jeudi 27 octobre 2011

Tournez manège

Jeudi 06 octobre 2011

Les frimas de l'automne ont commencé à se faire sentir ce soir, mais je n'en ai cure. J'ai volontairement laissé la grosse veste à la maison, fermement persuadé que je trouverai sur place tout ce qu'il faut pour me réchauffer promptement. A commencer par un bonne séance de pansage soigneusement appliquée sur un radiateur à pattes, qui, si fait consciencieusement, suffit normalement à faire tomber la veste du plus frileux des cavaliers.

Raté, Rosire, qui m'est pourtant attribué avec bonheur ce soir, est déjà en piste, et je me retrouve ainsi bien couillon à rester en plan au milieu de l'écurie à rechercher une activité qui saurait palier à mon manque de prévoyance en matière de vêtements chauds. Seul soulagement, je constate que Niko n'est pas plus malin que moi à attendre qu'Esparade puisse lui être libéré. Bah, c'est l'occasion de tailler le bout de gras et en particulier de disserter sur les divers secrets de fabrication de nos pâtisseries respectives. Et au détour de la conversation, ce vilain bonhomme me lâche alors cette phrase :
- A ce propos, j'ai apporté des madeleines...
Ah ouais... Comme ça, sans raisons particulières, et sans même avoir chu la semaine précédente ! Cette entorse aux traditions est bien entendu insupportable.

Fort vexé de m'être ainsi laisser prendre au dépourvu, pour passer le temps, je me dirige vers le petit manège où semble régner un peu d'animation. Une équipe de voltigeuses se livre à un entrainement sur une espèce de cheval d'arçon composé de deux barriques mises bout à bout et équipé d'un surfaix de voltige. Je regarde quelques instants la séance durant laquelle une des protagonistes semblent en baver pour tenir le poirier sur le simulateur de cheval.
Impressionné par les quelques figures mises en œuvres ce soir, je ressors par l'écurie, et, au moment de remettre le pied dehors, croise alors La Monitrice courant vers le manège peu après suivi par l'ambulance des pompiers. L'une des voltigeuses s'est ratée et nécessite une évacuation d'urgence vers l'hôpital du coin...
Bon, j'ai appris quelques jours plus tard qu'elle ne souffrait d'aucunes séquelles, et c'est tant mieux, mais voir ainsi une cavalière quitter le centre sur une civière engendre une drôle d'ambiance auprès de ceux qui attendent leur tour...
Pour finir de dresser le tableau, je me dirige vers la carrière pour admirer les performances de Rosire en attendant mon tour.
Et vlan, à peine suis-je arrivé sur place qu'il envoie un magnifique coup de cul imparable. La cavalière finit le nez dans le sable, à la grande joie de Rosire qui semble très content de son affaire.
Les oiseaux de mauvais augures volent bas ce soir...

Au programme de cette reprise est inscrit une bonne grosse séance d'incurvation, après une traditionnelle détente qui m'a permis de me rappeler à quel point Rosire reste un chouette dadou, mais parfois un peu fantasque.
D'ailleurs, échaudé par la mésaventure de sa précédente cavalière, je reste sur mes gardes. Bien m'en pris :  au détour d'un virage, une encolure qui s'abaisse, une arrière-main qui frétille, je pressens la connerie arriver... Je me redresse alors, lève les mains un bon coup, et constate avec bonheur que je suis toujours vaillamment en selle passé cet excès de mauvaise humeur.
Rosire, constatant sans doute que sa feinte est restée sans effet, me fichera une paix royale pour tout le reste de la séance.
Et toc.

Nous rentrons ensuite de plein pied dans l'exercice du jour.
D'abord, un rappel de quelques principes, de l'utilité de l'incurvation et des aides à mettre en place, ce qui ne devraient en principe n'avoir aucuns secrets pour personne.
Et alors nous nous sommes longuement mis à tourner, sur deux cercles répartis de chaque côté de la carrière, un nombre incalculable de fois. Cela m'a laissé le loisir de réfléchir à la façon dont je pourrais narrer cette épisode, d'essayer de trouver le décalage nécessaire pour raconter cette séance de façon amusante et tâcher de trouver un anecdote croustillante qui me permettrait de gratter du papier tout en essayant de garder le lecteur en haleine à l'aide de diverses pirouettes littéraires.
Mais non, rien. Nada, macache, que dalle, queud'chi, peau de balle, pet de lapin.
Force est de constater qu'aussi intéressant soit l'exercice pour la cavalier, le récit de d'une demi-heure d'incurvation n'est pas plus excitant que le compte-rendu d'une sieste de l'inspecteur Derrick après le digestif.

Alors je passe direct à la fin de la reprise, quand, pour détendre nos montures qui se sont pliées avec patience à cet exercice d'origami, nous leur laissons étendre leur encolure au petit trot. Je laisse doucement les rênes s'échapper de mes doigts et sens alors la bête s'étirer de tout son long dans un moment de relaxation communicatif. Si l'exercice semble faire le plus grand bien à la monture, je me laisse aussi aller à me faire transporter par la bête, un peu comme si j'étais sous les bonnes mains d'une masseuse experte.

Après ce sympathique moment de détente mutuelle, et une fois les montures de retour dans leurs logis respectifs, nous nous dirigeons vers le bureau ou Yo nous propose de démystifier sa chute de la semaine dernière par une succulente tarte aux pommes.
Niko, en tant que vilain garçon, déballe alors un plat copieusement garni de ses madeleines visuellement toutes aussi appétissantes les unes que les autres. J'ai une furieuse envie de tout envoyer valdinguer par terre telle la petite peste que je reste, mais mon semblant de savoir-vivre m'incite finalement à en avaler quelques-unes.
- C'est comment ? Me demande-t-il.
Je lui lance alors quelques éclairs avec mon regard, histoire de bien lui faire comprendre que ses pâtisseries sont certes réussies, mais qu'il est hors de question que je puisse l'avouer en public.

M'en fous, la semaine prochaine, vaille que vaille, il trouvera cette fois-ci une rude concurrence en face de lui.

4 commentaires:

  1. Désolé pour le retard de mes articles, j'ai eu un petit coup de mou ces dernières semaines.
    Les choses devraient rentrer dans l'ordre petit à petit. ;)

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  2. Contente de te relire ! J'espère que tout va rentrer dans l'ordre pour toi...

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  3. Ooh Heureuse de te relire :D Oui moi aussi j'espère que ça va aller. Pendant un moment j'ai cru à un accident d'équitation... Et vu le début de ton article, j'y ai cru un bon moment !

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  4. Contente de te voir de retour ici!
    Et de nouveau pouvoir te lire!

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