mercredi 9 novembre 2011

Epidémies

Jeudi 3 novembre 2011

L'ensemble des cavaliers reprenant les cours cette semaine paraît atteint d'un mal étrange, encore peu connu de la science mais semble-t-il courant dans le milieu de l'équitation. Elle se traduit par différents symptômes facilement reconnaissables. Bouffées de chaleur, suées, douleurs musculaires et fortes courbatures en sont les signes les plus évidents. Il est tout à fait regrettable que les médecins ignorent jusqu'à l'existence même de cette redoutable pathologie, me privant ainsi de quelques jours d'interruption temporaire de travail pourtant bien mérités.

Quand la porte de la salle d'attente s'ouvre après une demi-heure de lecture de presse douteuse, le toubib me fait enfin entrer dans son cabinet. Une fois en tête-à-tête, je lui expose l'ensemble de ces petites tracas physiques sources de ma visite. Après qu'il ait approfondi le sujet par une batterie de questions diverses en rapport avec mes activités personnelles, il a rigolé, et a annoncé simplement que je souffrais de misenselle, une pathologie courante dans le milieu de l'équitation, en particulier dans la semaine suivant une période de vacances. Il précise que ce n'était rien de bien méchant et que je m'en remettrai avec une bonne nuit de repos et quelques verres d'eau.
N'empêche, ça picote...

Mais je m'y attendais un peu, je l'avoue. Lors de cette rentrée, le seul suspense était de savoir sur quelle bestiole il m'allait être donné de passer cette séance de remise en forme. Je suis plutôt bien loti avec le noiraud Gulliver, réputé confortable à toutes les allures. Déjà ça de pris.

En rentrant dans l'écurie, Reflet, un cheval de propriétaire, est entouré par divers individus pleins d'attention à son égard. Un voilà qui a de la chance d'être autant choyé ! Pour ne pas faire de jaloux, je papouille longtemps un Okilébo particulièrement réceptif ce soir, me laissant présager qu'il est tout à fait disposé à être choupi avec moi ce soir.
Je lui passe un gros coup de bouchon pour essayer d'atténuer toute l'humidité accumulée lors d'une précédente reprise particulièrement humide, l'équipe dans les règles et l’accommode d'une tresse de queue inversée qui fait l'admiration de quelques jolies cavalières.
Mais l'enthousiasme retombe aussi sec, si j'ose dire. Car il se passe au moment précis de rejoindre le manège un évènement considérable et totalement inédit.
Ce soir, il pleut, et pas qu'un peu...
Oh, ça peut sembler totalement dérisoire, surtout que le grand manège nous tend les bras pour nous abriter de ces précipitations, mais je me dois de préciser qu'en un an et demi de pratique équestre, cela ne m'était encore JAMAIS arrivé ! Moi qui pensait bénéficier d'une espèce de bénédiction divine, de pacte avec les cieux et d'une sorte d'invincibilité météorologique, je dois malheureusement déchanter, je ne suis qu'un cavalier lambda, et non pas l'Elu que j'aurais souhaité incarner. Crotte.

Gulliver, heureusement, est là pour me remonter le moral. Il reste toujours un peu long au démarrage, traine tellement la patte en début de reprise qu'il se prend régulièrement les pieds dans le sable en l'en faire trébucher. Mais après m'être appliqué le réveiller consciencieusement, il me gratifie durant la détente de quelques tours de galop à dérider le plus austères des mormons. C'est donc avec sérénité que nous attaquons cette rude séance de mise en selle.
Étriers en position jockey, jambes fléchies et fesses légèrement au dessus de la selle, l'exercice est sans pitié pour nos gambettes. A ce jeu là, les petits vieux de la reprise, dont je fais partie, s'en tirent plutôt avec les honneurs et donnent la leçon à de plus jeunes cavalières qui ne cessent de crier grâce. Elles ne commenceront qu'à souffler qu'une fois que La Monitrice nous ait demandé d'enchainer des tours de galop assis, sans étriers, sur deux cercles distincts. Une balade de santé, quoi.

Fin de reprise, nous retournons dans l'écurie, où Reflet est toujours autant entouré. Ça en devient presque louche... D'ailleurs, dans l'assistance s'est joint un monsieur en combinaison équipé de divers équipements et matériels. Bon sang, mais c'est le vétérinaire ! Reflet, passablement groggy par un tord-nez, est en colique et le véto s'apprête à lui faire passer un gros et long tuyau par les naseaux de façon à aller lui vidanger l'estomac. Une fois le tuyau en place, il y pompe des litres et des litres d'eau qui en ressortent avec la mixture source de tous ces tracas. Presque dix gros seaux d'écuries seront injectés afin de soulager le pauvre cheval qui s'en remettra plutôt bien.
Impressionnant...

Du coup, je m'en retourne faire quelques grattouilles au petit noiraud qui l'a bien mérité, la vie de cheval peut parfois tenir à peu de choses.

2 commentaires:

  1. Mise en selle étriers court... aïe, je trouve ça pire que sans les étriers!

    Pour la colique, contente que le cheval s'en soit bien remis!

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  2. Oh oui, une collique est site vite arrivé. Si tu savais à quel point la colique fais peur aux cavaliers...

    Bon, en tout les cas, ravie de te relire :D

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