mardi 5 avril 2011

Duel de grenouilles

4 avril 2011

Les vacances, c'est nul. Pour n'importe qui d'autres, elles sont synonymes de repos bien mérité, l'occasion de souffler un peu dans une vie professionnelle ou scolaire harassante, de se poser sur sa chaise longue avec un bon bouquin, de rattraper des épisodes en retard de Dr House et plus simplement de ne rien faire du tout. Lézarder dans le paradis de la couette, y renverser son café et laisser la tâche sécher quelques jours, tant pis si ça s'incruste, la lessive attendra.
Mais les vacances, cela signifie aussi ne plus monter pendant deux ou trois semaines d'affilée, cogiter inlassablement les principes de l'incurvation et de la jambe d'appui, de la science de la mise en équilibre aux abords de l'obstacle ou de la tenue en selle au trot sans étriers. Le temps prend alors des proportion démesurée à semble s'étirer à l'infini prenant ainsi un malin plaisir à nous faire languir cruellement.
La bonne nouvelle, c'est que la reprise précédant les vacances est généralement placée sous le signe des jeux, l'occasion de passer quelques moments de franche rigolade et de bonne humeur. Et cette séance ne fera pas exception.

Auparavant, je prends en compte l'éternelle Mowara qui me semble définitivement attribuée. Harassée par les multiples tours de CSO de la veille, elle a passée la nuit et une partie de la journée affalée dans son crottin et semble en tenir une certaine fierté. Comme une façon de me dire que pour profiter de son dos il va falloir le mériter et travailler un poil.

C'est parti pour la détente où je m'applique à mettre en œuvre les grands principes de l'incurvation rappelés la semaine précédente. Non pas que ça me fasse tellement plaisir, mais en bonne petite peste que je suis, il est important de savoir jouer les fayots devant La Monitrice.
Bref, un peu de travail sur les transitions, deux petits tours de galop, je remonte les étriers qui m'agacent définitivement ce soir, et les festivités commencent.

Comme à l'accoutumée, nous débutons les jeux par un relais aux quatre coins toujours sympathique. Mais avec quelques petites nuances intéressantes... Les cavaliers ne devront plus se contenter de galoper bêtement le long du pare-bottes, mais devront à l'issue du tour mettre pied à terre et en boucler un second en courant à côté de leur monture. Et le cavalier suivant ne pourra partir qu'une fois le précédent remis en selle...
Je pars donc en second relai, effectue mes petits tours, et, légèrement essoufflé par ma course à pied, remonte vaillamment sur la Mô en constatant que cette dernière a pris un bon centimètre de plus au garrot.
En dépit de nos efforts, notre équipe perd cette première manche. Nous changeons de main pour la seconde, et La Mono pimente le jeu en demandant de courir sur la première longueur en levant les genoux, et sur la seconde en collant les talons aux fesses.
Nous nous exécutons, je parcours donc mes deux petits tours, et remonte sur Mowara en constatant que celle-ci à grandi de trois centimètres supplémentaires. Certains commencent à transpirer...
Nous remportons cette seconde manche avec une certaine satisfaction, qui retombe aussi vite qu'un soufflet au grand plaisir de La Monitrice :
- Ah mais puisque vous avez égalisé à une manche partout, vous avez droit à une belle. Mais cette fois-ci, sur le retour, je vous demanderai de faire la grenouille, en mettant bien les mains par terre et en faisant des jolis petits bonds !
Oh, mais comment qu'elle est perverse La Mono... Inutile de préciser que nous avions tous l'air parfaitement idiot dans cet exercice.
Et pendant ce temps-là, la fille de Natie filme consciencieusement la scène...
Je finis de faire ma grenouille et peine quelque peu à remonter sur la Mô qui a pris dans l'intervalle dix centimètres de plus au garrot. Quel est ce prodige ?

Les équipes s'en tirent à peu près à égalité, à tel point que nous craignions de repartir pour une quatrième manche !
Mais non, une fois que tout le monde se soit remis en selle de façon plus ou moins laborieuse, nous sommes invités à organiser une petite partie d'Éperviers toujours appréciée.
Niko, monté sur son redoutable Esparade, fera le premier chasseur. Et à la première sortie, les choses s'établissent de façon claire : il a décidé de me cibler en priorité. Je profite toutefois du bazar ambiant pour me faufiler entre les chevaux et atteindre l'autre côté sans coup férir. Mais je sais dorénavant à quoi m'en tenir. Cette affaire ne concerne plus personne d'autre, cela se jouera entre lui et moi.
Lui d'un côté, moi de l'autre, un silence pesant s'abat soudainement sur le centre équestre. A peine une saute de vent viendra troubler l'air ambiant, soulevant quelques volutes de poussière et divers brins de paille au milieu de l’arène. A cet instant précis, nous aurions pu entendre quelques notes d'harmonica sans ce que ce ne vienne troubler le tableau.
- Sortez !
Je fais démarrer la jument et croise ma trajectoire avec les autres cavaliers pour brouiller le pistes. Mais le Niko est malin, il se débrouille pour anticiper la manœuvre et vient de boucher le chemin, me forçant ainsi à faire demi-tour. Je tente de forcer l'allure, mais je sens Esparade me rattraper par la droite et venir me coller contre le pare-bottes, me bouchant ainsi toute échappatoire. Je sors alors mon gri-gri, mon "spécial", ma botte secrète. Je place un grand coup de frein, laissant ainsi Niko me dépasser, plie la Mô en deux pour la faire repartir dans l'autre sens (vive l'incurvation) et profite de l'inertie d'Esparade pour rejoindre la maison à vive allure sain et sauf .
Prends en de la graine, Petit Scarabée...
Je me redresse fièrement, et observe ainsi mon vis-à-vis d'un air hautain. Avec son flegme habituel, Niko ne semble pas s'en laisser compter et filtre soigneusement le moindre signe de frustration. Il tient les nerfs, le gaillard.
A la sortie suivante, il n'est pas non plus question de rejoindre l'autre rive en ligne droite, je me retrouve une fois encore à repartir dans l'autre sens. Niko sait parfaitement bloquer les issues et me coince une fois de plus contre le pare-bottes. Mais ne fait plus l'erreur cette fois-ci de se lancer dans un galop inarrêtable. Je me rapproche inéluctablement du coin où tout espoir de fuite semble perdu... Mais au dernier moment, je fais retourner la jument, évite acrobatiquement la touche de Niko en me penchant sur le côté, et lance la Mô au galop m'accrochant à la crinière et lui soufflant de multiples encouragements. Une fois encore, le duel semble tourner à mon avantage, il ne reste plus que quelques mètres avant de rejoindre le pare-bottes salvateurs, hihi.
Mais Esparade a de la ressource. Il place une accélération stupéfiante dont lui seul a le secret, et alors qu'il ne me restait qu'un petit mètre à parcourir pour rejoindre la terre promise, je vois Niko venir placer la fine silhouette du grand bai juste sous mon nez avec un rare maestria. Respect...

A l'issue de cette passe d'arme mémorable, nous terminons le jeu en finissant d'attraper les derniers récalcitrants et mettons fin à cette reprise qui s'est déroulée dans une ambiance parfaite. Un vrai bon moment de convivialité.
Nous rentrons nos bestiaux dans leurs boxes respectifs et sommes conviés par Niko à le rejoindre dans le bureau enterrer sa dernière chute avec la collation de rigueur. Une fois de plus, j'arrive bon dernier dans le local ou mes collègues, les traits passablement tirés, sont avachis sur les rares places assises disponibles. Je prends alors mon air le plus détaché :
- Ben alors ? Ne me dites pas que vous êtes fatigués ?
- Wouah, l'autre, comment il se la pète !
Passé la plaisanterie, j'ose chiper un cookie dans le tas disposé sur l'assiette.
Et là, c'est le choc.
Ils sont super bons. Gouteux, tendre et moelleux, avec juste ce qu'il faut de pépites de chocolat, probablement parmi les meilleurs que je n'ai jamais goûtés.
- Kicéki les a fait ?
- Ben, c'est moi ! me répond fièrement Niko.

Il m'énerve, mais il m'énerve...

4 commentaires:

  1. Une délectation cet article!! J'ai pris un grand plaisir à le lire... Un intrigue palpitante, de l'humour, je dirais même du GRAND Humour!! =)
    Cependant, pour ma part, vacances signifie que je vais enfin pouvoir être près de mes poneys pendant plus d'une journée et demie. Que je vais pouvoir les travailler plus régulièrement, et surtout avoir envie de me lever le matin pour profiter de ces deux zozios!
    Bonne journée! ^^

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  2. :D
    Encore un article digne de ce nom!
    Ce duel, il m'a tenue jusqu'au bout!!!

    Allez, bonne vacances et bon reposs.

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  3. La mono a quand même l'air d'avoir un côté sadique assez poussé, non ? ;-))
    Quant aux cookies, est-ce que par hasard Niko aurait poussé sa gentillesse en en donnant la recette ?
    En tout cas, bonnes vacances équestres !

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  4. LA GRENOUILLE LA GRENOUILLE ! Hilarant, vraiment.

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