mardi 7 décembre 2010

Un boyau de vide sur la diagonale

6 décembre 2010

J'innove encore ce soir ! Après Tartuffe la semaine dernière, je pars à la découverte d'un autre vieux clou du club nommé Don Nuevo, un hongre bai que je n'avais pas beaucoup remarqué jusque-là.
L'abord d'un nouveau cheval est toujours un moment particulier. Est-il curieux, câlin, ou plutôt rétif et indifférent, chaque bestiole révèle son lot de surprise que je suis toujours impatient de découvrir. :)

Une fois rentré dans le box, je suis immédiatement saisi par la beauté de la bête. Un corps fin et bien dessiné, un dos droit, un garrot saillant qui semble trahir quelques années, un poil court et luisant, Don Nuevo est un cheval de bonne taille qui soigne consciencieusement son apparence. :)
Je suis de suite sous le charme et lui adresse mon bonjour avec beaucoup de tendresse et de trémolos dégoulinant.

Mais Monsieur n'en a que faire. Il a la tête dans la mangeoire à avaler ses granulés sans autre considération de ce qui puisse se passer par ailleurs. Il passerait un TGV dans son box qu'il n'en bougerait pas d'un cil...
J'en déduis qu'il revient d'un reprise précédente, ce qui explique son repas tardif et sa tenue soignée, le cavalier précédent ayant manifestement fait du bon boulot de pansage.
Je me rapproche tout de même de ses oreilles, et lui adresse un autre bonjour avec force assistance, histoire de lui faire remarquer ma présence et lui signifier que nous allons passer ensemble quelques moments que j'espère agréables pour tous les deux.
Mais Môssieur daigne à peine lever un sourcil. :/
- Tu vois pas que je suis en train de grailler ? Me dit-il d'un air agacé.
- Hé, ho, je viens juste dire bonjour, c'est la moindre des choses, surtout qu'on ne se connait pas vraiment.
- Ouais, ben, le repas, c'est sacré. T'aimerais pas qu'on te casse les pieds pendant le tien, n'est-ce pas ?
- Certes... Je peux quand même passer un coup de brosse ?
- Je ne suis pas assez propre comme ça ???
- Euh, si... Mais c'est juste pour le plaisir...
- Ecoute, fais ce que tu veux, mais tu me laisses bouffer.

Je vois, Monsieur a ses priorités. La bouffe d'abord plutôt que les câlins, c'est bien un mec lui aussi...

Je panse tout de même par principe, le temps que Boyau-de-Vide finisse son assiette et que l'on reparte sur de bonnes bases.
Mais peine perdue, une fois la mangeoire proprement vidée, la bestiole décide d'explorer consciencieusement le sol histoire de ramasser les quelques granulés tombés par terre qu'il serait dommage de laisser trainer. J'en profite pour curer les pieds vite fait, le cavalier précédent ayant réalisé un excellent travail avec des sabots dans un état de propreté comme je n'en avais jamais vu auparavant. Chapeau. :)

Je lui bricole tant bien que mal sur la crinière mes cinq nattes devenues traditionnelles. Cela n'a rien d'évident, il fait relativement sombre dans le box et Môssieur refuse de décoller son museau de la paille.
- T'as pas assez bouffé toi ?
- Non.

Equipement de la bête, et direction l'entrée du manège où la reprise précédente touche à sa fin. Les cavalières en piste franchissent une dernière fois un oxer placé au milieu du carré de sable, quand la monture de l'une d'entre elles refuse l'obstacle, faisant ainsi passer sa conductrice par delà ses oreilles.
Mais cette dernière réussit avec maestria à atterrir entre les barres, sans toucher ni l'une ni l'autre ou presque. Ceci étant bien entendu parfaitement contrôlé, la grande classe. :)

Bref, c'est notre tour.

Détente, puis trot assis, et quelques tours au galop pour se mettre en jambe. Suite à la remarque sur ma posture la semaine dernière, je fais particulièrement attention à bien accompagner le mouvement avec le bassin, et les sensations sont ainsi bien meilleures. Déjà un bon point ! On commence enfin à prendre du plaisir avec la bête, cette dernière semblant bien apprécier de se dégourdir ainsi les jambes.
D'autant qu'elle se conduit avec une certaine légèreté, précise dans la direction, mais des allures à maintenir tout de même avec les jambes sans avoir cependant à trop forcer.

Ce soir, nous reprenons là où nous en étions la semaine dernière, à savoir placer ses aides pour demander un départ au galop dans les règles. Mais l'exercice se corse : il ne s'agit plus de partir sagement sur la piste, mais de s'extraire d'un cercle, partir au trot, et aller chercher une diagonale avant de demander le galop en son milieu et y rejoindre la piste.
Je me lance dans les premiers, et Don Nuevo me surprend en partant dès l'esquisse de placement des aides. Je fais ainsi mon petit tour tranquille avant de rejoindre les autres dans le cercle. Et il arrive ce que je craignais : les cavaliers s'en extraient à un rythme désespérément lent...
Etant décidé à ne pas passer la seconde partie de la reprise à tourner en rond, je me relance pour un autre tour. Et à peine sur la diagonale, sans que je n'ai lui ai demandé quoique ce soit, Boyau-de-Vide part d'un coup à un galop généreux, allant à peu près n'importe où sans que je ne contrôle quoique ce soit...
Un troisième essai confirmera la tendance de la bête à s'emballer et au cavalier que je suis à paniquer. Ouch...
Je rejoins le cercle pour constater qu'au fur et à mesure que les chevaux passent, l'exercice se transforme en grand n'importe quoi.


La Monitrice interrompt alors la partie et nous demande de venir nous voir.
Et ça, ce n'est jamais bon...
S'ensuit une soufflante bien méritée, en particulier sur le respect de la diagonale qui se fait couper quasi-systématiquement.
Bon, nous allons essayer de nous appliquer, nous n'aimerions pas passer le reste de la reprise à travailler les diagonales...

Sur ce, j'y retourne, mais pour le même résultat pitoyable : Don Nuevo m'embarque dès la sortie du cercle et manque ainsi de me foutre par terre. La Monitrice m'interpelle d'un ton rassurant :
- Ce n'est pas tout à fait de ta faute, il commence à chauffer. Retournes-y, mais fais le partir au pas, car ça commence à lui monter à la tête...

J'obéis scrupuleusement, ce qui me permet de finir sur une note à peu près propre sans que ce ne soit pour autant parfait.
Il y a encore du boulot.
Plein.

Je ramène la bête au box, et à peine ai-je eu le temps de remettre son matériel à la sellerie que je retrouve Boyau-de-Vide le nez dans la litière à avaler goulûment quelques brins de paille.
Il soulève un sourcil.
- Tiens, t'es encore là ? me dit-il.
- Bah oui, je n'ai pas l'habitude de laisser mes montures sans un minimum de soins après les reprises.
- Pfffffffffff... 'Peut vraiment pas être tranquille...

Je brosse tout de même par acquit de conscience, jusqu'au moment où la bête soulève net sa tête et se met à renifler mon pantalon.
- Toi, t'as mis des friandises dans ton falzar !
- Ouais, j'en ai quelques unes dans ma poche, mais patience, c'est pour la fin, juste avant de partir, histoire de dire au revoir.
- T'as qu'à donner tout de suite et ficher le camp. :)
- Hé, ho, laisse-moi au moins le plaisir du pansage, tu pourrais tout de même faire semblant d'apprécier !
- Mouais... Bon, tu te magnes ?

Je finis le boulot, remballe le matériel et ferme le box. Boyau-de-Vide sort alors sa tête et me regarde d'un air que je pourrais prendre pour une velléité de tendresse.
- Alors, Don Nuevo, tu veux bien me faire un petit câlin ?
- Pas du tout. Je m'assure qu'il ne te reste pas un truc à grignoter.

Pfff, saleté. :D

3 commentaires:

  1. J'adore votre blog ! Je m'empresse tous les mardis de venir lire vos aventures, c'est tellement bien écrit !!
    Bon courage pour vos leçons d'équitation :)

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  2. Hé oui, les chevaux sont comme les gens : ils ne sont pas tous très sympas !

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  3. Je suis un homme faible, je ne lui en veux même pas !
    Malgré tout, je les aime tous ces dadous, ils ont toujours quelque chose de différent à m'apprendre.

    Quitte à ce qu'ils m'apprennent qu'ils peuvent être un peu c*ns eux aussi ! :P


    @Marie : merci pour ce commentaire sympa. ;)

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