail consiste à être simplement gentil, ce dont il se charge avec un talent inégalé. C’est le poney qui ne fait pleurer les enfants qu’une seule fois, au moment où il s’agit de lui dire au revoir.

Les autres habitants des prés ne sont pas en reste. J’ai eu la chance et l’honneur de monter des chevaux et poneys admirablement dressés, Pollen, Tip-Top, Amigo et la grande Yéléna, qui m’ont permis de découvrir une nouvelle facette de l’équitation à laquelle je n’étais pas tout à fait préparé, une équitation faite de légèreté, de murmures et d’économie du geste. Une équitation d’une grande finesse qui a certes nécessité une sérieuse mise à niveau, mais qui a eu pour mérite de me donner l’impression de progresser à grand pas vers cette une équitation empreinte de subtilité et de communication entre cavalier et monture.

Même si les caprices du temps n’ont pas permis les grandes balades que nous aurions espérées, les joies des balades entre amis et du petit galop dans les champs fraîchement moissonnés auront suffit à combler de joie le simple cavalier que je suis. Et au moment de me réveiller ce dernier matin dans mon propre lit, j’ai pu constater avec un réel bonheur que je n’avais toujours pas effectué le voyage de vie à trépas.

Le Paradis, c’est chez Klem, dépêchez-vous d’en profiter pendant que vous êtes encore vivant. :)

mardi 9 août 2011

Galop Zéro, c'est aussi un livre


Et voilà, toutes les Chroniques d'Un Cavalier Débutant sont maintenant en livre, dans une édition revue et corrigée, sur le site TheBookEdition :

http://www.thebookedition.com/galop-zero-daniel-papp-p-64423.html
Acheter Galop Zéro

A vot' bon coeur, M'sieurs-Dames ! :)

mardi 5 juillet 2011

En rejoignant la case Départ

3 juillet 2011

C'était au début du mois de juin de l'année dernière. Je n'imaginais pas alors, après m'être inscrit en même temps que ma fille pour une année en centre équestre, que la flamme de l'équitation si profondément enfouie allait ressurgir avec une telle virulence.
Durant les trois mois qui ont suivi, j'ai minutieusement compté mes jours qui me séparaient de ma première leçon d’équitation avec une insupportable impatience. Je me souviens que chaque soir, en rentrant du boulot assis à la fenêtre du RER, j'entrapercevais à la sortie de la gare de Montgeron quelques éléments du centre équestre, les manèges, les carrières, mais aussi les près et les chevaux qui y paissaient consciencieusement et je maudissais déjà ces longues vacances d'été qui n'en finissaient pas alors qu’elles n’avaient même pas commencées.
Les vacances sont définitivement la plaie du cavalier de club, et j'angoisse déjà, au moment d'aborder cette dernière reprise de l'année, sur cette longue parenthèse estivale qui devrait me tenir éloigné des paddocks pendant de trop longues semaines. L'odeur du crottin me manque déjà... au grand soulagement de Madame qui n'en peut mais des senteurs équines que j'ai pris l'habitude de lui ramener tous les lundis soirs !

Mais il me reste une dernière reprise à effectuer avant d'entrer dans ce long tunnel estival. Il faut savoir se contenter de petites satisfactions, et compte-tenu de ma dernière prestation et de la royale gamelle qui en a suivi, enfiler le pantalon d'équitation est déjà une petite victoire en soi.

Ce dimanche matin, Beltane est assise à la grande table. Elle est toute surprise de me voir arriver si tôt, déguisé en cavalier, pour participer à une reprise à laquelle je ne suis pas initialement destiné. Pour l'occasion, je vais donc me mêler avec le gratin de l'équitation, et enfiler un costume de galocette bien entendu trop grand pour moi. Mais pour cette dernière reprise, à priori placée sous le signe de la décontraction, je ne devrais pas trop jurer. Du moins je vais tâcher...
Car si cette participation exceptionnelle à une reprise de niveau hautement plus élevée qu'est le mien est le résultat d'une intense négociation auprès de La Monitrice, je me rends compte au fur et à mesure que l'heure approche qu'une certaine pression est en train de s'installer... Comment garder une once de crédibilité face et des cavalières expérimentées quand on sort à peine du galop zéro ?

C'est évidemment Mowara qui m'est attribuée, comme une forme de clin d’œil et une astucieuse façon de boucler la boucle, de terminer par où l'on a commencé.
Comme pressenti, la séance, baignée d'un généreux soleil, est dédiée aux activités ludiques, jeux, relais aux quatre coins et éperviers. Les volontaires sont incités et quitter leurs selles et poursuivre la reprise à cru, mais, une fois n'est pas coutume, je décide de me faire porter pâle en restant sagement juché sur ma selle, ma hanche toujours douloureuse m'incitant à rester pour une fois prudent.

Le reste est anecdotique. Il est amusant de constater que Solo, le p'tit cheval gris préféré de Beltane, devient incapable de d'avancer droit une fois sa selle retirée... Nous avons eu droit à une jolie démonstration de croise-papattes avant qu'il ne soit décidé de lui remettre son siège. Une fois la selle remise en place, inutile de préciser que la démonstration à fait place à la leçon !

Pour le reste, ben... comment me suis-je débrouillé... Je ne sais pas trop. Comme un manche j’imagine. Le souci, c’est qu’aux Éperviers, je suis particulièrement nul surtout quand il s’agit de faire le chasseur. Reste à savoir si mon costume de modeste cavalier n’était pas trop visible sous mon déguisement de galocette de pacotille !
Mais bon, je ne me fais pas trop d’illusions. Que voulez-vous, Galop Zéro un jour, Galop Zéro toujours…