vendredi 23 septembre 2011

Uchi Mata

22 septembre 2011

En équitation, c'est aussi la période des transferts. Et à l'instar de nos collègues footballeurs professionnels, celle-ci s'étend bien après le début de la saison officielle, faisant ainsi pleurer le gamin collecteur d'images Panini après que ce dernier ait constaté que la moitié de l'effectif de son équipe préférée à changé de visage en moins de six mois.
A l'issue de ce mercato estival, mon transfert est donc officialisé pour quitter le club du lundi soir afin d'aller rejoindre celui du jeudi à vingt-et-une heures. Avec une réelle pointe de regret à l'idée de quitter quelques collègues qui m'accompagnent ainsi depuis plus d'une année, mêlée toutefois d'un certain enthousiasme à l'approche de la découverte de nouvelles têtes et d'une toute nouvelle ambiance nocturne. Ajoutez à ceci une bonne pointe d'appréhension propre à l'élève qui change de classe en cours d'année, amplifiée par la quasi-obligation de faire bonne figure face à un public qui ne se privera sans doute pas de juger sur pièce le petit nouveau un peu impressionné à l'idée d'aller tâter de l'obstacle pour la première fois depuis longtemps.

Et ce soir, je suis verni, puisque mon gros nounours adoré m'est attribué pour cette séance ! Bon, certes Quick n'a pas bonne presse, et trimballe sur son dos des légendes plus pesantes qu'un judoka de catégorie +100kg. Et je me souviens encore des paroles de La Monitrice, alors que je paradais encore fièrement l'année dernière en présentant devant quelques cavalières mon bilan encore vierge de toute chute :
- C'est pas grave, on te mettra Quick au saut.
- Ah là, c'est sûr, Quick au saut, il va tomber...
N'empêche, si jamais l'affaire se passe bien, je ne vous raconte pas comment je vais me la péter ! Ceci dit, j'ai appris peu auparavant que Quick gardait cette bonne habitude de baisser brutalement la tête au point d'avoir fichu sa dernière cavalière par terre à deux reprises... Ambiance.

Mais je suis tout heureux de retrouver mon Groquick dans son box un peu sombre. Le début de l'automne est la plus belle période de l'année pour pratiquer les câlins. Les poils sont soyeux à souhait, juste la longueur qu'il faut avoir l'impression de caresser un chaton sans en mettre partout, et un petit coup de brosse douce suffit à donner un brillant à faire passer les montures pour des miroirs magiques. Et Blanche-Neige n'a qu'à bien se tenir, car au jeu de qui est la plus belle, il y a de la concurrence chez mes nouvelles camarades, au milieu desquelles je reste ici aussi l'unique représentant masculin.
C'est chouette, l'équitation.

Quelques tresses plus tard, nous nous retrouvons en piste sous les projecteurs, dont un est en panne plongeant ainsi un bon tiers de la carrière dans la pénombre et réduisant d'autant la surface exploitable.
A la détente, Quick reste fidèle à lui, à savoir lourd et un peu mou du genoux. J'essaye désespérément de lui injecter un peu d'impulsion dans les veines, mais j'ai le plus grand mal à le réveiller, tout en mettant en application la consigne absolue de ne pas lui laisser baisser sa tête.
Devant son manque de volonté évidente, je me décide à sortir la cravache histoire d'aller lui chatouiller un peu le séant. Mais au détour d'un coin, alors que je tiens fermement les rênes d'une seule main et la cravache de l'autre, Qiou profite de ma situation passablement instable pour envoyer son "spécial". Il baisse un bon coup son encolure tout en s'incurvant sur l'intérieur enroulant ainsi mon avant-bras par un magnifique mouvement d'épaule à montrer dans toutes les écoles de judo. Ma position trop en avant ne peut qu'accompagner ce coup parfait vers le sol sans que je ne puisse réagir le moins du monde.
Réception sur les deux épaules. Ippon. Magnifique.

Et Quick qui part manifester ostensiblement sa victoire du jour en sautant comme un cabri partout dans la carrière. Voilà qui n'est pas très courtois, jeune homme.

Beaux débuts... Le coq vient de rabattre sa fierté un bon coup, il reste les pieds dans le crottin mais prendra garde à l'avenir de ne pas chanter trop fort dans le poulailler.
Et là, outre la bonne portion d'amour propre laissée à même le sable de la carrière, je dois bien avouer que cette mésaventure me met modérément en confiance à l'idée d'aller attaquer les barres alors que j'entame à peine ma seconde reprise de la saison. Bon, les quelques tours de galop aux deux mains me permettront d'affiner ma position, de me redresser et de mieux contrôler la tête de la bestiole. Mais cette mésaventure aura eu au moins le mérite de réveiller le monstre, qui se montre enfin réceptif à mes sollicitations.

L'exercice du soir se compose ainsi : quelques barres au sol à aborder au trot avant un premier obstacle, puis demander le galop pour aller franchir quelques foulées plus loin une seconde barre, et ensuite bien garder la trajectoire avant de rejoindre la piste au fond de la carrière. Et c'est une grand première, j'éprouve cette fois-ci une réelle appréhension à me lancer, comme je n'en avais encore jamais connu auparavant. Pas vraiment une franche trouille, mais plutôt la crainte de me crisper dans l'exercice et d'oublier ainsi la moitié des fondamentaux permettant ainsi de passer les barres en toute sérénité. Mais bon, puisque je suis là, il faudra bien y passer à mon tour...

A l'approche des barres, pour l'instant toutes au sol, j'arrive tout de même à me décontracter avec mon petit grigri de langue. Présentation au petit trot, franchissement correct, départ au galop laborieux et trajectoire pourrie à l'issue, ce passage m'aura au moins permis de démystifier l'exercice. Parce-que penser à la mise en équilibre, rester à sa place, demander le galop, contrôler la tête du cheval et la trajectoire, cela fait vraiment beaucoup pour un cerveau passablement embrumé.

La première barre se mue en croisillon et chacun retourne à l’exercice, à un rythme relativement soutenu. Cette fois-ci, je m'efforce à rester droit sur la selle, et arrive à garder la trajectoire à l'issue, en faisant bien attention, encore et toujours, à ne pas lui laisser baisser la tête. Il y a donc du mieux, et je ne cache pas un certain soulagement, sans être totalement rassuré pour autant. D'autant plus que le second obstacle se mue en vertical pour corser la difficulté.
J'y retourne donc, pas plus rassuré que ça, mais à ma grande joie ce passage s'effectue dans une réelle fluidité, me semblant presque facile. J'y prendrais presque du plaisir, dites-donc ! Groquick mérite cette fois-ci une bonne caresse.
Un dernier passage, sans être parfait, avec des obstacles encore rehaussés finiront par me redonner réellement confiance, à tel point que je fus presque déçu d'entendre que la séance s'arrêtait là-dessus...

Retour à la case départ, gros câlins à Quick qui est tout beau tout doux et je quitte l'écurie bon dernier histoire de reprendre les bonnes habitudes.
J'en suis quitte pour confectionner un gâteau pour la semaine prochaine, mais j'ai bien pris soin de préciser, vilain comme je suis, que je ne savais pas les préparer, ça m’enlèvera une pression supplémentaire. La tête qu'elles vont faire quand elle vont me voir arriver avec mes macarons maison !

Plus que 96.

9 commentaires:

  1. J'espère que tu as gardé la même prof. Voilà que maintenant j'attends avec impatience ta nouvelle chronique, je me régale à chaque fois
    Muriel

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  2. "La Monitrice", encore et toujours. ^^

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  3. Hummm des macarons maison! =)
    Attends la suite avec impatience! =P

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  4. 1ère gamelle de l'année!
    Il en faut bien une pour bien commencer!

    Exercices d'obstacle bien sympa pour mettre en application la plupart des choses apprises à cheval!

    Et cette ambiance de cours? Aussi sympa que dans l'ancien groupe?

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  5. Oui, ça à l'air pas mal. J'en saurai un petit peu plus ce jeudi soir à l'issue de la distribution de gâteaux. ;)

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  6. Et là, c'est le drame. En recherchant la SUITE de cet article, l'horreur s'impose à moi : Il n'y a pas de SUITE. Il me faut, à mon grand damne, ATTENDRE, comme mes confrères lecteurs, la suite de tes péripéties !! ARRRGHHHHHHH .

    Ta faute, vais bouder dans un coin, NA !

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  7. Un an d'équitation seulement mais tu as le langage d'un pro! C'est pas plus mal de chuter dès le premier cours, au moins tu te mettras tout le monde dans la poche avec tes macarons la semaine prochaine ;)

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