vendredi 2 décembre 2011

Les mauvais chasseurs

Jeudi 1er décembre 2011

Mon profond désir de devenir à terme un bon cavalier se heurte à un problème insoluble, à savoir que je suis précisément incapable de définir ce qu'est justement un bon cavalier, tant la différence avec un mauvais est aussi évidente à cerner que celle entre le bon chasseur et le mauvais chasseur.
Ben... Le mauvais cavalier, il voit un cheval, il monte dessus ! Alors que le bon, il voit un cheval... bon, il monte dessus aussi, mais c'est pas pareil, c'est un bon cavalier.
Et c'est là que je regrette de ne pas assumer pleinement mon statut de petite peste auto-proclamée. Si tel était le cas, la situation serait très simple. Le monde se diviserait en deux catégories : moi et les mauvais cavaliers, et c'est marre. Faute de trouver un consensus absolu quant à la réalité de cette situation, elle a pour avantage d'être facile à comprendre !

Mais en attendant que la population mondiale se convertisse définitivement à cette inéluctable réalité, je vais tâcher déjà de rester en selle sur ce grand escogriffe de Quick, attribué ce soir pour cette séance de dressage. Ça tombe drôlement bien, j'ai justement rêvé de lui cette semaine dans un songe des plus sympathiques, me rendant d'autant plus heureux d'y être associé !
Je viens faire les présentations d'usage, et croise Maricha venu s'occuper de Jour, une jument alezane sise juste en face. Je commence à taper la discut', le dos au box de Quick quand ce dernier vient approcher son museau jusqu'à carrément coller ses lèvres contre ma joue. Mais c'est qu'il me fait un bisou, ce gros nounours !
Comment que je me la pète devant Maricha avec mon grand bai qui m'aime !
Sauf qu'à bien y réfléchir, je pense qu'il n'est simplement pas insensible au parfum du baume après-rasage fraichement appliqué sur mon visage. Mon chat aussi fait pareil dans les même circonstances... N'empêche, ça fait son effet.

Je rends à Quick ce bref instant d'affection en lui réservant une séance de pansage particulièrement soignée. Je lui bricole quelques tresses sur la crinière et une autre sur la queue dans les règles de l'art de façon à ce qu'il soit le plus beau dans le manège.
Mais il n'y pas à dire, une tresse de queue sur un hongre, ça fait tapette. Tant pis, j'assume.

Une fois en selle dans le manège, j'assiste avec dépit au retour du Quick chiant, lourdingue, imprécis, aux trajectoires improbables et aux allures pourries, le Panzer dans toute sa splendeur. Pas du tout le cheval flamboyant qui avait habité mon rêve il y a quelques jours ! Quelle est cette supercherie ?
Durant la détente, je n'arrive pas à en tirer quoique ce soit, à peine un petit tour de galop correct sur la fin, et encore. Impossible de le réveiller et lui injecter le minimum d'impulsion qui nous permettrait de poursuivre la séance proprement. Je sens qu'il me manque un bouton pour le mettre en route, et je ne le trouve pas, ça m'agace.
Un point mauvais cavalier, un.
Seule embellie de la soirée, une jolie blonde assise sur l'estrade est stupéfaite d'apercevoir mon beau Quick ainsi natté, et encore plus d'apprendre que c'est le cavalier lui-même qui s'en est occupé. Elle me gratifiera de sourires pour le reste de la soirée, hi hi.

Mais cela laisse Quick totalement de marbre. Pour les exercices d'incurvation suivants, c'est la croix et la bannière pour tenir la trajectoire sur le cercle imposé. A peine ai-je la satisfaction de le voir se plier correctement que La Monitrice nous convoque pour nous enseigner les rudiments de la contre-incurvation comme il avait été évoqué la semaine dernière.
J'ai beau essayer de m'imprégner de ses explications, je reste dans l'appréhension de devoir batailler avec la bête de longues minutes avant d'obtenir la moindre sursaut de bonne volonté. Je sens qu'il va encore me plonger dans le n'importe quoi...
Ben non, il me fait plutôt les choses bien, ce con ! A ma grande surprise, il est enfin réactif à mes demandes, reste sur le cercle proprement et se plie aux exercices d'origami avec bonne volonté. Rétrécissement du cercle, passage de contre-incurvation à incurvation et réciproquement, le Panzer finira en fin de compte par être choupi, et c'est tant mieux car j'avais cru un instant rentrer broucouille de la reprise.
Mine de rien, un bel exercice de dressage correctement réalisé, c'est drôlement chouette, ça donnerait presque l'impression d'être cavalier.

Une fois la reprise terminée, tout intimidé je rejoins La Monitrice au bureau afin de lui conter mon rêve de Quick. Ca l'a bien fait rigoler !

Avec tout ça, je ne sais toujours pas définir un bon cavalier, mais j'ai au moins eu l'aperçu de ce que c'était un mauvais. C'est une bonne base pour progresser.
Mais...
-> J'ai eu une grosse bise de Quick.
-> Reçu le sourire d'une jolie blonde.
-> Fait rigoler La Monitrice.
J'ai connu des soirées plus moroses.

2 commentaires:

  1. Qu'est ce qu'un bon cavalier... Alors là, c'est la colle du jour...

    Quoique...

    Je dirais que c'est un cavalier respectueux de sa monture et qui est capable de faire de jolies choses aussi bien avec un cheval qu'il connait depuis 10 ans qu'avec une monture qu'il ne connait pas...

    C'est au moins un début de définition!

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  2. Le plus simple, c'est encore de demander au cheval. :P

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