mardi 13 septembre 2011

Il ne peut en rester qu'un

05 septembre 2011

Il est dix-neuf heures ce lundi de rentrée équestre. Il fait une belle douceur de soir de fin d'été, avec un agréable petit rayon de soleil. Je suis déjà en tenue, les sacs dans le coffre de la voiture prête à partir. Je ne cache pas une certaine impatience à reprendre mon activité favorite après un interminable mois de coupure. J'avais même déjà une petite idée en tête de ce je pourrais raconter à l'issue de cette soirée. Sur cette dualité que j'éprouve entre une certaine fierté de reprendre l'équitation avec cette fois-ci un un peu de bagage associée à une petite pointe de nostalgie à l'idée de quitter le statut de débutant Galop Zéro, certes un peu timide, mais souvent choyé par les plus anciens et bénéficiant de toute la bienveillance et la mansuétude des monitrices d'équitation.

Et puis d'un coup, d'un seul, au moment de prendre congé de Madame, c'est la cata.
- Daniel !!! Il faut que tu partes en urgence chercher du ciment et du sable pour le chantier, il ne reste plus rien à l'ouvrier pour bosser demain !
Gros coup de colère, puis résignation, déprime, et enfin acceptation. Mon grand retour à l'équitation est donc reporté d'une semaine. Surtout que j'ai appris par la suite qu'il m'était attribué mon gros nounours préféré, le toujours redouté Quick-du-Bois... Védéhème.

§

12 septembre 2011

Aucun imprévu ne viendra cette fois-ci troubler mes retrouvailles avec la divine senteur du crottin. Je vous l'assure, après une longue période d'abstinence, on se rend compte que l'odeur du crottin a quelque-chose de particulièrement envoûtant pour le féru d'équitation.
Même la pluie, qui était pourtant annoncée par les services de la météorologie aléatoire, cédera comme à l'accoutumée sa place à quelques rayons de soleil bienvenus.
Tout juste arrivé sur place, je prends une pause, laisse tomber mes sacs par terre et respire un bon coup, savourant pleinement cet instant tant attendu. Plus loin, je salue Natie qui est déjà là, encore toute désappointée de mon absence de la semaine dernière. Un seul être vous manque...

Une fois les échanges des derniers potins effectués, il est temps d'aller prendre connaissance de ma monture du jour, avec une ferme certitude de me voir attribuer mon Grôquick. D'ailleurs, je ne cherche pas mon nom dans la liste, mais regarde directement dans la ligne Quick si j'y trouve mon blaze. Gagné ! Sauf que...
Sauf que juste à côté, une petite double flèche indique un changement de monture avec celle située juste en dessous. Et à ma grande surprise, il s'agit de Rosire. Un bébé de six ans qui était jusque-là exclusivement réservé aux cavaliers de galops supérieurs et que nous ne touchions donc qu'avec les yeux. C'est une sacrée promotion que voilà ! Surtout qu'il s'agit d'un cheval unanimement apprécié par tous ceux et celles qui ont eu le privilège d'y asseoir leur séant.

Je pars donc à sa recherche dans la grande écurie, les chevaux ayant depuis peu regagnés les boxes, mais de façon quelque peu désordonnée, les chevaux étant parfois dispersés dans des emplacements ne portant pas leurs noms. C'est parfois le bazar pour s'y retrouver, ceux ne connaissant pas encore finement la cavalerie devant passer par mes bons tuyaux pour retrouver leurs montures au milieu des bottes de foins. Rosire ne fait pas exception, je le retrouve tout au fond dans un box initialement réservé à deux poneys de propriétaire. Mais je le reconnaitrais entre mille autres chevaux bais. Il possède sur le chanfrein une marque blanche en forme de voile de bateau gonflée par les alizés, comme une sorte d'invitation au voyage au moment de monter en selle. Tout un programme.

Dans le box, il est tout beau, tout propre, le poil brillant comme s'il revenait d'une séance de pansage effectuée par un cavalier consciencieux. Il a par ailleurs le poil rare, peu de toupet, une longueur de crin ne permettant pas vraiment de fantaisies capillaires à l'instar d'un akhal-téké. Je peine à trouver trois bouts crins pour lui confectionner une tresse de queue qui tienne la route.

Bref, bien content de parader aux côtés de ma nouvelle monture d'élite, je rejoins hors de l'écurie mes collègues qui attendent déjà leur tour d'entrer en piste. Je reconnais un certain nombre des visages familiers qui m'ont accompagnés durant toute l'année dernière, avec la confirmation que La Monitrice animera nos cours cette année encore pour notre plus grand bonheur.
Se rajoutent quelques nouvelles collègues dont j'ai déjà pu faire en partie connaissance à l'intérieur de l'écurie, et d'autres avec lesquelles j'aurais sans doute l'occasion de taper la discut' plus tard.

En carrière, bien que je sente que la bête ait envie d'aller se dégourdir les pattes, Rosire reste parfaitement immobile au montoir. Une fois en route, au pas comme au trot, j'enchaîne les figures de manèges, voltes, demi-voltes, doublés, changements d'allure et cercles, histoire de prendre connaissance du pédigrée de l'engin. Et c'est loin d'être un cheval effrayant, la direction étant un jeu d'enfant. Je le trouve par contre assez peu réactif à la jambe, mais mes dernières aventures équestres chez Klem sur des chevaux particulièrement fins biaisent sans doute mon jugement. Il faut tout de même injecter régulièrement un peu d'impulsion sous peine de voir l'allure ralentir, surtout à main gauche où je le trouve nettement moins volontaire.
A toutes les allures, il est d'un confort remarquable, on peut allégrement trotter assis sans faire décoller le granomètre et galoper en prenant le thé sans faire tomber la petite cuiller en argent. Je lui accorde donc un triple A.

Au programme du soir, travail sur les départs du trot au galop dans la diagonale. Un premier passage laborieux le temps de me dérouiller la tête et les jambes, un peu mieux par la suite. La Mono a titre d'exemple emprunte alors Hidalgo pour illustrer les effets des aides et leurs conséquences dans leurs utilisations, bonnes comme mauvaises.
- Par exemple, si vous ne vous asseyez pas dans votre selle et restez au trot enlevé, votre cheval ne partira pas au galop !
Bien entendu, à cet instant précis, Hidalgo prend justement le galop...
- Alors, nous sommes d'accord, il n'a pas pris la galop, vous n'avez rien vu et il est resté au trot, hein !
Mais bien sûr !

Alors que s'approche la fin de reprise, vient enfin mon heure de gloire. La Monitrice profite que nous soyons tous réunis autour d'elle pour me présenter aux nouvelles cavalières de la reprise qui n'ont donc pu faire ma connaissance la semaine dernière. Puisque cette année, j'affiche une caractéristique remarquable sur la douzaine de cavaliers présents dans la reprise : je reste la seule entité mâle survivante au passage de l'été. Et ce, au grand dam de La Mono qui pouvait compter à la même époque de l'année dernière sur le taux assez inouï de cinquante-pour-cent de bonshommes.

C'est donc officiel. En horoscope équestre, c'est l'année du coq.

3 commentaires:

  1. Ravie de lire cette rentrée dans la "basse cour" équine ! ;) C'est parti pour de nouvelles aventures ! :D

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  2. Quel plaisir de retrouver tes comptes rendus hebdomadaire!!!

    Te voilà maintenant avec le privilège de monter des chevaux "réservé à l'élite"!

    Je te souhaite pleins de belles choses pour cette nouvelle année équestre!

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  3. Bonne rentrée ! Pour le départ au galop, je l'ai parfois travaillé en partant du trot en équilibre...
    Avec 12 cavaliers, la mono ne va pas s'ennuyer !
    En tout cas, comme les copines, suis très contente de retrouver tes récits toujours remplis d'un peu de piment.

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