vendredi 3 février 2012

Groom service

Jeudi 26 janvier 2012

Bon. Ayant suivi à la lettre les recommandations de La Monitrice préconisant de faire de l'exercice physique, j'ai poussé le bouchon tellement loin (bien involontairement, ceci dit) que j'en ai développé une magnifique tendinite me faisant rater la reprise du 19 janvier.
Groumpf.

Retour donc au centre équestre après cette petite coupure. Au menu du soir, je retrouve Jour après le faux départ donné il y a quelques semaines. Un changement de dernière minute m'avait alors privé d'une première association avec cette petite jument, qui de toute façon n'avait pas l'air très contente de m'accueillir. Bah, ce sera l'occasion de repartir vers de nouvelles bases et reprendre à zéro un début de relation qui était fort mal parti.

Après quelques mètres en direction de son box, je surprends Marionnette en train curer les pieds de Rosire. Ce dernier ayant tendance à devenir un peu couillon depuis quelques temps, je ne cache pas mon étonnement face à cette association inédite.
- Tiens ? Tu montes Rosire ce soir ?
- Du tout, mais je dois le préparer ainsi qu'Hidalgo pour Yoh et Topgun qui rattrapent un cours en ce moment même. En fait, ce soir, je monte Esparade, mais il me fait la tête encore, il ne veut pas se laisser panser...
- Ah, bon allons voir ça !
Je bombe le torse, prends mon air le plus décidé et ramasse une brosse afin de montrer à ce grand échalas à qui il a à faire. A la porte du box, il n'a pas l'air spécialement content de me voir. Je l'appelle tout de même par son p'tit nom histoire d'attirer un peu son attention, et une fois qu'il a bien intégré que j'allais m'occuper de lui sérieusement, je rentre dans sa casemate et attend qu'il vienne de lui-même me renifler de la tête au pied. Je lui rend la politesse agrémentée de quelques caresses accompagnées d'une voie douce et commence à le brosser d'un côté, puis de l'autre.
Je m'assure enfin qu'il donne correctement le pied, et propose donc à Marionnette de venir prendre le relais en précisant qu'il me semblait à point.
Sur le coup, il me semble l'avoir drôlement impressionné, la jeune fille ! Au point qu'elle me propose d'aller m'occuper de Rosire qui ne semblait, pas plus qu'Esparade, vouloir lui accorder sa sympathie.

Bon, Jour attendra, je quitte donc Esparade pour me diriger vers l'autre grand bai et lui applique les premiers soins avec tout autant de facilités. Une fois cette tâche effectuée, je compte bien me consacrer à ma monture du jour, si j'ose dire, quand Marionette, désespérée, m'appelle une nouvelle fois au secours !
- Daniel, il faut que tu m'aides, il ne veut vraiment rien savoir, Esparade, je n'arrive pas à lui curer les pieds !
- Oké, passe moi l'outil, je vais m'en occuper !
Sous son regard admiratif, je décrotte proprement les pattes de la bête et aide ensuite à le seller. Une fois ma bonne action terminée, je me dirige à nouveau vers le box de Jour avec la ferme intention de pouvoir commencer enfin notre tête-à-tête.

Sauf que Lagazelle, arrivée entre temps, se met elle aussi à crier à l'aide devant ses difficultés à prendre les pieds de Gulliver, manifestement rétif lui aussi !
De bonne grâce, je propose de m'y coller, et en deux temps trois mouvements, Gulli retrouve des pieds tout neuf sans sourciller. A la sortie du box, je suis tout fier de pouvoir annoncer ainsi :
- C'est officiel, je suis désormais un chuchoteur confirmé !
- Hé, ho, n'exagère pas trop non plus ! semblent dire en cœur l'assistance passablement médusée, mais reconnaissante.
Assurément, un grand moment jouissif de petite peste de centre équestre.
Je termine enfin en demandant, un peu moqueur, si personne d'autre n'aurait besoin de mes services, mais il semblerait que j'ai la voie libre pour enfin aller prendre en compte ma petite jument alezane.

Les choses ne sont pas gagnées pour autant. Si ses collègues m'ont laissé tout loisir de parader devant les cavalières présentes, Jour ne semble pas du tout encline à se laisser dompter aussi facilement. Elle fait semblant de m'ignorer, et les quelques fois où elle tourne sa tête vers ma pomme, c'est pour bien me montrer ses belles oreilles plaquées sur son encolure, façon explicite de me démontrer que la patronne, c'est elle.
D'accord, mademoiselle est une pisseuse. Trouvons une autre stratégie.

D'abord, ne pas se laisser impressionner. Elle ne veut pas me voir, je reste à sa porte en continuant à lui parler, d'abord fermement, dans le but de capter son attention. Au bout d'un moment, j'obtiens une petite victoire : Jour décolle enfin une oreille de son encolure ! Je la félicite, me fais la voix plus douce et l'encourage à persévérer dans cette voie.
Seconde victoire, cette fois-ci elle tourne carrément une oreille de mon côté ! Elle semble désormais un peu plus à mon écoute. J'en profite alors pour ouvrir la porte de son box, me présenter à l'entrée, et attend qu'elle vienne prendre connaissance de cet étrange gugusse qui lui casse les pieds depuis cinq bonnes minutes.
Elle commence à me renifler, c'est plutôt bon signe, et je peux enfin lui flatter l'encolure avec une certaine tendresse. Il semble enfin qu'elle ait acceptée que nous soyons associé pour ce soir !
Mine de rien, c'est une belle satisfaction personnelle.

Le reste du pansage et de l'équipement se passera sans plus de soucis, et je m'apprête à quitter l'écurie quand je vois une cavalière revenir avec Itis en main, orné d'une tresse en damier absolument magnifique qui me laisse béat d'admiration.
- Mais... Qui c'est qui lui a fait cette merveille ? je demande alors.
- C'est Yoh, qui l'a monté à la reprise précédente.
Là, elle marque un sérieux point. Moi qui pensait attirer l'attention de la faune cavalière avec mes pseudo talents de chuchoteur, me voilà distancé de plusieurs kilomètres.
Les choses n'ont resteront pas là, faites-moi confiance.

Une fois dans le manège, j'en profite tout de même pour la féliciter pour son travail, c'était bien le moindre que je puisse faire.
Pour le reste, c'était une reprise de dressage axée sur l'incurvation et le travail des hanches en dedans. A la différence près qu'il s'agissait d’exécuter l'exercice dans la longueur au milieu du manège plutôt que sur la piste, bien guidé par le pare-bottes.
Pour m'aider à affiner ma technique, La Monitrice me prodigue de précieux conseils sur la façon de "soutenir" avec la main intérieur afin de mieux contrôler les épaules et dessiner des cercles de façon précise. C'est une astuce des plus intéressantes, j'ai vraiment l'impression d'obtenir des résultats plus aisément qu'auparavant.
Ne reste plus qu'à affiner et automatiser le geste, et je pense arriver à gagner beaucoup de finesse dans le guidage de mes montures.

Une séance au final très instructive sur une jument tout à fait disposée à donner le meilleure d'elle-même, à condition de faire les présentations dans les formes !

Retour aux boxes, et remise en condition de la bête sans surprise. Enfin, pas tout à fait...
La surprise est en fait pour Yoh, qui a le bonheur de constater que la cavalière qui a rentré précédemment Itis n'a pas pris soin de lui défaire la crinière - passe encore - mais a surtout eu la délicatesse de laisser la boite de pansage dans le box au grand bonheur du cheval qui s'est fait un plaisir de la démonter méticuleusement en éparpillant l’intégralité du contenu aux quatre coins de son logis.
Yoh semble s'être fait une nouvelle copine dans l'affaire...

Nous nous mettons à trois pour tâcher de retrouver les éléments qui composaient le contenu de la boite, et constatons avec dépit qu'un peigne manque à l'appel... Nous comprenons ainsi ce qu'est de chercher une objet métallique dans un tas de foin.
Pour achever de jouer les bons samaritains, j'aide Yoh et retirer les nombreux élastiques de la crinière, en lui confirmant qu'elle a vraiment pris une longueur d'avance en matière de coiffure équestre.

Mais que je ne comptais pas me laisser faire aussi facilement...

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