mardi 20 mars 2012

Coup de soleil

Jeudi 08 mars 2012

Depuis la rentrée, c'est la panique sur les réseaux sociaux. Les derniers comptes-rendus font apparaitre des cavalières en souffrance à la suite de séances de mise en selle particulièrement gratinées orchestrées par des monitrices par ailleurs fort satisfaites de leurs méfaits.
Mais en 2012 après JC, l'une d'entre elles résiste encore à toujours à l'envahisseur et ne laisse pas aller à la facilité de la torture équestre dès la rentrée des vacances.
En fait si, mais c'est plus subtil...

Sur la feuille, c'est une grande première. Je monte Hidalgo ce soir, le seul cheval du club avec Gipsy avec lequel je n'avais encore jamais été associé. Bon, je ne compte pas Night dans le lot, qui est hors concours et uniquement réservée aux suicidaires. Peu de chances donc que je la monte un jour.

Hidalgo est un hongre alezan, plutôt petit par la taille et qui porte des fers montés à l'envers aux antérieurs pour soulager un léger syndrome naviculaire. Alors, mettons nous d'accord, un naviculaire, cela ne désigne par un individu qui voyage sur les fesses, mais l'inflammation plus ou moins prononcé d'un petit os situé dans le pied du cheval sensiblement au niveau du talon. Ce devait être précisé.

Je vais tout de même me rencarder sur le tempérament de la bête, mais les cavalières qui l'ont déjà expérimenté n'ont pas vraiment de vices à faire valoir, si ce n'est une tendance bien affirmée à craindre tout ce qui bouge, et encore plus tout ce qui ne bouge pas.

En selle, la monte se fait sans surprise. Hidalgo est un cheval d'expérience qui connait le boulot, sans vice ni vertu. Excepté que c'est un vilain suiveur, capable de continuer à marcher dans la trace du cheval précédent même après lui avoir fait un nœud avec l'encolure. Ça m'agace un poil.

Bon, pour le détendre correctement, je m'efforce à l'éloigner de ses petits camarades, il est ainsi beaucoup plus à l'écoute de mes demandes et se laisse conduire avec une certaine légèreté.

Une fois détendus aux trois allures, La Monitrice nous convoque pour nous faire la causerie du soir. Et cela commence par un simple mot, lentement décliné en trois syllabes distinctes :
- IM-PUL-SION.
Alors là, tout de suite, ça jette un froid, comme si nous en avions besoin. Grand blanc dans l'assistance, un long moment de silence pas même troublé par le vol d'une mouche encore engourdie par le froid hivernal. En insistant un peu et en interrogeant les cavaliers un à un, nous finissons par jeter quelques bribes de définition où il est question d'allure, d'engagement et de rebond.
- Voilà ! poursuit La Mono, quand vos chevaux sont dans l'impulsion, vous devez avoir l'impression de rebondir dans votre selle. Donc, vous allez les mettre à main droite, et essayer de leur insuffler de l'impulsion.
- Donc, pas mise en selle aujourd'hui ?
- Non, pas la peine, vous faites cinq à dix minutes de travail sans étriers à chaque séance. De la mise en selle, vous en faites tout le temps, pas la peine de dédier une reprise complète à ça !
Nous sentons poindre un léger vent de soulagement parmi les cavaliers, quand La Monitrice poursuit :
- Par contre, à partir de maintenant, c'est travail sans étrier !
Je me disais bien, aussi...

Bon, pour les premiers tours au pas, cela n'a rien de bien méchant. Nous nous concentrons sur la mise dans l'impulsion de nos montures, et je découvre ainsi de rôle fondamental du travail des hanches pour y arriver. C'est un peu comme si nous les poussions avec les fesses, même si, au pas, il n'est pas forcément évident de sentir le rebond de la bête.
Mais cet apéritif prend vite fin, et nous enchainons sur le travail au trot. Toujours dans l'impulsion, il nous reste quarante bonnes minutes à user les fond de culotte pour faire ainsi bosser nos chevaux, sur la piste ou sur des cercles, en les incurvant correctement bien entendu.

Les premières gouttes de transpiration apparaissent très rapidement, je ne suis pas sûr que ce soit les montures qui se fatiguent le plus dans l'histoire. Quand les premières dents commencent à se décoller, alors là oui, nous pouvons affirmer que nous sommes dans l'impulsion.

Ce qui ne n'empêche pas Hidalgo de rester sur le qui-vive, des fois qu'un ours ou une goutte d'eau viendrait subitement l'agresser. Pour le coup, je ne sais pas trop ce qui l'a pousser à faire un écart, sans doute une poussière dans l’œil, toujours est-il que je me retrouve soudainement accroché à son encolure, en train de lentement glisser sur le côté et inéluctablement attiré vers le sol. Je mets doucement pied à terre, en précisant que cela ne saurait compter comme une chute.
- On veut pas le savoir, GATEAUUUUUUUUUX !
Pfff, vilaines filles...

Nous redescendons de nos montures et les sortons du manège pour les ramener dans leurs casemates. En passant devant La Monitrice, je lui fais part d'un sentiment étrange.
- C'est marrant, j'ai l'impression d'avoir attrapé un coup de soleil sur les fesses, aujourd'hui...

Après un pansage en règle d'Hidalgo, je ressors de l'écurie en commençant à ressentir les efforts musculaires fournis ce soir.
Je ne serais pas étonné de me réveiller le lendemain matin avec les adducteurs qui se touchent...

1 commentaire:

  1. Décidément ce petit journal est toujours aussi truculent. Toujours un pur bonheur de vous lire ! Quel dommage que nous n'ayons pas quelques images de tout cela !!! Aller un petit effort, montrez vous !

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