jeudi 11 août 2011

Un peu plus près des étoiles


Août 2011

La preuve de l’existence du Paradis, c’est que personne n’y soit jamais revenu.
Enfin, jusqu’à aujourd’hui.
Et pourtant, il y a bien longtemps que je ne crois plus à toute espèce de vie après la mort, tant matérielle que spirituelle. L'enfer, le paradis, le purgatoire, je laisse ces croyances à tous ceux et celles qui ont la vanité de penser que leur existence a trop de valeur pour la voir s’achever un jour
A titre personnel, et après m’être longuement posé une question que l’humanité semble ne pas supporter rester sans réponse,  je ne m’attends à rien d’autre de bien différent que ce que j’ai pu connaître avant la naissance.  Le paradis, c’est une belle utopie, mais je crains fort qu’il ne soit pas de ce monde.

Toutefois, cette nuit-là, quand j’ai ouvert les yeux sous la toile de tente perdue sous un ciel étoilée que j’ai trop rarement la chance de pouvoir admirer, une bonne partie de mes convictions ont commencé à vaciller.
Cela s’est d’abord matérialisé par une sonorité grave et cadencée, d’abord lointaine, puis se rapprochant rapidement à l’instar d’un train circulant sur une voie de chemin de fer voisine. Après que ce murmure se soit suffisamment rapproché, il est devenu alors aisé de deviner la plus flatteuse des sonorités qu’un cavalier puisse entendre : une multitude de sabots frappant le sol avec un entrain communicatif laissant imaginer plusieurs chevaux lancés dans un galop énergique.
Deux ou trois passages de ce rythme endiablé suffisent à apaiser toute tension et plonger n’importe qu’elle âme cavalière dans la plus profonde des sérénités.

Le lendemain matin, bercé successivement par les chants des chouettes, des coqs, des corbeaux, des tourterelles et des hirondelles, et après un réveil où la confusion entre rêve et réalité ne cessait d’embrouiller mon esprit, le doute n’était plus permis : quel que soit l’endroit vers lequel je dirigeais mon regard, s’étalaient poneys et chevaux à perte de vue. Je venais de quitter un monde pour renaître dans un autre pour mon plus grand bonheur, sans réellement comprendre par quel chemin j’étais arrivé là. Enfin si, par l’autoroute A11, mais présenté ainsi, c’est tout de suite beaucoup moins glamour.

Nous sommes bien entendus aller rendre visite aux hôtes des prés, nous demandant ainsi quel accueil nous serait réservé par l’ensemble de la population équine. Venus de toute part, quelques soient les prés, chevaux, poneys, poulinières ou poulains venaient à notre rencontre avec joie et bonne humeur, nous offrant toute latitude pour nous permettre de les câliner avec enthousiasme, y compris aux visiteurs les plus timorés, et allant même jusqu’à nous proposer de partager leur pitance, offre à laquelle nous furent honorés mais que nous finirons par poliment refuser.

Ici, pas un seul cheval vilain. Tous sont d’abord agréable, d’un mental irréprochable, parfois joueurs mais jamais vicieux, allant même jusqu’à user de leurs pouvoirs de séduction sur des visiteurs à priori imperméables aux charmes de ce genre de bestioles. Même Madame s’est laissé envoûté, allant jusqu’à se demander si elle n’allait pas finalement repartir avec Mercredi sous le bras.
Ceux qui ne connaissent pas Mercredi auront tendance à le confondre avec un simple shetland. Mais Mercredi, c’est un peu plus que ça. C’est l’ami des enfants, à la fois leur confident, leur doudou, leur poupée et leur ami, c’est le poney dont le principal travail consiste à être simplement gentil, ce dont il se charge avec un talent inégalé. C’est le poney qui ne fait pleurer les enfants qu’une seule fois, au moment où il s’agit de lui dire au revoir.

Les autres habitants des prés ne sont pas en reste. J’ai eu la chance et l’honneur de monter des chevaux et poneys admirablement dressés, Pollen, Tip-Top, Amigo et la grande Yéléna, qui m’ont permis de découvrir une nouvelle facette de l’équitation à laquelle je n’étais pas tout à fait préparé, une équitation faite de légèreté, de murmures et d’économie du geste. Une équitation d’une grande finesse qui a certes nécessité une sérieuse mise à niveau, mais qui a eu pour mérite de me donner l’impression de progresser à grand pas vers cette une équitation empreinte de subtilité et de communication entre cavalier et monture.

Même si les caprices du temps n’ont pas permis les grandes balades que nous aurions espérées, les joies des balades entre amis et du petit galop dans les champs fraîchement moissonnés auront suffit à combler de joie le simple cavalier que je suis. Et au moment de me réveiller ce dernier matin dans mon propre lit, j’ai pu constater avec un réel bonheur que je n’avais toujours pas effectué le voyage de vie à trépas.

Le Paradis, c’est chez Klem, dépêchez-vous d’en profiter pendant que vous êtes encore vivant. :)

6 commentaires:

  1. Très joli! Encore de très beau texte et un récit conté avec humour et émotion. Tout de suite on s’imagine Mercredi et tout les autres chevaux! =)
    Très belle histoire, continu comme ça! =P

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  2. Tu as vraiment une magnifique plume! D'ailleurs félicitations pour la sortie de ton livre, que je pense commander rapidement!
    Tes vacances m'ont effectivement tout l'air dans petit coin de paradis, j'espère que tu les as pleinement savourées! :)

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  3. Oui, mais je suis grandement impatient d'être à lundi prochain ! ^^

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  4. Très beau texte...
    Il m'a rempli d'émotion!

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  5. Merci ! ^^

    La rentrée équestre était prévue pour ce lundi. Une urgence de dernière minute a repoussé cette rentrée à lundi prochain...

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  6. Ah mince... Là, je suis vraiment déçu... :(

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