vendredi 6 décembre 2013

La mare de boue

Printemps 2012

A sa naissance, elle était toute mignonne, insignifiante, une toute petite flaque d'eau de rien du tout, entourée d'une herbe naissante prenant son essor à l'approche du printemps. Nous n'y prêtions guère attention, d'autant plus que nous passions à côté sans même la voir, le petit pré qu'elle gardait était encore désert à cette période.

Et puis les jours se rallongeant, et avec le concours de quelques rayons de soleil bienvenus après un long hiver, nos responsables décidèrent que c'était le bon moment de faire profiter nos chevaux des joies de la vie extérieure.

Longe et licol en main, c'est toujours une grande joie d'aller prendre en compte sa monture au grand air en lieu et place d'un box exigu, c'est aussi la promesse de jours meilleurs, d'heure d'été et de journées se rallongeant de façon notable semaine après semaine, allant de pair avant le retour des températures douces et du grand soleil.
La petite flaque n'impressionne personne, il est encore aisé d'en faire le tour, voire de l'enjamber pour ceux qui ont de grandes pattes. La semaine prochaine, elle aura de toute évidence disparue pour de bon.

Alors que nous devrions nous diriger tout droit vers les beaux jours, la ridicule flaque d'eau s'est métamorphosée en vilain tas de boue. Elle est encadrée à gauche par la tente abritant les obstacles de concours, et à droite par la lice entourant la grande carrière.
Il subsiste toutefois suffisamment de zones sèches pour ne pas salir ses bottes à condition de pratiquer un subtil gymkhana.
Bah, la semaine prochaine, ça ira mieux.

Que diable, les nuages semblent solidement verrouillés au dessus de la région, le temps reste maussade et les pluies régulières ont fait grandir le tas de boue lui donnant maintenant l'aspect d'un vilain marécage bien peu accueillant.
En prenant bien soin de passer sur les cotés, il est encore possible de d'accéder au pré sans s'enfoncer de cinq bons centimètres dans la gadoue, Chose qu'il commence à être difficile de faire comprendre à nos chevaux, ils semblent avoir beaucoup moins de scrupules à se salir les pattes, et les exercices d'équilibriste ne semblent pas vraiment les emballer.
Bah, la belle saison finira bien par s'installer.

Quelques rares rayons de soleil tâchaient d'entretenir le mince espoir de garder, ne serait-ce qu'une seule fois, les pieds au sec. Mais dans un étrange acharnement, nos petits nuages avaient pris l'habitude de déverser leur cargaison humide tous les jeudis - jour de notre reprise - avec une régularité stupéfiante. Un champ de bataille façon Verdun nous accueillait désormais à l'orée du pré. La seule voie d’accès encore praticable consistait à emprunter le talus qui séparait le pré de la carrière, en faisant toutefois bien attention à ne pas empoigner la clôture électrique. Et malheur à celui qui, d'un pas mal assuré, se mettait irrémédiablement à glisser vers la boue gluante et collante.
Et puis de toute façon, au retour, il fallait bien passer en plein milieu, s'enfoncer d'une bonne quinzaine de centimètres, et ressortir avec une épaisse gangue malodorante autour de la godasse. Les chevaux avaient eux droit à une petite douche aux pattes avant d'appliquer le moindre pansage, cela les rendait plus présentables que nous...

Après trois mois de contorsions savantes autour de ce que nous appelions désormais le marécage, enfin le beau temps décida de s'installer !
Mais bon, nous étions déjà en juillet...

3 commentaires:

  1. Hihihihi.
    Pas de ça dans le pré? Parce que c'est ce que j'avais à l'entrée de mon pré, mais pas sur quelques centimètres... 20-30 bon mètres de traversée d'une mare de boue gluante et glissante. Les bottes de pluie assez hautes étaient devenus indispensable!

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  2. Je pense que les grosses flaques de boue sont un incontournable dans tout bon centre équestre qui se respecte ! ^^
    J'y reviendrai dans mon prochain article, avec la scène la plus drôle qu'il m'est arrivé de contempler autour d'un paddock bien boueux. :P

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  3. Je vais lire ça de suite et je te confierai peut être mon plus grand moment de solitude au club, lié à une belle mare de boue!

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