mardi 2 novembre 2010

Gadins et tartufferies

1er novembre 2010

Il est un certain nombre de cavalières - et peut-être même de cavaliers, personne n'est parfait - qui suivent assidûment mes chroniques en attendant avec une impatience non feinte le récit haletant de mon tout premier voyage selle-sol. Je dois avouer que jusqu'à présent, je les ai toujours déçues...

Et pourtant, je vous promets que j'y mets de la bonne volonté. Quelque-soient les exercices biscornus et acrobatiques proposés par La Monitrice, je les exécute avec bonne grâce et suis même toujours impatient de découvrir à quelle sauce nous allons être croqués en arrivant au montoir. En me doutant que chaque nouveauté introduite dans le cours, bien qu'indispensable dans l'apprentissage de l'équitation, nous offre de nouvelles opportunités d'aller mordre la poussière, en particulier lors de leurs premières mises en application...

Pris dans les bouchons de retour de week-end, j'arrive ric-rac au centre équestre, avec femme et enfant que je n'ai pas eu le temps de déposer au passage. Fifille est bien entendue ravie, Madame espère quant à elle trouver sur place une assistance respiratoire...
Dans le box, je retrouve ma fidèle Mowara, encore une fois toute transpireuse, pas brossée pour un sous, le mors non rincé et tout dégueu, grrrrr...  Pressé par le temps, j'arrive tout de même à lui tresser deux vilaines nattes - pour les pions on verra la prochaine fois - avant d'être appelé avec le reste de la troupe dans la carrière, fort humide au passage, pour le début des festivités.

Et le menu du jour est annoncé haut et fort : ce soir, il y aura de la mise en selle !
Mes petits camarades ignorants jusqu'à l'existence même de cette pratique occulte, j'éprouve un malin plaisir à l'idée de découvrir leurs mines déconfites quand seront annoncés les détails des exercices sympathiques à venir. :)

La détente qui s'ensuit me rappelle que j'ai encore affreusement tendance à m'emmêler les pinceaux et les diagonaux au trot enlevé. Il y a encore du boulot sur ce point, et l'annonce du retrait des étriers par La Monitrice n'en sera que plus salutaire pour me sortir de cette relative galère.
Nous enchainons donc par quelques tours de trot "pieds nus'". Enfin, un petit tour pour commencer... J'ai à peine le temps de boucler mon premier que Tartuffe, un hongre pourtant bien âgé et sensé être sage, envoie sa cavalière prendre la température du sable humide une première fois.
Remise en selle, et rebelote : quelques tours plus tard, la même cavalière se retrouve envoyée par terre au même endroit par ce même Tartuffe, qui, pour finir de narguer l'assistance, démontre que malgré sa vingtaine il reste encore un garçon énergique en courant dans tous les coins de la carrière.
Ce qui a le don d'agacer prodigieusement La Monitrice...

La séance de trot terminée, elle nous fait rechausser les étriers, au grand soulagement de certain (dont je ne fais pas partie...), et nous envoie tâter un peu de galop à main gauche. Le rallongement des étriers me donne indubitablement une assise plus confortable à cette allure, mais j'ai assez peu l'occasion d'en profiter, une nouvelle cavalière est envoyée à son tour découvrir les joies du bain de boue automnal, repeignant au passage son pantalon d'équitation d'un marron très tendance en cette saison.

L'idée de profiter de nombreux gâteaux redonne le sourire à la Mono qui nous fait repartir là où nous en étions. Toutefois, l'expérience précédente semble avoir calmé quelques ardeurs : je croise quelques cavaliers au trot, au pas, un peu n'importe où, ce qui fait froncer les sourcils de la Monitrice... Elle n'est pas contente du tout, et nous le fait savoir en nous soufflant une bonne petite gueulante qui nous rappelle qu'il existe quelques constantes chez les moniteurs d'équitation... :)

On repart dans un dernier tour de galop, histoire de finir sur une note à peu près propre. Il y a un progrès notoire dans la conduite de ma monture : j'arrive sensiblement à la faire courir sur la piste, les aides apprises la semaine dernière y étant sans doute pour beaucoup.
Enfin, un petit peu de trot, de pas et de câlins sont mis en œuvre avant de mettre pied à terre et clore la séance du jour. En passant devant la Mono, j'ose une remarque imprudente :
- Mais, euh... On ne devait pas faire de la mise en selle aujourd'hui ?
- Si, mais les chevaux étaient trop cons ce soir, ce sera pour la prochaine fois...

Sur le coup, j'en étais presque déçu. Ce soir, je suis resté bien sagement collé à ma selle, et pas une seule seconde je ne me suis senti en état d'aller mordre la poussière. Certains s'en contenteront, c'est peut-être même le signe de quelques progrès, mais cela a pour moi un goût de trop peu, surtout après la journée pleine de découvertes du lundi précédent.

J'ai envie de faire des exercices à la con.
J'ai envie de galoper sans étrier.
J'ai envie d'aller tâter des barres.
J'en aurais presque envie de me foutre par terre, afin de pouvoir de dire "Punaise, ça c'est un truc malade, faut être drôlement balèze", même si ça n'a l'air de rien, il n'en faut pas beaucoup pour m'effrayer.

Bref, j'ai envie d'aller voir plus haut, quitte à me retrouver tout en bas.


Mais en attendant, la semaine prochaine, ce seront les autres qui régaleront. :)

PS : le lendemain matin, en partant pour le boulot, je trouve coincé dans une fermeture éclair de la manche de mon blouson d'aviateur un long cheveu roux qui aurait fait dresser ceux de Madame si cette dernière l'avait découvert avant ma pomme...
Sur le coup, je m'interroge : trop clair pour appartenir à Madame, trop long pour appartenir à Fifille...
Je vous arrête tout de suite, il est aussi trop court pour appartenir à La Monitrice, honnit soit qui mal y pense...
Mais bon sang mais c'est bien sûr, MO-WA-RA ! :D

7 commentaires:

  1. La chute n'était pas pour aujourd'hui!
    J'y croyais pourtant! :D

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  2. C'est étonnant cette passion pour la gravité. :)

    En tant qu'ancien pilote de planeur, je privilégie l'atterrissage en douceur... ;)

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  3. Je viens de lire ton blog tout d'un coup... :-)
    J'ai beaucoup ri, et ça me fait du bien de lire tes aventures, moi qui ai quitté le bord des débutants qui montent en club depuis quelques années.
    J'avais oublié le bonheur que c'est de respirer littéralement le cheval lorsque tu n'y vas qu'une fois par semaine (ou moins !)...
    Je te souhaite une très bonne continuation, et j'espère qu'à force de progrès tu oseras te lancer dans l'aventure "à plein temps", et devenir un jour prochain heureux propriétaire... d'emmerdes quotidiennes ! :-)
    Mag

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  4. Oui, j'ai ma fille qui me met déjà la pression ! :D

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  5. Mais surtout, si je peux me permettre de te donner un tout petit conseil : Attends d'avoir un niveau suffisamment élevé pour ne pas être obligé de t'en remettre aux professionnels 24h/24...
    Attends d'avoir ton galop 7 par exemple, et encore...
    j'ai un ami qui a commencé l'équitation à 40 ans. 2 ans plus tard, il passait son galop 7 et s'est acheté son premier cheval... :-)

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  6. L'idée, dans le cas de l'acquisition d'un cheval, serait ma fille et moi puissions en profiter en même temps.
    Vu qu'elle n'a pas encore ses six ans, bien que très grand pour son âge, cela laisse encore quelques belles années avant de songer à un tel *ahem* investissement.
    Rien ne presse donc, il y aura de quoi passer quelques galops. :)

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  7. Le galop 7 n'est pas la réference pour devenir propriétaire!
    Je n'ai qu'un petit niveau galop 5 et je connais la joie d'avoir mon propre cheval!
    Des connaissances en soin, une monture adaptée à son niveau et des professionnels prêt à nous aider en cas de problèmes, c'est plus important qu'un "galop" à proprement dit!

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